Créé au tout début des années 90 par le rappeur/producteur/acteur Ice T, Body Count est un groupe qui mélange aisément les influences rap/hip hop et metal auxquelles Ice T fut bercé en tant qu'étudiant, période au cours de laquelle il rencontra ses amis avec lesquels il a fondé ce groupe.
Fan de hip-hop et de groupes tels que Led Zeppelin, Black Sabbath ou encore Slayer (un de ses groupes préférés), Ice T avec Body Count reprend toutes ses influences et produit un bijou du ''rap metal'' en 1992 avec le très controversé ''Cop Killer'' qui deviendra rapidement, hélas, ''Body Count'' suite au trop violent et dénonciateur titre 'Cop Killer'.
Cinq albums plus tard, Body Count nous dévoile son 6ème opus en tachant d' enlever au groupe et au frontman légendaire cette image de gangster qui a pourtant fait sa réputation.
Traversant différentes périodes musicales avec son groupe, Ice T revient ici aux fondamentaux du Metal en l'agrémentant de sa touche rap personnelle et n' hésite pas à s'entourer des plus grands de la profession pour rendre son disque plus Metal que rap.
C'est sur cette dynamique que le line-up composé de Ernie C (guitare, back voice), Juan Garcia (guitare, back voice), Vincent Price (Basse, back voice), Ill Will (batterie) et Sean E Sean (Samples, back voice) n'hésite pas à confier les guitares de 'Civil War', 'No Lives Matter' et 'Black Hoodie' au légendaire et fondateur du groupe Megadeth, Dave Mustaine, et respectivement le chant de 'All Love Is Lost' et de 'Walk With Me ' à Max Cavalera (Sepultura, Soulfly, Cavalera Conspiracy) et Randy Blythe (Lamb Of God).
Bien que le charismatique fondateur de Body Count s'éloigne de son image de bad boy, ''Bloodlust'' revient aux origines en dénonçant toujours les problèmes des quartiers, de l'intégrations des minorités et des problèmes liés à la répression violente de la police auprès de cette population.
C'est ainsi que l'on retrouve les bruitages de violentes émeutes de quartiers que l'on croirait en guerre sur le lourd et lent 'This is why we ride' qui n'est pas sans rappelé l'excellent dénonciateur des méfaits de la drogue 'The winner loses' de l'album éponyme du groupe. On retrouve cette touche brutale et flippante de flingues que l'on décharge sur le titre clôturant la galette, le groovy 'black hoodie ' et sa basse impactante.
Globalement, vous l'aurez compris, ''Bloodlust'' est très Metal dès le départ avec le très heavy 'Civil war' qui ne cesse de monter en puissance au fil du déroulement de la piste pour nous emmener vers un passage très thrash crossover au rythme de batterie très soutenu accompagné de soli enivrants.
La voix d'Ice T est toujours aussi puissante et reconnaissable entre 1000 et son chant très précis et rappé de façon direct et efficace.
On retrouve la touche thrash crossover / hardcore régulièrement sur la galette avec les morceaux 'The ski mask way' dès l'intro bien que les riffs soients lourds et gras; l'ensemble du titre groove et reste dynamique, 'All love is lost' (ft Max Cavalera) a l'énergie fédératrice typiquement hardcore et son couplet chanté à la façon ''rage against the machine''. Le titre est guerrier et la participation de Max Cavalera ne fait qu'accentuer la touche agressive qui transpire tout au long des 3'37'' de la chanson. 'Walk with me' très puissant et brutal donne une sérieuse envie de casser la gueule de son voisin et déboulera sur une outro limite death.
Bien sûr en tant que grand fan de Slayer, Ice T et Body Count vont se faire plaisir et faire plaisir aux fans par la même occasion avec l'excellent reprise du doublé 'Reign In Blood / Postmortem'' . Les deux titres sont joués parfaitement avec une touche personnelle au groupe sur le solo final de ''Reign...'' et le chant de ''Postmortem'' .
Trois titres se démarquent de cet univers rap metal/thrash/hardcore; le flippant et psyché 'Here i go again' et son rythme binaire et volontairement répétitif le rendant très angoissant et surplombé de cette seconde voix un peu stridente et nasillarde rappelant fortement celle de la mère du narrateur de 'Voodoo' (''Body Count''). 'No lives matter' et sa mélodie exprimant le remords et la réprimande et enfin le titre éponyme 'Bloodlust' clairement plus rappé malgré son passage blasté avec solo à mi-parcours.
Un 6ème opus très attendu et largement au rendez-vous des attentes du public. Un Ice T plus qu'en forme malgré ses 60 berges comme quoi ''c'est dans les vieux pots que l'on fait la meilleure soupe...''. Le groupe est à la hauteur de ce qu'il a toujours su produire avec un retour au source indéniable musicalement parlant tout en s'éloignant de l'image du bad boy qui collait à la peau du frontman. A écouter rapidement.