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Report Bolzer à L'Elysée Montmartre le 15/09/2022

«Bolzer ouvre le bal de cette soirée Black...»
STEPHANE MASSON
Journaliste
Black/Death Metal
15/09/2022
2027 vues
WATAIN / ABBATH / TRIBULATION / BOLZER – le 15.09.22 @Elysée Montmartre by Carole Pandora

Covidou oblige, à force de reports etc … certaines tournées ont décidé de se réunir pour faire des bébés et c’est le cas de cette tournée « Chariots of Fire » composée de la tournée initiale de Watain et Abbath et de celle de Tribulation et Bölzer. (On vous voit Garmonbozia tenter de nous faire des beaux bébés)
Et quoi de mieux que Paris, ville lumière propre au romantisme et au côté fleur bleue -évident point commun entre les quatre formations- pour ouvrir le bal ?
C’est pour l’heure du goûter que l’on se retouve à l’Elysée Montmartre pour cette date attendue depuis longtemps, enfin pour ma part : je louchais sur les tournées séparées et me suis mise à baver méchamment sur l’affiche commune.
C’est au final quelque part entre 17h30 et 18h, une heure où il est donc devenu légitime de troquer son chocolat chaud contre de la bière que les Suisses de Bolzer lancent les hostilités (désolée après facile 5 min de lutte, j’ai abandonné l’idée de faire marcher le raccourci clavier pour le O barré de Bolzer, donc on fera sans, mais pas de gaité de coeur).

Je ne les avais pas vus depuis 2015 et leur tournée avec Ascension (merci Garmonbozia) et c’est avec plaisir que je les retrouve.

Un début de set un peu chaotique entre balances un peu trop longues, un son pas toujours au top … mais un duo qui envoie. Un duo donc, sans décor scénique, sans maquillage … à la limite du à poil donc, surtout quand on compare avec les 3 groupes qui sont prévus après. On pourrait se dire que c’est un peu casse gueule mais malgré un « It’s a fucking nightmare » balancé d’entrée de jeu, ils arriveront à nous jouer plus d’un titre (contrairement à ce qu’avait l’air de penser le chanteur pendant le moment de solitude du début – on t’a entendu parler français mon petit gars-) et à largement remplir la scène et nos oreilles.
Mélange de black et death, propre efficace, probablement à revoir avec un set un peu plus long, j’en suis ressortie avec une bonne envie de revoir Inquisition en live (une histoire de duo et de cerveau qui fait des associations d’idées, faut pas chercher).
Petit selon moi (trop gros selon mon banquier) tour au merch et nous voilà partis pour Tribulation.

Si vous êtes sensibles aux artworks à l’aspect visuels des groupes, celui de Tribulation est un vrai bonbon dont on ne se lasse pas. Visuellement on retrouve la finesse, l’onirisme et les influences gothiques du groupe.
Vus d’un peu loin au Hellfest, il s’agissait d’un des deux groupes que j’attendais le plus de la soirée (l’autre étant Watain of course, mais dans la mesure où j’ai tendance à crier mon amour immodéré pour le groupe un peu sur tous les toits, est-il besoin de le préciser ?).
Dans un genre différent je placerais l’excellente performance du groupe au même niveau que celle de Watain et donc 0 déception, que du bonheur avec le petit côté vieille rageuse et le fameux « c’était trop court ».
Pour ceux qui seraient moins familier avec le groupe, difficile de le comparer à un autre. On est dans un heureux mélange entre death mélodique très fin, black metal et accents gothiques.
Je retiendrais pour ma part l’excellent enchaînement « Nightbound », « Melancholia » et « Hamartia » (sorti juste avant le concert et dont on a pu tester tout de suite le très bon rendu en live) ainsi que le charisme évident du groupe.
Si globalement la soirée était sous le signe du rouleau compresseur, le set de Tribulation s’est quant à lui démarqué par son élégance.

Forcément changement d’ambiance avec Abbath. Je l’avoue j’ai moins suivi les dernières sorties du plus célèbre crabe – panda de la scène.
La scène il connait et on le sent bien. Il est en forme pour commencer cette tournée et prend un plaisir évident à être là. On sent aussi bien le black metal dans son set que son côté plus rock and roll (l’ombre de Bombers pas loin ?). Ca fonctionne bien, c’est plaisant mais il faut bien le dire ça se démarque finalement beaucoup du reste, presque un peu trop je dirais au goût du public qui semble plus détaché du set qu’il ne l’était de celui de Tribulation et le sera de celui de Watain.
Un petit tour du côté de la discographie d’Immortal sur la fin pour refroidir un peu l’ambiance et aussi parce que finalement c’est un peu un passage obligé qu’on est loin de bouder.
Avec le recul, je pense que le set était plutôt bienvenu en petite pause plus légère pendant la soirée et permettait mieux de profiter des uns et des autres ! Croyez bien que je me rends compte de l’ironie de la chose quand on en arrive à qualifier Abbath de « pause plus légère ».

Dernière petite pause bar/toilettes/papotage et nous voilà tous réunis de manière bien compacte pour les premières notes de la cérémonie que nous propose Watain.
Déception passagère, c’est un show (et non plus chaud … badum tsoiiiin) sans pyrotechnie que nous propose le groupe ce soir là, probablement l’unique de la tournée (hop on se console en se disant qu’on aura eu un truc unique). Après une fermeture de plusieurs années suite à un incendie, il faut croire que l’Elysée Montmartre est une salle un tantinet chatouilleuse sur le sujet (une question d’assurance peut-être ?).
Qu’à cela ne tienne, on n’a pas nécessairement besoin de tout faire cramer pour avoir une messe de qualité, n’en déplaise à quelques norvégiens dans les années 90.
Bon je ne vous cache pas que l’équation : tatouage frais sur le pied, donc ballerine ouverte et le « je me mets au bord du pit parce qu’il y a plus d’espace et une meilleure vue » ce n’était pas l’idée du siècle … mais dans des conditions où les suédois nous laissaient à peine respirer entre deux chansons pour le bien de leurs rituels, clairement je ne conseille pas si vous tenez à votre deuxième pied.
Petite anecdote, le grand costaud qui sort du pit quand Erik revient sur scène avec sa deuxième coupe de sang parce que « ah non je ne veux pas du sang sur mes chaussures » et revient pépouze quand la coupe est finalement sagement rangée sur l’autel … ça change de ceux qui viennent se caler avec des t-shirts blancs au premier rang.
Bonus non négligeable pour les fans : on est sur une setlist différente de leur concert aux chaudronneries de Montreuil pour la sortie de leur petit dernier (live toujours disponible sur Arte et youtube), mais également différente de leur prestation au Hellfest. Si vous doutiez encore de l’utilité de voir un groupe plusieurs fois dans l’année, notamment quand on a un concert en festival et l’autre en salle : voici une excellente raison.
Côté setlist donc on a bien évidemment une belle représentation du dernier album avec des morceaux comme Ecstasies in Night Infinite, the Howling, Serimosa … Mais aussi quelques classiques du groupe dont Reaping Death ou encore Malfeitor à qui il reviendra la lourde tâche de clôturer la messe du soir. On notera d’ailleurs l’absence de Stellarvore qui a bien souvent servi de morceau de clôture.
Une prestation sombre, habitée, fascinante et sauvage … avec un groupe plus qu’heureux et en pleine forme pour ce début de tournée, on en redemande !
Watain a su dans son dernier album nous monter que son black’n roll satanique avait encore beaucoup de belles et sombres choses à nous montrer.
« Il m’a paru plaisant, et d’autant plus agréable que la tâche était plus difficile d’extraire la beauté du Mal » disait Baudelaire en appendice des Fleurs du Mal, difficile de ne pas faire la comparaison avec l’œuvre de Watain aujourd’hui.