«Incontestablement les Maîtres du black old school démontrent qu'il suffit d'être deux pour tout retourner!»
Anibal BERITH Journaliste
Black Metal
04/11/2016
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La soirée bat son plein et le niveau monte dans le pit du Metronum après la claque que nous venons de prendre avec le très bon set de Rotting Christ.
Changement total d'univers et de décor pour accueillir la tête d'affiche de la soirée Inquisition.
Immense backdrop à l'effigie du dernier album « Bloodshed Across the Empyrean Altar Beyond the Celestial Zenith » tendu derrière la batterie monstrueuse d'Incubus.
Le public scande le nom d'Inquisition et s'impatiente à l'idée d'assister à la prestation du groupe américano-colombien officiant dans un black old school resté proche de ses racines depuis un peu moins de 30 ans (1989 sans compter la période Guillotina, premier nom du combo).
A la tête de sept albums, c'est avec assurance que le duo prend place sur la scène du Metronum idéale pour ce genre de configuration. Pour avoir déjà vu le two men band à deux reprises cette année, lors de la tournée avec Behemoth/Abbath et Entombed AD en février et au Hellfest, c'est avec un plaisir certain et une impatience démesurée que je scrute l'arrivée de Dagon et d'Incubus.
La salle est plongée dans le noir et c'est dans la pénombre que nous découvrons l'arrivée des deux musiciens sur l'intro ‘The Force Before Darkness' du dernier opus qui sur 1'38'' permet de poser l'atmosphère sombre et malsain du groupe de black metal. Tout comme sur l'album, enchainement direct avec l'excellent titre ‘From Chaos They Came' sur lequel Dagon exécute ses riffs à la perfection occupant le devant de la scène comme s'ils étaient trois. J'ai beaucoup de mal à faire les photos d'une part par le manque de lumière, d'autre part du fait que je suis totalement emporté par la mélodie envoûtante de cette chanson qui me procure beaucoup d'émotions et d'autant plus ce soir que je me trouve à quelques centimètres du Maître !
Vêtu de noir et arborant une paire de bottes de la même couleur, le visage maquillé, Dagon inspire le respect tout comme Incubus perché sur sa batterie dans le même accoutrement tabassant ses fûts énergiquement d'emblée.
C'est sur le micro de droite (face à la scène) que le frontman hurle son texte avec cette voix erraillée et terrifiante si spécifique et reconnaissable entre mille.
Rapidement, Dagon occupe l'espace, joue sa musique, passant d'un micro à l'autre permettant ainsi de faire profiter de sa qualité de jeu, dont le son est particulièrement soigné, à l'ensemble du public semblant lui aussi envoûté par la mélodie prenante du duo.
Incubus impose un rythme effréné matraquant ses fûts sans relâche et donnant le change à son acolythe qui sont comme deux frères, totalement indissociables. Il faut dire que près de 30 ans d'existence pour un duo dans le black metal, à part eux, je ne vois pas qui peut se vanter d'une telle stabilité et d'une telle longévité.
Pas moins de douze titres seront interprétés de main de maître par le duo lui permettant de passer l'ensemble de sa discographie excluant tout de même le premier album du combo et donnant la part belle au cinquième album « Ominous Doctrines of the Perpetual Mystical Macrocosm » paru en 2011 en prenant quatre titres répartis de façon équilibrée sur la setlist permettant ainsi de varier l'univers de cette musique qui peut paraître répétitive pour les non-initiés.
A ce stade du show, je serai totalement incapable de vous dire sur ce qu'il se passe dans la salle tellement je suis parti, complètement emporté par les mélodies mélancoliques et brutale du duo. Je bois la musique du two men band, avale les textes aux faux airs sataniques, me fais tabasser par les blast beat d'Incubus, me fait tordre par les riffs dissonants de Dagon.
Par l'insertion judicieuse d'interludes de type intro et outro que l'on retrouve sur les albums du combo, ce dernier passe aisément d'un album à un autre, d'une ambiance à une autre sans perdre le fil conducteur de délivrer un black metal old school et propre et maintenant son public en haleine tout le set durant.
Un set qui fuse, une heure de jeu et l'on entend l'outro du dernier opus qui se scinde en deux titres et qui laisse présager un retour sur scène pour un ultime titre mais il n'en sera rien et c'est peut-être mieux ainsi.
Très peu de communication, quelques mercis au fil du set, juste ce qu'il faut pour maintenir un climat de convivialité suffisant et affirmer la relation élitiste que se veut cette musique.
Une prestation plus que grandiose (oui je sais je ne suis peut-être pas très objectif) pour un groupe de cette dimension à l'envergure immense. Pas besoin d'être 4,5 ou 6, de mettre de la déco partout, de sauter dans tous les sens, d'insérer des effets pyrotechniques ou autres subterfuges pour en imposer, juste Dagon, Incubus en mode Inquisition pour tout retourner, en prendre plein la face et en plus en redemander !
Setlist: The Force Before Darkness - From Chaos They Came - Intro of Ancient Monumental War Hymn - Ancient Monumental War Hymn - Hymn for a Dead Star - Desolate Funeral Chant - Infinite Interstellar Genocide - Outro of Infinite Interstellar Genocide - Vortex From the Celestial Flying Throne of Storms - Dark Mutilation Rites - Embraced by the Unholy Powers of Death and Destruction - Command of the Dark Crown - Master of the Cosmological Black Cauldron - Astral Path to Supreme Majesties - A Magnificent Crypt of Stars - The Invocation of the Absolute, The All, The Satan - Coda : Hymn to the Cosmic Zenith