Report Jinjer à l'Aeronéf (Lille) le 10/06/2023
Ophélie Griffin
Journaliste

«Un show intense et décomplexé offert par le groupe Jinjer »

Créé 10/06/2023
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Live Report et Photos : Ophélie Griffin

Direction Lille ce weekend pour retrouver un groupe cher à mon cœur - Jinjer - de passage exceptionnel dans le Nord de la France, après leur passage au Download Festival UK la veille. J'embarque ma petite sœur et nous voilà prête à affronter les chaleurs nordiques (il a fait 35°C le samedi !)
Rendez-vous est pris à l'Aéronef, à quelques mètres de la gare. A vrai dire, heureusement qu'avant le concert mon ami Sovan nous a montré où accéder à la salle car celle-ci se trouve au 2ème étage du centre commercial Euralille et je pense que nous l'aurions cherché quelques temps tant l'emplacement est atypique. Pour celles et ceux qui ne connaissent pas cette salle, c'est une salle de 1850 places, avec une grande fosse et une mezzanine, très métallique et donc très haute de plafond. Très bon accueil et vraiment un très joli lieu. 

C'est le groupe de metal montpelliérain Hypno5e qui ouvre le bal ce soir. Je ne connaissais pas le groupe mais j'en avais beaucoup entendu parler via certains collègues. La salle n'est pas encore totalement remplie quand le concert commence mais elle le sera très rapidement. Les quatre membres auront droit à de grandes acclamations dans le public à leur arrivée sur scène, montrant une certaine notoriété. Le concert commence par une introduction - en fait le morceau ouverture de leur dernier album SHEOL sorti en 2022 "Nowhere", qui inclut le poème "Heces" du péruvien César Vallejo "Esta tarde llueve, como nunca; y notengo ganas de vivir, corazón.". D'ailleurs, tout le set sera entrecoupé par de nombreux interludes. 
Le chanteur-guitariste Emmanuel Jessua pose sur tous les morceaux sa voix claire et aérienne, quand son pendant plus guttural ne prend pas le pas pour mieux accompagner les passages plus musclés - notamment par un fort engagement de Pierre Rettien à la batterie. Je regretterai juste de mon côté une basse plus en retrait mais peut-être était-ce lié à ma position dans la salle (tout devant à droite).Le jeu de lumière est sublime, entre ombre et lumière (bon et du coup, un peu difficiles à shooter). 
Hypno5e déroule sa prestation avec très peu de prise de paroles, à part pour remercier le public et d'exprimer son plaisir de jouer à l'Aéronef ce soir. Les quatre membres sont à fond dans leur musique, tout de noir vêtu, et restent très expressifs dans leur jeu de scène. Les morceaux proposés racontent une vraie histoire, à croire que chaque titre constitue un concert à lui tout seul. Je me perds d'ailleurs dans mon compte de titres, et il est parfois difficile de dire quand un morceau commence et finit tant il y a de la complexité et de la richesse dans la composition. Le public est attentif et très calme à vrai dire, mais il faut dire que les morceaux invitent à l'introspection et à la mélancolie. Ces sentiments sont renforcés par les divers interludes, poèmes ou textes déclamés sur la solitude ou encore la perte d'un amour, à l'instar de "La Valse des adieux" de Louis Aragon "l y a diverses façons de se taire. Il y a diverses façons d'être seul" ou de "L'étranger" d'Albert Camus  "Pour que tout soit consommé, pour que je me sente moins seul, il me restait à souhaiter qu'il y ait beaucoup de spectateurs le jour de mon exécution et qu'ils m'accueillent avec des cris de haine." [merci à Lisa d'avoir reconnu ce texte-là !]
Le concert se termine sur le très prenant "Acid Mist Tomorrow", dans lequel Emmanuel se jette à corps perdu, seul, à hurler, comme sur le point de pleurer. Et au vu des longues acclamations dans le public à la fin (et des larmes au coin des yeux pour certain.e.s), on ne peut qu'affirmer que tout le monde a été pris aux tripes. 

SETLIST :
SHEOL
ON THE DRY LAKE
SLOW STEAMS OF DARKNESS
TAUCA PART II
ACID MIST TOMORROW 


Dès la fin du concert de Hypno5e, l'étau se resserre dans la fosse. L'excitation monte d'un cran, on sait qu'on va assister à un concert chaud bouillant - à l'image de cette journée caniculaire à Lille. Avec 15 minutes de retard par rapport au planning, les quatre membres du groupe Ukrainien arrivent sur scène, un à un - jusqu'à la tant attendue Tatiana Shmayluk (Tati pour les intimes - qu'on a guetté toute la journée dans les rues de Lille en vrai). A la barrière de l'Aéronef et aussi dans la salle, je remarque plusieurs enfants accompagnés de leurs parents - en espérant qu'ils soient bien protégés dans la foule va se déchainer. Et ça démarre au quart de tour, une étincelle dans la poudrière !
Les titres s'enchainent, avec très peu de temps mort. Le groupe délivre un show puissant sans aucune contestation possible, en harmonie parfaite entre les instruments et la voix claire puis gutturale de Tatiana. Quelques prises de paroles à noter, de la part de Tati, pour remercier le public présent et pour nous remercier du soutien apporté à l'Ukraine. Cela sera la seule prise de parole sur le conflit actuel d'ailleurs.
A vrai dire, mon concert a été quelque peu perturbé : au moment du deuxième titre, alors que j'étais en pit photo devant la scène, un slammer m'est tombé dessus, sans que la sécurité ne le gère. Je me suis donc retrouvée expulsée contre la scène, me cognant la tête contre la structure métallique. Un autre photographe m'a heureusement ramassé car la sécurité ne s'en est même pas préoccupé. Je suis bonne pour une énorme bosse sur la tête et un énorme bleu sur la fesse gauche (mais heureusement pas de casse physique ou matérielle). Je finis tant bien que mal mes photos mais je vous avoue que cette aventure m'a bien refroidie - plusieurs pintes m'ont été utiles pour m'en remettre ainsi que le soutien de ma petite sœur et les bonnes rencontres faites pendant la soirée.
Le concert se poursuit néanmoins pour une performance totalement décomplexée et un plaisir d'être sur scène évident. Sur le morceau "Teacher, Teacher!" s'il était encore possible, la chaleur grimpe encore dans la fosse. "I wish I could speak French to express how I feel right now" déclame Tati, qui remercie encore le public français (et lillois) qui ne les déçoit jamais. Un fan à la barrière en profite pour lui offrir un bouquet de fleurs - Dimitri que je rencontre pendant le concert et qui est d'origine ukrainienne, m'explique que c'est une tradition ukrainienne d'offrir des fleurs à une femme quelque soit l'occasion.
Tati est plus hypnotisante que jamais, avec son eyeshadow fluorescent, et les 3 musiciens, Eugene Abdukhanov à la basse, Roman Ibramkhalilov à la guitare et Vladislav Ulasevish à la batterie savent parfaitement accompagner la voix unique de Tati. Malheureusement, c'est déjà la fin du concert, qui restera un peu court - 1h15. Mais quelle intensité ! Malgré le retour des lumières et de la musique dans la salle, le public en redemande et espère un retour du groupe en criant à tue tête "Jinjer, Jinjer !" A défaut, le public chante "Toxicity" de System of a Down... Il fait encore doux quand on se retrouve dans la cour à la sortie de la salle, nombreux.ses sont celles et ceux qui en profitent pour boire une dernier verre pour finir la soirée en beauté.  

SETLIST :
Perennial
Ape
Colossus
Words of Wisdom
Call Me a Symbol
Vortex
I Speak Astronomy
Copycat
Wallflower
The Prophecy
Teacher, Teacher!
Pit of Consciousness
Sleep of the Righteous
Disclosure!
As I Boil Ice