« Colères » est la dernière trace discographique annoncée pour No One Is Innocent. Voilà une belle synthèse de trois décennies à éveiller les consciences à grands renforts de pavés sans concession.
Avec « Ennemis », leur dixième album uppercut sorti fin 2021, No One Is Innocent avait mis tout le monde d’accord. Malheureusement, début 2022, la formation parisienne dut faire face à des accusations d’agression sexuelle portées par une femme à l’encontre du chanteur « Kemar ». Dans la tourmente, après le report voire les annulations des concerts déjà programmés, le quintet éclata quelque temps plus tard avec les départs des deux guitaristes et du batteur. Finalement, après de longs mois d’enquête, la plainte déposée fut classée sans suite par manque de preuve.
Cet ouragan passé, fort des arrivées récentes de nouveaux membres, [no one is innocent] a repris les gigs (plusieurs dates calées jusqu’en 2025 dont notamment la Cigale en mars). Cela étant, ces « évènements » ont assurément laissés des séquelles et le combo va raccrocher les gants définitivement. Avant de quitter le game, NOII nous livre un dernier effort sous forme de Best Of. Baptisée « Colères », cette compilation est autant un baroud d'honneur que la célébration des trente ans « de lutte » et d’existence du groupe.
Cet ultime méfait est proposé en différentes versions (dix, dix-sept et jusqu’à vingt-trois titres selon le format). Tous les disques studios sont représentés à l’exception de « Drugstore » qui reste leur opus le moins marquant. Outre la filiation évidente avec Rage Against The Machine ('La Peau', 'They Learn Your Love', 'Silencio'), que de morceaux coups de poings, courts et directs, alliant metal fusion, heavy rock ('Ali (King of the Ring')), indus ('Frankenstein'), punk ('What the Fuck') et même des accents électro plus ou moins prononcés parfois ('Kids Are On The Run', 'Revolution.com'). Et puis, « No One » ce sont aussi des textes engagés et enragés, ancrés dans la réalité de leurs époques, dénonçant les violences policières ('Forces du Désordre') et la haine raciale ('Dobermann'), ou traitant de thèmes politiques et sociétaux ('Charlie', 'Djihad Propaganda').
Capté à La Cigale seulement deux semaines après les attentats en France du 13 novembre 2015, le sk(e)ud en public « Barricades Live » n’a pas été oublié ('Nomenklatura', 'Chile', 'Discours Charlie Hebdo'). Pour compléter l’ensemble connu, on a le droit à cinq inédits. En plus de deux nouvelles compos où « Kemar » et Cie s’attaquent aux Cybers harceleurs ('L’arrière-boutique du mal') et au « dérèglement politique » à venir ('Ils marchent'), trois morceaux revisités en collaboration avec les musiciens orientaux du Lahad Orchestra ont été ajoutés ('La Peau', 'Le Poison' et l’hymne à la liberté et la rébellion 'Massoud').
« Colères » est la dernière trace discographique annoncée pour No One Is Innocent. Voilà une belle synthèse de trois décennies à éveiller les consciences à grands renforts de pavés sans concession.