«Le groupe déploie une énergie phénoménale et le public y est extrêmement réceptif»
Neyelia Journaliste
Rock Alternatif
10/02/2018
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C'est les pieds dans les restes neigeux de ces derniers jours et sous un empilement de couches polaires que nous arrivons au Trabendo pour une affiche alléchante : Highly Suspect.
Le trio a décidé d'emmener dans ses bagages le musicien américain aux faux airs de Kurt Cobain, Welles, et DJ Redbees pour meubler les changements de plateau. Un choix qui reflète extrêmement bien la diversité des influences qui serait presque devenue la marque de fabrique de Highly Suspect.
Pour une fois, l'organisation a vu large et nous sommes donc entrés dans la salle une heure avant que Welles et ses acolytes ne montent sur scène ! Le temps pour DJ Redbees, accompagnateur habituel des stars du soir, de se mettre aux platines histoire de nous faire patienter plus aisément.
Il est l'heure du JT, et donc pour nous l'heure de se concentrer sur Welles. Le musicien, venu d'outre-Atlantique accompagné d'un second guitariste, d'un bassiste et d'un batteur, nous présente ses compositions, qui ne sont pas sans rappeler un groupe de grunge avec un leader blond gaucher, si vous situez un peu … ça tombe bien, les cheveux blonds (en bien plus longs) sont également de la partie, pour la totalité des musiciens sur scène.
Les titres des morceaux sont assez souvent évocateurs (Rock'n'Roll, Codeine, …), et le contenu fait preuve d'un certain esprit seventies. Couplé au look lui aussi très vintage, on obtient un ensemble quasi-cohérent, qui fait le taf, sans pour autant nous emballer. En première partie, c'est agréable et on se laisse aller à un hochement de tête en rythme, mais pour ma part, le jour où j'irai hocher ma tête face à cette formation pendant 1h30 n'est pas arrivé. Il faut dire que les lumières ne mettaient pas tout à fait en valeur l'oeuvre des 4 gars sur scène, et que les débuts furent un peu poussifs. Une fois bien ancrés dans le set (mais du coup presque à la moitié !) ça devient nettement plus enthousiasmant, avec notamment une chanson intitulée « Hold me like I'm Living » qui a cette faculté à s'immiscer dans votre cerveau pendant des heures. Au bout des trente minutes, bilan mitigé mais tout de même plutôt enthousiasmant, et nul doute que dans sa contrée d'origine, le jeune guitariste rencontrera le succès escompté.
Après cette première partie, retour aux platines pour DJ Redbees. Le set prend des allures de hip-hop qui ne nous paraissent pas si étrange quand on connaît un peu la tête d'affiche du soir ! Cette ambiance sonore est un interlude bien agréable, et le changement de plateau se fait calmement pendant ce temps. Seul petit bémol à cette technique du DJ set, le soundcheck paraît d'un seul coup beaucoup plus violent ! Autre souci pour les techniciens : le jeu de lumières qui accompagne le DJ n'est pas des plus commodes pour installer un plateau. Pour le reste, rien à redire, et la ponctualité est au top : Highly Suspect envahira bien la scène à 21 heures tapantes, annoncés par la voix de stentor de DJ Redbees.
Le trio débarque après une introduction sur bande son pour le moins prenante, et du meilleur effet pour nous préparer yeux ébahis à l'arrivée des artistes. Ils attaquent d'entrée de jeu avec Bath Salts, puis Lost, et la fosse ressemble déjà à un trampoline géant !
Ah, j'oubliais ! S'il y en a parmi vous qui ne situent pas bien Highly Suspect, le groupe est américain, et vient plus précisément du Massachussetts. Il est formé des deux frères Meyer en guise de section rythmique (Rich à la basse et Ryan à la batterie) et de Johnny Stevens au chant lead et à la guitare. Leurs influences sont pour le moins multiples et variées, du hip-hop au hard rock, et imprègnent à la musique du groupe une patte inimitable. Le problème, c'est que quand on n'est que 3 en live, et qu'on ne veut pas user et abuser de la technologie, des bandes son et des pédales de loop… on ne peut physiquement pas reproduire toutes les nuances d'arrangements qui font tout le sel de la musique du groupe sur album. En revanche, l'énergie est présente, hyper présente même, et fait un peu oublier le manque de nuance.
Il faut dire que côté son et lumières, rien n'est vraiment là pour aider Johnny and co. Le son a un côté brouillon qui n'est pas fait pour amenuiser l'aspect trop brut et peu nuancé du live du groupe. Les lumières quant à elles sembleront familières à quiconque est un habitué de concert de hardcore, pour les autres, je vais la faire simple : stroboscope et obscurité alternent joyeusement.
Malgré tout, le groupe déploie une énergie phénoménale et le public y est extrêmement réceptif. Aussi, après quelques titres, quand les trois musiciens ressentent le besoin de s'abreuver (je n'ai surtout pas dit « de se réhydrater », ne vous méprenez pas), les encouragements de la foule font naitre une véritable clameur ! Cheers !
Le groupe rend bien tout cet amour et ce respect au public, et il faut bien dire que cet échange fait plaisir à voir.
Côté musique, l'esprit rock est bien présent, et l'improvisation aussi ! Le trio est en roue libre, mais l'entente est telle qu'on ne le remarque qu'en connaissant bien les versions studio de chaque titre. Seul un larsen persistant remet en cause l'aspect de maîtrise parfaite, mais n'entame pas pour autant la motivation sur scène.
A la tête du groupe, le « terrible » Johnny comme l'indiquent ses pseudonymes sur les réseaux sociaux, n'a pas l'air si méchant que ça, peut-être même plutôt semblable à un ourson en guimauve. Son chant, au-delà du timbre très singulier, rappelle parfois Mat Bastard (ex-Skip The Use) dans ses intonations, et bien sûr dans son énergie débordante.
Au terme du set, on sera à la fois conquis par l'énergie et l'esprit rock dont fait preuve ce trio, et déçu pour les connaisseurs, du manque de nuance dans le rendu des compositions qui contraste avec ce qu'on a l'habitude d'entendre sur l'album.
Setlist :
1. Bath Salts
2. Lost
3. Bloodfeather
4. Viper Strike
5. Fuck Me Up
6. Round & Round
7. Lydia
8. Claudeland
9. ATL + Solo Batterie
10. Little Wolf
11. My Name is Human
12. Wolf
13. Look Alive, Stay Alive
14. Serotonia