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IHSAHN : Telemark & Pharos concert@Notodden Teater, Notodden, Norvège

«Ihsahn délivre un concert exceptionnel en toute simplicité avec une grande humilité ! Du génie !»
ANIBAL BERITH
Journaliste
Extreme Progressive Metal
04/04/2021
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Le week-end de Pâques est traditionnellement le week-end au cours duquel se déroule l’un des festivals de Metal Extrême les plus appréciés du monde tout en restant très underground : l’Inferno Metal Fest à Oslo. Très orienté Black Metal, avec près de 80% de l’affiche qui lui est consacrée, cet événement a été fondé en 2001 par Jens F. Ryland, le guitariste de Borknagar. Il regroupe une quarantaine de groupes durant quatre jours et se déroule au Rockefeller Music Hall. Pour les raisons que nous connaissons tous, la date a été reportée une nouvelle fois et les aficionados se donneront rendez-vous à la même période en 2022.

L’incontournable visage du Black Metal norvégien, le célèbre leader, au sens propre du terme, du groupe mythique Emperor, Ihsahn, devait se produire au travers de son projet solo, et éponyme, à cet incroyable festival afin de nous interpréter, sur scène, l’intégralité de ses deux dernières créations parues en 2020, « Telemark » et « Pharos ». Faute de live, l’artiste de génie ne s’est pas découragé; il a fait le choix d’apparaître en live streaming devant une vingtaine de personnes très très chanceuses dans sa ville natale, Notodden, via l’organisation Munin Live.

Il est 20h passées de deux, trois minutes lorsque le bandeau visuel marqué sous le sceau de l’artwork de chacun des deux Ep s’efface pour laisser place au Maître et à l’ex-guitariste du groupe de rock progressif norvégien Leprous, Øystein Landsverk. Le plan est serré sur les deux protagonistes vêtus de la même chemise noire arborant le symbole du one man band.
L’ambiance est feutrée, sobre; les deux musiciens sont assis, se faisant presque face et entament ce spectacle de treize chansons et près de 90 minutes par le titre introductif de « Pharos », ‘Losing Altitude’.
Ihsahn a fait le choix de débuter le show par le second Ep, le plus progressif des deux, le plus complexe également, afin de faire entrer dans son univers ses auditeurs avec une puissance mesurée.

Malgré le côté anxiogène de la situation et la dominance du noir dans le choix du décorum surplombé par l’immense backdrop à l’effigie du groupe, il se dégage indéniablement une chaleur palpable dans la posture des musiciens et dans l’utilisation très judicieuse des lights pour animer la prestation. La réalisation se met au diapason des artistes et cadre avec justesse et délicatesse chacun d’entre-eux tout en les sublimant en alternant les plans larges et les plans serrés. C’est à ce moment que l’on constate que la scène est configurée en U avec le claviériste, Nicolay Tangen Svennæs, et le batteur, Tobias Ørnes Andersen (Shining), de part et d’autre de chacun des deux guitaristes.

Tout le spectacle est ponctué de courtes interventions du célèbre norvégien entre chaque titre au cours desquelles il fait part au public de son émotion, comme le fait de se retrouver assis pour la première fois face au public pour interpréter son oeuvre. Il annonce chacun des morceaux et explique ses choix de covers en impliquant les chanceux présents; le tout avec humilité et respect, les maitres mots de cette fabuleuse soirée.

Le spectacle évolue au fil de la setlist et commence à prendre une toute autre envergure. Le talentueux chanteur de Leprous, Einar Solberg, rejoint Ihsahn pour interpréter la chanson ‘Manhattan Skyline’ de A-ha, groupe pour lequel Ihsahn voue un grand respect. Ihsahn et Einar foulent le devant de la scène pour délivrer une prestation hors du commun sublimant la chanson des norvégiens ayant connu un succès grandissant dans les années 90. La retransmission est agrémentée d’images tirées du clip vidéo dont je pense qu’il aurait été possible de se dispenser tant le live sur scène offrait quelque chose d’unique et distillait une complicité transpirant entre les deux artistes. Ihsahn ne manque pas de féliciter son ami Einar et le salue en lui précisant qu’ils se revoient le week-end prochain sur la même scène pour le show de Leprous cette fois.

Avant d’entamer la seconde partie du set avec l’interprétation de l’intégralité de « Telemark », l’artiste norvégien fait la surprise d’offrir à son public, sur place et « on line », quelques extraits de l’album « Das Seelenbrechen » sur plus de vingt minutes de show exceptionnelles ! Les artistes sur scène s’enflamment au cours de cette mini setlist composée de ‘Hiber’, ‘Tacit’ et ‘Pulse’. Le concert prend une toute autre dimension, la voix du frontman est plus rugueuse, l’esprit progressif s’efface au profit des tonalités Black Metal dominantes. C’est ainsi que le live dérive puissamment vers les cinq derniers morceaux, ceux de la tracklist de « Telemark » dont l’ordre est volontairement changé pour débuter avec les covers de Lenny Kravitz, ‘Rock and Roll is Dead’ et d’Iron Maiden, ‘Wratchild’, assurant la transition vers les trois autres morceaux plus agressifs de l’Ep paru il y a un peu plus d’un an.

S’enchainent ’Stridig’, ’Nord’ et ’Telemark’, dont l’interprétation magnifie la version studio. Des morceaux taillés clairement pour la scène joués avec classe et énergie dans un décor devenu noir et blanc grâce au jeu intelligent et brillant du « lighteux » qui mérite tous les honneurs tellement son rôle est important tout au long de ce spectacle. Au-delà de la présence sincère et marquée d’Ihsahn et de ses comparses, la setlist de cette soirée est indéniablement mise en valeur par le jeu des lumières omniprésent et sans faille, responsable de cette ambiance à la fois puissante et chaleureuse, palpable et communicative malgré l’écran qui me sépare du quartet norvégien.

Il est près de 21h30 lorsque le show s’achève sous l’acclamation des quelques personnes présentes pour l’événement. C’est avec discrétion et humilité que l’artiste salue les fans et remercie ses musiciens par le touché du coude, le geste « covido-compatible » devenu légion par les temps qui courent et quitte la scène maintenant plongée dans une obscurité profonde légèrement teintée de rouge.