Live-report CÂN BARDD et SAOR @ Backstage By The Mill le 25/10/2019
Enora
Journaliste

«Cân Bardd et Saor offrent à leur public parisien des sets maîtrisés, sobres mais terriblement incarnés et puissants qui révèlent tout la force live de leurs nouveaux albums !»

Créé 28/10/2019
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Ce soir, Garmonbozia a préparé une belle affiche aux amateurs d'ambiances atmosphériques sur un fond de Black mêlé de Folk puisque Cân Bardd et Saor sont venus présenter leurs dernières créations, respectivement « The Last Rain » (sorti via Northern Silence Productions) et « Forgotten Paths » (sorti via Avantgarde Music) à un public parisien avide de découvrir leurs performances !

Alors qu'une musique d'introduction commence lentement à s'élever dans l'air, les musiciens de Cân Bardd entrent sur scène devant un public plutôt nombreux qui leur a réservé un accueil chaleureux. Après un court moment de silence, le batteur lance le premier morceau, ‘Between Hope and Reality', et la magie opère immédiatement. Avec sobriété et puissance, le groupe offre une performance incarnée dès l'instant où ils commencent à jouer, ce qui renforce l'atmosphère unique de cette belle soirée. Cân Bardd remporte sans peine le soutien des premiers rangs qui agitent la tête en rythme, mais également la sympathie du public dans sa globalité, visiblement ravi des propositions musicales qui leur sont faîtes. Conformément à ce qu'on connaît du groupe sur album, le set est plutôt contemplatif et offre une véritable évasion à travers des titres assez longs pour reconstruire la richesse de leur univers en live. À la fin de chaque chanson, la fosse applaudit en un bel ensemble ; Cân Bardd semble faire l'unanimité, ce que la qualité de ce show justifie tout à fait, à l'exception de la conclusion de certaines chansons parfois un peu bâclée.

Avec ‘My Ancestors', la qualité sonore des accompagnements se fait remarquer puisqu'elle gagnerait à être de meilleure qualité. Mais ce petit problème est finalement rapidement oublié tant l'engagement des musiciens se ressent et se communique à son public. Quelques faussetés de la guitare viennent ponctuer certains passages, heureusement que cela ne dure pas. Spontanément, une partie du public se met à taper des mains en rythme, séduit par le côté hypnotique des compositions du groupe. Les deux guitaristes et le frontman en profitent pour s'avancer, plus directement au contact des fans. Plus fougueux, ‘A Gift for Nature' convainc les amateurs des genres plus extrêmes et de plus en plus de gens agitent la tête dans la foule. Cân Bardd poursuit son oeuvre avec méthode. Si l'harmonie vocale est parfois douteuse, un peu de chant clair ne fait pas de mal et le groupe connaît de véritables moments de grâce qui font tout le charme de cette performance.

Seuls quelques mots s'échapperont des lèvres du chanteur : « Merci beaucoup Paris ! On est Cân Bardd, on vient de Suisse. Merci à tous d'être venus ! ». La mélodie plus douce, dansante et purement Folk de ‘Celestial Horizon' se met lentement en place en background, annonçant une fin de set placée sous le signe du mystiques. Bien qu'un peu en retrait, le batteur ne manque pas de se faire remarquer par son immense sourire et son bonheur communicatif d'être sur scène. A l'avant-scène, les trois autres musiciens se transformeraient presque en trois sorciers des temps anciens, capturant le public qui entre en transe. Apres un dernier titre porté avec brio, ‘Clouds and Feuds', Cân Bardd sort de scène sous les applaudissements nourris d'un public parisien conquis !

Setlist de Cân Bardd :
1. Between Hope and Reality
2. My Ancestors
3. A Gift for Nature
4. Celestial Horizon
5. Clouds and Feuds

Après une courte pause, et légèrement en avance sur ses camarades, le batteur de Saor, coiffé d'un béret écossais, monte sur scène en pleine lumière et sous des applaudissements bruyants. Après quelques minutes, les lumières s'éteignent et une musique d'introduction s'élève alors que les fans continuent d'acclamer le groupe. Au fond, le batteur fait signe aux autres musiciens de le rejoindre, et ils ne tardent pas davantage, lançant ‘Forgotten Paths', le titre éponyme de leur dernier opus, résonner. Le démarrage se fait très proprement, le violoniste profitant des passages où il ne joue pas pour violemment headbanguer. Sur ce début de set, il aura d'ailleurs bien du mal à se faire entendre, mais ce problème sera réglé un peu plus tard, permettant de savourer des lignes musicales plus complètes. Le frontman, Andy Marshall, lève sa bière, salué par le public parisien qui attendait ce concert avec impatience. Après des acclamations bien méritées, le frontman prend la parole : « Merci ! La prochain chanson vient de l'album qui s'intitule « Roots », elle s'appelle ‘Carved In Stone' ! ». A cette annonce, qui renvoie au premier album du groupe, paru en 2013, le public ne manque pas de réagir, faisant à ce morceau l'accueil qui lui est dû. Les fans tapent des mains en rythme sur ces premières notes plus apaisée et une grande partie de la fosse agite la tête lentement, presque de manière solennelle. Avec des références Folk très différentes de celles de Cân Bardd, le groupe offre un show pour le moment relativement statique, mais humble et sincère.

Alors que les morceaux s'enchaînent, il devient extrêmement clair que l'énergie des deux groupes qui se produisent ce soir est très différente, et leurs compositions témoignent de la diversité qu'on trouve sous l'étiquette Black/Folk, ce qui permet finalement à un public assez large de s'y retrouver. Il suffit aux musiciens de Saor d'à peine haranguer la fosse pour que des poings soient bandits et que des hurlements résonnent. Cet engouement ravit le groupe et le chanteur en profite pour inviter le violoniste à ses côtés sur scène à dire quelques mots, en français cette fois : « Merci ! On est super, super, super heureux d'être là ! C'est notre premier concert en headline à Paris donc c'est vraiment incroyable, merci à tous ! ». Le frontman annonce alors : « La chanson suivante est issue de notre nouvel album, « Forgotten Paths », alors on va voir si vous la connaissez ! ». Le public parisien prend ce défi très au sérieux et se met à taper des mains en rythme sur ce morceau soulignant la maturité gagnée par Saor au fil du temps et de ses albums.

Si ce nouveau titre met en valeur une facette différente de l'univers du groupe, il permet également de constater que la majesté des titres du groupe sur albums prend encore davantage d'ampleur en live, avec cependant toujours beaucoup d'humilité. Le jeu scénique des musiciens, et en particulier du frontman, semble gagner en intensité au fur et à mesure que le concert avance. Les applaudissements sont unanimes, le groupe est parfaitement parvenu à emporter le public avec lui grâce à la force de cette nouvelle création. ‘Aura' est ensuite annoncée, renvoyant aux créations un peu plus anciennes du groupe. Si la longueur des titres offre, sur album, l'occasion de découvrir des jeux musicaux progressifs qui évoluent et se muent en fresque, elle permet au groupe, en live, d'incarner des changements d'atmosphères qui sont ressentis dans la fosse avec une force plus grande encore. Après le rappel, c'est sur ‘Tears of a Nation' que les fans honorent et saluent une ultime fois le groupe après une soirée sobre mais incroyablement puissante.

Setlist de Saor :
1. Forgotten Paths
2. Carved in Stone
3. Monadh
4. Aura
RAPPEL
5. Tears of a Nation

Les promesses ont été tenues ce soir avec deux groupes aux univers assez différents bien qu'ils incarnent la même veine musicale, offrant des sets maîtrisés. Cân Bardd était, avec ses deux premiers albums, très attendu et, malgré quelques maladresses, s'est révélé à la hauteur des espoirs que le public parisien a placé en lui, et a permis, on l'espère, à certains de les découvrir. En ce qui concerne Saor, le groupe a assuré une performance plus qu'honorable en jonglant entre des morceaux de ses débuts et son dernier opus qui a pu mettre en lumière son potentiel en live.




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