Report Solstafir au Trianon (Paris) le 19/02/2023
Ophélie Griffin
Journaliste

«SOM et Solstafir ont marqué les esprits grâce à la richesse de leurs univers musicaux et à la sensibilité de leur performance»

Créé 19/02/2023
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Live Report : Enora Nattfödd
Photos : Ophélie Griffin

Dimanche 19 février, la salle parisienne du Trianon accueillait le concert de Katatonia (Goth Rock, Suède) accompagné de Solstafir (Post Metal, Island) et de SOM (Atmospheric Rock, Etats-Unis). Organisée par Garmonbozia Inc. en accord avec United Talent Agency, NMC Live, Northern Music Co & FlyingFox AB, cette soirée s’annonçait sous les meilleurs auspices et le public était au rendez-vous.

SOM

Chose assez rare pour être soulignée, le set de SOM a démarré cinq minutes plus tôt que prévu, prenant une partie du public de court. Dès les premières notes de ‘Prayers’, la fosse se met à agiter la tête au rythme lancinant de la composition. Les musiciens ne s’épargnent pas : le chanteur-bassiste, Will Benoit, se rapproche du bord de la scène suivi des guitaristes Mike Repasch-Nieves et Joel M. Reynolds qui headbanguent avec énergie. ‘Animals’ permet de profiter encore davantage du timbre du frontman et de sa justesse. Le jeu de scène reste sobre, en harmonie avec la musique proposée. Chaque titre est incarné et alimente une atmosphère unique, élégante et maîtrisée, qui emporte le public comme dans une transe.

Après cette entrée en matière, le frontman prend la parole : « Bonjour Paris, ça va ? We are called SOM and we’re from the United States. Thank you so much for coming early to see us, it means a lot to us! » Le public réagit bien et acclame le groupe qui se lance ensuite dans ‘Awake // Sedate’, ‘Moment’, puis ‘Clocks’. Finissant son travail de chauffe en beauté, Will Benoit reprend : « Do you know Katatonia? Well, I just want to say that they are an amazing band so you’re in for a treat tonight! Can you make some noise for them and for the crew? » Devant un public conquis et hypnotisé, SOM achève sa performance avec ‘Black Out The Sky’ et ‘Youth // Decay’. On ne peut que remercier le groupe américain pour ce concert de haute volée qui nous donne terriblement envie de les revoir sur scène !

Setlist de SOM :
1. Prayers
2. Animals
3. Awake // Sedate
4. Moment
5. Clocks
6. Black Out The Sky
7. Youth // Decay


SOLSTAFIR

Après une petite pause, il est temps de retrouver Solstafir dont le dernier album, « Endless Twilight of Codependent Love » est sorti en 2020 via Season Of Mist. ‘Náttmál’ débute dans une atmosphère quasi-aquatique que l’on doit aux lumières bleues qui illuminent la scène. Le chanteur Adalbjörn Tryggvason nous offre une prestation très incarnée. Son grand corps sec, encore davantage allongé par le chignon haut perché sur son crâne et sa longue barbe, bondit sur scène et se cabre derrière son pied de micro. Sans plus tarder, voici ‘Köld’ qui permet au bassiste Svavar Austmann Traustason d’agiter la tête faisant voler ses tresses en tous sens. A l’autre bout de la scène, le guitariste Saepor Marius Saeporsson, reste stoïque sous son chapeau chapeau de cowboy/fossoyeur.

Le groupe enchaîne ensuite ‘Rismál’ et ‘Melrakkablús’ avant que le chanteur déclare : « Hello Paris, we meet again! What do you want to hear? (le public crie le titre de plusieurs morceaux) Some old stuff? Okay how about this one? » Et c’est ‘Bloodsoaked Velvet’ de l’album « Masterpiece of Bitterness » de 2005 qui résonne dans le Trianon. Si le frontman est extrêmement expressif et engagé, le reste du groupe reste un peu en retrait mais n’en est pas moins convaincant. Il est temps de profiter de la douce ‘Rökkur’ pour laquelle Adalbjörn Tryggvason pose sa guitare, descend de scène et monte sur la barrière devant les premiers rangs. Son interprétation est puissante et exutoire.

Les fans du groupe sont présents en masse ce soir et le public applaudit en rythme sur les morceaux sans que Solstafir n’ait à le demander. Après la magnifique ‘Fjara’ puis ‘Ótta’, le chanteur prend enfin longuement la parole : « Alright Paris, thank you for being with us tonight! I want to see the people in here tonight… (les lumières s’allument dans la salle) Ah that’s better! Can we come back next week? (le public se met à rire et à applauder) You keep on getting a bigger and bigger crowd year after year, thank you. » Il prend ensuite le temps de presenter chaque musicien : Svavar Austmann à la basse, Saepor Marius Saeporsson à la guitare et Hallgrimur Jon Hallgrimsson à la batterie. Il dédie ensuite le dernier morceau du set, ‘Goddess of the Ages’ à une amie du groupe puis il descend une nouvelle fois au plus près du public, debout sur les barrières, se tenant aux mains tendues du public des premiers rangs, avant de conclure sous des acclamations nourries.

Setlist de Solstafir :
Intro - Náttfari
1. Náttmál
2. Köld
3. Rismál
4. Melrakkablús
5. Bloodsoaked Velvet
6. Rökkur
7. Fjara
8. Ótta
9. Goddess of the Ages


KATATONIA

Enfin, et devant un public étonnamment plus clairsemé que pour Solstafir, voici Katatonia, la tête d’affiche de la soirée. Bien qu’en apparence moins nombreux, les fans sont ravis et se font entendre. Le début du show, avec ‘Austerity’ est un peu décousu : le groupe démarre sans s’être concerté, sur une scène difficilement visible à travers la fumée, avec un son d’assez mauvaise qualité (mais qui s’améliorera dès le morceau suivant)… Heureusement, ‘Colossal Shade’ arrive juste ensuite pour relancer ce concert avec plus de professionnalisme ! Après des lights vertes pour SOM et bleues pour Solstafir, Katatonia va évoluer sur scène dans des teintes entre les deux qui n’apportent pas de réelle valeur ajoutée. ‘Lethean’ puis ‘Deliberation’ s’enchaînent avec quelques légères faiblesses en termes de justesse du côté de Jonas Renkse, qui garde pendant tout le set ses cheveux devant le visage, mais une très belle performance de la part d’Anders Nyström qui assure les chœurs.

Le frontman prend alors la parole : « Thank you do much. We are Katatonia from Sweden and we are delighted to be here, thank you so much. Are you having a good time? Did you like our American friends from SOM? And what about our Islandic friends from Solstafir? Also, we have a new album out! Have you heard it? Do you like it? » Ce petit rappel de la récente sortie de « Sky Void of Stars » via Napalm Records annonce ‘Birds’. Après ‘Behind the Blood’, Jonas Renkse reprend : « I was thinking I would address you in French but my French is a little bit rusty. I studied it when I was 14 at school, and what I knew best was ‘Excusez-moi, je suis en retard’. And many people thought I was retarded but I was just late for the class. » Cette anecdote fait sourire le public et permet de marquer une petite pause avant ‘Forsaker’ et ‘Opaline’.

Etrangement, le groupe est assez effacé derrière le frontman. Il semble même s’enfermer dans un show codifié et qui se répète soir après soir, manquant de spontanéité. Cela se remarque d’autant plus que SOM et Solstafir ont livré des performances vibrantes d’honnêteté. Les fans sont malgré tout au rendez-vous et chantent à pleine voix et tapent des mains en rythme sur ‘Buildings’, ‘My Twin’, ‘Atrium’, ‘Old Heart Falls’ et ‘Untrodden’ qui se suivent sans interruption à part de brèves interventions du chanteur qui annonce le titre des morceaux. Après un rappel finalement assez rapidement expédié, les membres de Katatonia reviennent sur scène pour ‘July’ et ‘Evidence’. La conclusion est chaleureuse et le public satisfait.

Setlist de Katatonia :
1. Austerity
2. Colossal Shade
3. Lethean
4. Deliberation
5. Birds
6. Behind the Blood
7. Forsaker
8. Opaline
9. Buildings
10. My Twin
11. Atrium
12. Old Heart Falls
13. Untrodden
RAPPEL
14. July
15. Evidence


Alors que Katatonia était la tête d’affiche et avait un nouvel album à présenter à son public parisien, ce sont les performances de SOM et de Solstafir qu’on garde surtout en tête à l’issue de cette soirée. Plus complexes, leurs univers musicaux ont fait mouche et nous ont emporté pour un voyage sensible et magnifique. De son côté, Katatonia n’a pas à rougir de sa performance mais on peut regretter un manque de spontanéité et de liberté qui aurait permis de profiter davantage de leurs hymnes fédérateurs.