A seulement trente-quatre ans, la multi-instrumentiste et vocaliste Seraina Telli a déjà plusieurs groupes à son actif : Rizon (2010-2014), Surrillum (2011-2017) et Burning Witches (2015–2019). Depuis son départ des « Sorcières en feu », elle mène en parallèle son projet Dead Venus (déjà 2 efforts au compteur) et sa carrière en solo sous son blase (là aussi deux opus sortis). En cette fin 2024, la suissesse nous livre « Black’n’White Sessions », un généreux (car double) troisième album.

Pour le premier disque, la native de Untersiggenthal (canton de Aargau) se réapproprie, en versions « acoustiques », quinze chansons extraites de ses dits premiers méfaits en solitaire (« Simple Talk » en 2022 et « Addicted to Color » de 2023). S’accompagnant à la gratte sèche ou au piano, l’artiste helvète propose des versions épurées de ses compositions. Ces traitements se font parfois tranquilles ('Dreamer'), doux ('My Way', le 'Comme d'habitude' de « Cloclo » François et popularisé « in english spoken » par Frank Sinatra), mélancoliques ('Not One of Your Kind') mais se révèlent aussi rafraîchissants et énergiques ('Black 'n' White', 'Addicted to Color', 'Wish You Well').

Au gré des titres, on trouve des influences jazz et soul ('I'm Not Sorry') ou des éléments pop ('Song for the Girls', 'Think'). Outre une facette plus intimiste de la frontwoman, on découvre par la même les nombreuses inspirations de la musicienne blonde (aux mèches/teintes bleues et vertes). Suivant les morceaux, celle-ci a ajouté ici quelques percussions, là des cordes subtiles ('Harder Way'), ailleurs une mandoline ou encore un orgue Hammond. Vocalement, les interprétations allient force et élégance ('Left Behind', le piano-voix 'Take Care' tout en émotion).

Pour la seconde galette, la belle présente la même tracklist et le même séquençage que la première rondelle mais cette fois ci en mode duos en compagnie d’une dizaine d’invités vocalistes. La tête pensante de l’affaire et ses guests mélangent et bousculent les genres et les univers. Les timbres graves de Britta Görtz (HiRaes) et de Chris Boltendahl (Grave Digger) se confrontent avec bonheur avec celui plus doux de Miss Telli (les respectifs 'Addicted to Color' et 'Wish You Well').

Le chant rugueux en allemand de Alexander Wohnhaas (Megaherz) permet un décalage réussi avec celui plus délicat et en anglais de Seraina ('Harder Way'). Autre contraste intéressant dans l’échange en deux langues ('Take Care') partagé avec l’espagnol Tete Novoa (Saratoga). Les vocaux rappés s’invitent ('Left Behind' avec Rapture Boy') au milieu de partenariats plus délicats ('I'm Not Sorry' avec Clémentine Delauney (Visions Of Atlantis), 'My Way' avec John Diva and the Rockets Of Love').

Entre revisites acoustiques et collaborations variées, ce « Black ’n’ White Sessions » apporte de nouvelles couleurs au matériel déjà connu de Seraina Telli. Un bien beau cadeau à se faire ou à offrir pour mettre au pied du sapin pour noël.