Report Hangman's Chair au Trabendo le 25/10/2022
Ophélie Griffin
Journaliste

«Hangman's Chair tisse une atmosphère magique au Trabendo et emporte le public grâce au pouvoir envoûtant de ses mélodies»

Créé 25/10/2022
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Live report by Enora Le Fustec
Photos by Ophélie Griffin

On s’en doutait depuis un moment mais le concert de ce soir au Trabendo est sold-out, une nouvelle plus que réjouissante quand on sait à quel point certaines salles peinent à se remplir malgré des programmations plus que convaincantes ! En cette fin du mois d’octobre, Garmonbozia Inc. nous offre donc une soirée des plus prometteuses avec Hangman’s Chair (Sludge/Stoner Metal, France) et Paradise Lost (Doom/Gothic Metal, Royaume-Uni). Les premiers viennent nous présenter « A Loner » (2022, Nuclear Blast) et les seconds ont enfin l’opportunité de défendre en live « Obsidian » (mai 2020, Nuclear Blast), dont on a déjà pu avoir un aperçu via le live-album « At The Mill » (janvier 2021, Nuclear Blast).

HANGMAN’S CHAIR

Bien que le Trabendo soit déjà bien rempli à l’arrivée sur scène des membres d’Hangman’s Chair, le public se fait plutôt discret, ce que l’on peut attribuer à son envie de se laisser porter par les mélodies entêtantes et les atmosphères magiques du groupe. Celui-ci entre d’ailleurs lentement, sous des lumières bleues qui donnent à la scène des airs de monde aquatique. Le set s’ouvre avec ‘An Ode to Breakdown’ qui permet aux fans de retrouver le jeu incarné si caractéristique du groupe. Le chanteur, Cédric Toufouti, est placé côté cour, un choix intéressant qui donne davantage d’espace aux autres musiciens et qui permet d’intégrer le batteur, Mehdi Birouk Thépegnier, à l’ensemble. La sensuelle ‘Cold & Distant’ le confirme : le son est très bon et permet de profiter de chaque instrument ainsi que des sons d’ambiance. Le chant est juste et puissant même si on remarque quelques faiblesses passagères sur la voix de tête. Après ces deux premiers titres issus de l’album « A Loner », voici ‘Who Wants to Die Old’ puis ‘Loner’ qui en sont également tirés. La fosse reste calme et profite de la transe que les rythmiques du groupe permettent.

Julien Chanut, à la guitare, et Clément Hanvic, à la basse, ont un jeu de scène démonstratif et n’hésitent pas à parcourir la scène et à changer de place pour engager le public. Leurs mimiques semblent cependant par moment trop agressives pour cadrer avec la musique atmosphérique qui résonne dans la salle. Le set se poursuit avec ‘Dripping Low’ de leur album de 2015, « This is Not Supposed to Be Positive », alors que les fans continuent à se laisser bercer, profitant parfois des pauses entre les morceaux pour applaudir cette performance qui ne sera entrecoupée d’aucune prise de parole. Hangman’s Chair a fait le choix de laisser parler sa musique et de proposer un enchaînement de titres qui nous maintient dans un état semi-conscient absolument délicieux. La conclusion se fait avec deux chansons de « Banlieue Triste » (2018) : ‘04/09/16’ et ‘Naive’ avant que les musiciens quittent la scène sans avoir prononcé un mot. Cette entrée en matière était équilibrée et maîtrisée, on en demanderait bien encore cinquante minutes mais il est déjà temps de passer à la suite du programme.

Setlist de Hangman’s Chair :
1. An Ode to Breakdown
2. Cold & Distant
3. Who Wants to Die Old
4. Loner
5. Dripping Low
6. 04/09/16
7. Naïve

PARADISE LOST

Après une pause bienvenue qui permet au Trabendo de reprendre ses esprits, Paradise Lost monte sur scène sous des acclamations bien plus bruyantes que celles réservées à Hangman’s Chair. Le public est au rendez-vous, la salle est pleine, la chaleur est intenable, et les visages affichent de grands sourires. Histoire de se mettre tout le monde dans la poche, le groupe débute par ‘Enchantment’, tiré de leur album de 1995, « Draconian Times ». Les guitaristes Greg Mackintosh et Aaron Aedy débordent d’énergie et agitent la tête sans répit, invitant la fosse à faire de même. Il est ensuite temps de commencer à découvrir ce que les morceaux d’« Obsidian » (2020) donnent en live avec ‘Forsaken’. Bien que le chanteur soit très statique et raide sur scène, sa performance vocale est en place. Il glisse un rapide : « Bonsoir Paris, we are Paradise Lost! Are we doing okay? It’s time for a song from “Medusa” called ‘Blood and Chaos’! » La fosse applaudit en rythme avant de se plonger dans ‘Faith Divides Us - Death Unites Us’.

Après quelques remerciements, Nick Holmes annonce « a song from our second album which we recorded in the early 18th century », ce qui fait bien évidement rire le public. Il poursuit : « It is ‘Eternal’ for the very old Death Metalheads among us tonight, including ourselves. » Toute la soirée sera émaillée de blagues de ce genre plus ou moins réussies mais qui ont le mérite de créer une certaine connivence entre les musiciens et les fans. Malgré tout, il semble bien que le seul intérêt de ce concert soit d’entendre les morceaux en live tant il ne se passe rien sur scène. Waltteri Väyrynen est derrière sa batterie, elle-même derrière un écran de plexiglas, Nick Holmes ne bouge pas tout comme le bassiste Steve Edmonson, et les deux guitaristes restent chacun à une extrémité de la scène et se contentent d’agiter la tête encore et encore… ‘One Second’, tirée de l’excellent album du même nom de 1997, s’élève alors mais la chanson souffre de problèmes de justesse sur les parties de chant clair ; ‘Serenity’ et ‘The Enemy’ arrivent juste ensuite.

Après ces titres qui mettent en lumière différents aspects de la longue carrière du groupe, le frontman prend la parole : « Now, we’ll play a song from the album “Shades Of God”. We played it a lot on this tour, probably because it’s on the setlist (le grouper rit puis quelqu’un dans le public crie « As I Die! ») How can you already know which song it is? (nouveaux rires) Okay, it’s ‘As I Die’! » Cette annonce réjouit les fans qui scandent les paroles et brandissent le poing ! Retour à l’album « Obsidian » avec ‘The Devil Embraced’, puis nouveau passage par « Draconian Time » (1995) avec ‘The Last Time’, suivi de « The Plague Within » (2015) pour ‘No Hope In Sight’, et de « One Second » (1997) pour ‘Just Say Words’. Ces morceaux souffrent tous des mêmes problèmes : les voix samplées et orchestrations sont trop mises en avant par rapport aux instruments live, et il est dommage que les musiciens n’assurent pas les chœurs. Le groupe sort ensuite brièvement de scène pour un rappel expéditif qui les voit revenir pour ‘Darker Thoughts’ et ‘Embers Fire’ avant que le Nick Holmes n’annonce : « Thank you very much Paris, it’s been great for us to play here for you funny people! We are Paradise Lost and this is ‘Ghost’! », morceau qui marque la fin du set.

Setlist de Paradise Lost :
1. Enchantment
2. Forsaken
3. Blood and Chaos
4. Faith Divides Us - Death Unites Us
5. Eternal
6. One Second
7. Serenity
8. The Enemy
9. As I Die
10. The Devil Embraced
11. The Last Time
12. No Hope in Sight
13. Say Just Words
RAPPEL
14. Darker Thoughts
15. Embers Fire
16. Ghosts

En conclusion, Hangman’s Chair a livré un show sobre mais puissant, incarné et vibrant à un public qui s’est totalement laissé porter, ce qui a sans doute encore ajouté à la qualité de la prestation. Après cette excellente première partie, Paradise Lost s’est présenté devant un Trabendo acquis à sa cause, ce qui les a peut-être incité à ne pas se donner entièrement, à moins que ce ne soit qu’un effet de l’âge puisque le groupe existe tout de même depuis 1988 ! Si les fans ont sans doute apprécié de voir le groupe sur scène et d’entendre ses hymnes, on regrette une performance si peu engagée et engageante.