Report Zeal & Ardor à l'Olympia le 05/06/2022
Ophélie Griffin
Journaliste

«Un voyage dans l'univers unique de Zeal & Ardor »

Créé 11/06/2022
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Report by Hell Haine
Photos by Ophélie Griffin

Ce week-end dans certaines régions de France, le temps s’est déchainé déversant des trombes d’eau et autres orages de grêle dévastant par endroit la nature et les biens des habitants. A Paris, en ce dimanche soir, c’était une autre déflagration qui s’est abattue sur l’Olympia.
C’est certes un concert bien rangé, bien aligné auquel nous avons assisté. C’est en tout cas la configuration des 2 formations, où on retrouvait la batterie en arrière-plan, mais très présente musicalement. Et les chanteurs et musiciens alignés face public tel un mur, comme le mur du son qu’ils nous ont chacun envoyé à la gueule.

 Cela a commencé par Zeal & Ardor, l’ovni musical suisse qui joue de l’expérimental avant-garde black metal negro spiritual ou un truc du genre. Ce qu’il faut retenir c’est que c’est unique, c’est un univers bien à Manuel Gagneux, le fondateur du groupe et c’est très bon. Et un peu comme la tête d’affiche, tout est soigné. Le son bien réglé qui nous ferait presque enlever les bouchons d’oreilles (attention les bouchons d’oreilles c’est pas comme les antibiotiques, c’est automatique!). Le light show sophistiqué : les petites lumières redessinant les extrémités du logo en back drop sont du plus bel effet. Et les compos qui sonnent monstrueusement sur scène. Faut dire que pour passer avant Meshuggah, faut avoir de quoi proposer au public. Et il ne sera pas déçu. Si on a l’impression que le public regarde le début du concert assez religieusement comme s’il se demandait « quelle est cette chose ? », très rapidement la mayonnaise prend et les bousculades et autres pogos commencent à se former.
Le chanteur guitariste s’adresse au public, visiblement très heureux d’être là. Le groupe aussi est tout sourire. Et c’est avec le sourire qu’ils continuent de plus belle en balançant un ‘Death to the Holy’ massif. Le public est chaud et en rajoute avec des petits wall of death bien placés. J’avais un souvenir plus introspectif des tournées précédentes. Sur ce concert, que ce soit sur scène ou dans la fosse, tout le monde est déchaîné !
Le frontman présente ‘J-M-B’ comme « une chanson bizarre ». Et en effet, elle est bizarre dans le répertoire avec sa rythmique assez « claire » presque électro avec des gros sons bourrins et dépressifs.
La fin du concert se fait un peu plus difficile dans la mesure où ils enchaînent les petits problèmes techniques avec une pédale de batterie qui se fait la malle et des problèmes de guitares, ce qui les obligent à finir le set sur Baphomet….avec les guitares de Meshuggah, ce qui semble déclencher une certaine hilarité dans le groupe. Une fin flamboyante tout comme le reste du concert qui confirme que la formation est vraiment à part, complètement hypnotisante sur scène.

Set list
Inro
Church Burns
Götterdämmerung
Ship On Fire
Row Row
Blood In The River
Grave Digger’s Chant
Run
We Can’t Be Found
Trust No One
Deaht To The Holy
Don’t You Dare
Devil Is Fine
J-M-B
Feed The Machine
I Caught You
Baphomet

Changement rapide de plateau au son de reprises de Iron Maiden, System of A Down ou encore Pantera version Bontempi qui ont enthousiasmé le public qui chantait à tue-tête.
 Enfin le concert pour épileptique peut commencer !
Un intro dans l’obscurité le temps faire monter la pression si cela était encore nécessaire avant d’attaquer direct dans le dur avec l’intro de ‘Broken Cog’ du dernier album. On retrouve le groupe comme en ombre chinoise devant des panneaux rouge feu. Si les riffs balancés restent lourds, ce morceau semble presque « accessible » comparé à ce qui va suivre. Même s’il est inquiétant c’est un peu comme un tour de chauffe pour Meshuggah. Mais ça ne va pas durer longtemps, car la suite va s’annoncer destructrice !
Niveau public, ça part clairement en vrille dès ‘Rational Gaze’ et comme les morceaux, les mouvements de foule sont denses et compacts. Et Meshuggah alimente tout ce petit monde de leur mur du son. C’est extrêmement massif et les 2 ans de Covid n’ont pas altéré leur capacité à nous démonter la tête. C’est technique à un niveau chirurgical. Certains diront que c’est de la branlette de manche, d’autres diront que c’est mécanique et sans âme. Karadoc dira : c’est pas faux ! Reste que le show est là : sonore et visuel, tout y est. Un ami me dira du lighteux « c’est une pieuvre » car le monsieur joue à l’ancienne avec une aussi grande dextérité que les musiciens sur scène. La machine de guerre qu’est la batterie avec son pilote en la personne de Tomas Haake qui maîtrise la double de façon inhumaine soutenu par une basse tout aussi impressionnante assurant à eux deux, la colonne vertébrale du groupe à travers des ryhtmes complexes qui font aussi la spécificité du groupe.
Le tableau : In Death - is Life / In Death - is Death est complètement maîtrisé et jubilatoire.
La déferlante suédoise ne laisse que peut de répit à ceux qui ont payé pour se prendre une branlée et le frontmal Jens Kidman semble s’en réjouir.
La setlist navigue dans la discographie du groupe même si en terme de titres, on pourra se dire que ce n’est pas bien long, la longueur des morceaux compense largement.
Le set se termine par ‘Demiurge’ et un ‘Futur Breed Machine’ pachydermique qui nous feraient exploser la tête par la violence mais aussi les rythmes syncopés à nous perturber le rythme cardiaque.
C’était parfait, sans accrocs, millimétré, bref juste impressionnant !

Set List
Broken Cog
Light The Shortening Fuse
Rational Gaze
Pravus
The Hurt that Finds You First
Ligature Marks
Born In Dissonnance
In Death - is Life
In Death - is Death
Abysmal Eye
Straws Pulled At Random
Demiurge
Future Breed Machine