Report WOLVE/LOST IN KIEV/ENSLAVED @ Trabendo le 25/11/2017
Peetoff
Journaliste

«Enslaved quitte la scène mais les applaudissements sont si forts que le batteur ne tarde pas à revenir pour un long et impressionnant solo de batterie pendant lequel le reste des membres est assis sur les retours pour le regarder.»

Créé 25/11/2017
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Report : Enora Nattfödd
Photos : Aline Eileen Meyer

Il fait froid, il fait nuit, le contexte est parfait pour accueillir Enslaved. Le groupe norvégien vient présenter son nouvel album, « E », et est accompagné, pour les dates françaises, par WOLVE et Lost In Kiev. Je ne connais pas du tout ces deux premiers groupes et j'attends beaucoup d'Enslaved, d'autant plus que je trouve leur dernier album assez délicat à défendre en live, voyons donc si les groupes seront à la hauteur ce soir !

La soirée commence dans une salle très peu remplie avec le groupe parisien WOLVE. Pour avoir échangé un peu avec les membres, j'apprends qu'il s'agit d'un nouveau line-up, réuni sur scène pour la toute première fois, et j'avoue que je suis bluffée de l'apprendre tant le quatuor fonctionne à merveille sur scène. Le groupe nous propose une sorte de Rock Progressif sombre et atmosphérique, très bien maîtrisé et qui réussit à s'imposer et à résonner avec intensité dans la salle avec leur premier morceau, « Lazare », mais nous sommes plusieurs à nous poser la question du choix d'un tel groupe en première partie d'Enslaved. Cependant, WOLVE nous ferait presque oublier qui nous sommes venus voir en priorité. Je tiens absolument à souligner le talent du batteur du groupe qui s'adapte à chaque changement d'intensité et reste en permanence dans la nuance, ce qui est très appréciable sur les compositions planantes. De tels morceaux ne sont pas propices au mouvement et les musiciens demeurent relativement statiques, agitant parfois doucement la tête, mais on sent que tout est dans le contrôle, le stress joue peut être un peu. On continue avec le titre « Far », à l'image du set complet : apaisé mais toujours animé d'une violence sourde et sombre. Le chanteur laisse à peine échapper quelques mots entre les chansons pour remercier le public. Celui-ci, toujours peu nombreux, semble moyennement réceptif à l'univers du groupe mais plusieurs personnes se laissent aller à quelques mouvements de headbang, plusieurs fans sont présents et chantent les paroles. Le show s'achève avec le titre « Night », un des plus récents du WOLVE. J'apprécie réellement le fait que les morceaux soient longs, ce qui permet de déployer une construction complexe et évolutive, mais j'ai quelques doutes quant à l'intérêt de voir ce genre de groupe en live puisque la qualité sonore, ce qui n'était pas le cas ici, a plus de chance de s'en trouvée dégradée et que l'activité scénique est assez limitée.

Setlist de Wolve :
1- Lazare
2- Far
3- Night

Lost In Kiev est un second groupe français et qui reste plus ou moins dans le même esprit musical, avec cependant plus d'agressivité et d'énergie dans les compositions, à l'image de « Mirrors », qui ouvre le bal. Les musiciens sont plus actifs sur scène lors des passages plus tendus des chansons puis reviennent à une certaine immobilité quand l'atmosphère se calme. Ma déception est grande lorsque je constate que la seule voix sur les titres de ce groupe se composera de quelques enregistrements de voix parlées en introduction et conclusion de chaque morceau et qui semblent presque être tirées de film. Alors que je ne réussis pas à adhérer à leur univers musical, une grande partie des personnes présentes, qui sont d'ailleurs de plus en plus nombreuses, se montrent assez réceptives, peut être parce que les moments plus dures des compositions sont plus proches de ce qu'ils attendent d'Enslaved, qui va jouer peu après. « Nuit Noire » et « Insomnia » constitue la suite du set. Le groupe remercie le tourneur et le public présent. Leurs chansons sont plus sombres et à la croisées d'une multitude de genres musicaux, empruntant des éléments à plusieurs styles. Le bassiste et un des guitaristes se partagent le clavier selon les morceaux. Au début du dernier titre, « The Day I Ruined My Life », je décide de m'asseoir et de fermer les yeux, ce qui me permet de me laisser emporter bien plus facilement dans les compositions de Lost In Kiev, qui me laissaient plutôt insensible jusque là. A nouveau, j'ai du mal à comprendre l'intérêt de faire jouer en live ce genre de groupe tant la performance scénique est absente du show, mais sur album, aucun doute que c'est très intéressant. Sur le dernier morceau, le chanteur apparaît sur scène et chante, ou crie, j'avoue ne pas encore vraiment savoir… Mais dans tous les cas, le timbre de voix est assez désagréable et la justesse est parfois vraiment limite. Dès ce passage terminé, il disparaît à nouveau et le groupe finit le morceau avant de quitter la scène sous des applaudissements.

Setlist de Lost In Kiev :
1- Mirrors
2- Nuit Noire
3- Insomnia
4- The Day I Ruined My Life

Et c'est enfin au tour d'Enslaved de monter sur scène. Le changement de style est radical et se remarque déjà dans la fosse, remplie d'un public bien plus chevelu et arborant des t-shirts de groupes, ce qui était relativement plus rare lors des sets de WOLVE et Lost In Kiev. On se demande vraiment qui a fait la programmation, bien que le premier titre, « Storm Son », tirée de leur dernier album, plus calme que la suite, pourrait laisser sous-entendre une cohérence. Le chanteur prend visiblement beaucoup de plaisir à communiquer avec le public entre les chansons puisqu'il commence dès le début avec un « Bonsoir Paris ! Merci ! Je ne parle pas français, j'ai juste appris quelques mots mais c'est toujours un plaisir de venir ici ! », d'une voix tonitruante. « Roots of the Mountain » lance les titres plus anciens du groupe, ce qu'attendait visiblement une grande partie de la fosse qui ne se prive plus d'headbanguer et de faire émerger des cornes. Ce morceau plus violent pousse les fans à hurler leur joie puis Grutle reprend : « Vous vous amusez ce soir ? Alors on va revenir vers un titre plus ancien, un titre de 2004. C'est une chanson sur les valeurs anciennes. C'est une chanson sur le fait de ne pas être un connard. », et « Return To Yggdrasil » débute ! Les musiciens se montrent très actifs et énergiques sur scène et leur investissement scénique et communicatif. Ils headbanguent sans cesse et motivent le public à taper des mains et crier en choeur. J'apprécie énormément les choeurs que le claviériste assure car son chant clair est vraiment maîtrisé et très agréable, en contraste avec les screams du chanteur. L'échange avec le public est permanent et on a presque l'impression d'avoir trois frontmen devant nous ! A nouveau, le chanteur revient à la charge : « Et maintenant, quelques chansons de notre dernier album, qui s'appelle « E ». C'est une rune donc ça se prononce « É » ». Les notes de « The River's Mouth » résonne, rapidement suivi par « Convoys To Nothingness », un morceau de 2001, dans la plus pure lignée des morceaux sombres du groupes, puis « Vetranott », de 2016. Grutle remercie le public et le fait hurler le plus fort possible avant d'annoncer la chanson suivante : « Vous avez l'air d'aimer nos vieux morceaux, vous voulez plus de vieux trucs ? Vraiment ? », puis il se confie sur son amour de la cuisine française et du groupe Trust, en particulier leur chanson « Antisocial ». Les morceaux suivant sont « One Thousand Years of Rain » et un nouveau titre de leur dernier album, « Sacred Horse », visiblement très attendu. Grutle remercie le publie et présente les membres, sous les acclamations du public, sans se priver de faire quelques blagues à chacun de ses compères. Enslaved quitte la scène mais les applaudissements sont si forts que le batteur ne tarde pas à revenir pour un long et impressionnant solo de batterie pendant lequel le reste des membres est assis sur les retours pour le regarder. Grutle reprend « Et maintenant, on va faire un morceau de 1992, donc c'est vraiment très vieux ! » et c'est au tour du merveilleux « Allfǫðr Oðinn » de s'élever dans l'air brûlant du Trabendo. « Isa », issu de l'album du même nom, est le dernier titre de ce set et les musiciens prennent le temps de saluer le plus de personnes possibles avant de disparaître en backstage.

Setlist d'Enslaved :
1- Storm Son
2- Roots of the Mountain
3- Return to Yggdrasil
4- The River's Mouth
5- Convoys to Nothingness
6- Vetranott
7- One Thousand Years of Rain
8- Sacred Horse
RAPPEL
9- Allfǫðr Oðinn
10- Isa

La soirée était enrichissante musicalement puisque WOLVE et Lost In Kiev sont de bonnes découvertes car ces deux groupes proposent un univers musical riche et des morceaux réfléchis. Cependant, le choix de les faire jouer en première partie d'Enslaved ne me convainc toujours pas. Si j'étais très heureuse de découvrir ces légendes norvégiennes sur scène, je suis déçue de la setlist qui mélangeait toutes les périodes musicales du groupe, pourtant extrêmement différentes, sans réelle homogénéité ni travail de cohérence. Mais leur énergie et leur bonheur d'être devant nous étaient tels qu'on peut bien passer outre !