Black Label Society @ Bataclan le 08/03/2018
Neyelia
Journaliste

«C'est la tête remplie de souvenirs, et les yeux pétillants, que l'on sort de ce concert, revigoré.»

Créé 08/03/2018
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Il y a toujours des concerts qui nous tiennent à coeur, de ceux qu'on rêve de couvrir, parce qu'on est fan, ou parce que l'artiste nous renvoie à un moment particulier, à un déclic dans notre vie. Pour moi, Zakk Wylde est de ceux-là. Et bien sûr, je n'aurais pour rien au monde manqué son passage au Bataclan avec Black Label Society le 8 mars 2018.
La salle se remplit gentiment pendant que l'assemblée de photographes pépie de divers sujets plus ou moins photographiques et musicaux.
Et à peine plus de 30 minutes après notre entrée dans les lieux, les fauves sont lâchés. Monolord envahit la scène, et les photographes envahissent le pit qui leur est ce soir réservé… enfin que l'on partagera avec divers éléments techniques.

Le trio débarque tout droit de Göteborg en Suède, que l'on connaît plutôt pour ses groupes à tendance death metal (At the Gates, Avatar, et consorts) que pour du stoner aussi lourd et puissant que le son doomesque de Monolord.
Avec à peine 5 années d'existence, mais déjà trois albums studio au compteur, on peut dire que les suédois ne chôment pas ! Ils défendent actuellement « Rust », dernier né de la famille Monolord.
D'entrée de jeu, on est captivé par l'ambiance sombre que créent les lumières bleues et le son à la fois gras et planant du groupe. Avec des morceaux de plus de 5 minutes, il est d'autant plus aisé de plonger dans les abîmes tortueuses qui s'ouvrent au son de Monolord. Ici, pas de circle pit ni de chevelures endiablées, seulement une audience littéralement hypnotisée, absorbée, et quelques têtes qui se balancent en rythme.
Sur scène, Esben Willems derrière ses fûts est concentré et impliqué comme jamais, Mika Häkki malmène sa basse et offre à ceux qui se trouve face à lui un show qui contraste avec les stéréotypes du bassiste en retrait et loin des projecteurs. Quant au leader, que dis-je, au maître Thomas Jäger, il fait penser physiquement à Lemmy, et soniquement il serait malhonnête de nier un petit côté Ozzy de début de carrière, qui n'est bien sûr pas pour nous déplaire !
Tout ça crée un mélange pour le moins prenant, qui nous suspend aux notes de ce trio pendant la demi-heure attribuée, et viendra gentiment nous reposer dans une fosse qui s'est considérablement remplie entre temps.

Setlist :
1. Where Death Meets The Sea
2. Lord of Suffering
3. Rust
4. Empress Rising
La demi-heure qui va suivre est la plus pénible, celle où l'on s'impatiente, où l'adrénaline prend sa place et brûle chaque vaisseau sanguin, où l'on se prépare au combat, pour ainsi dire. Pour nous faciliter la tâche, un immense drapeau aux couleurs de la bande à Wylde, et une ambiance sonore à base de Black Sabbath et de Led Zeppelin. Il faudrait manquer de goût pour ne pas s'en délecter !

Les californiens nous présentent ce soir leur dernière pépite, « Grimmest Hits » (qui n'a rien d'un best-of, si vous vous posiez la question), la 10ème, déjà, à leur actif. C'est l'année des comptes ronds pour BLS, qui fête aussi sa 20ème année d'existence, et qui pour autant n'a pas pris une ride.

Pour attaquer, une « vieillerie » : le titre « Genocide Junkies » qui nous met direct dans l'ambiance ! Petite faiblesse personnelle, j'ai toujours été admirative de John DeServio, à la fois excellent bassiste et merveilleux showman, et il ne me fait pas mentir ce soir ! Dès les premières secondes de jeu, il se montre survolté, harangue le public, et volerait presque la vedette au chef d'orchestre, du moins jusqu'au solo ! C'est un rituel et une attente incontournable dans chaque concert de Zakk Wylde, les solos sont présents, hyper-présents même. Ennemis de la 17e case, abstenez-vous ! Pour les autres, ouvrez grand les yeux et les oreilles, et sirotez donc ce nectar de mélodie et de génie guitaristique !
De l'autre côté de la scène, notre cher Dario Lorina n'est pas en reste, question génie guitaristique, et nous délecte lui aussi de quelques merveilles. En arrière-plan, Jeff Fabb, que Zakk a récupéré il y a déjà quelques temps maintenant après son départ d'In This Moment, est absolument parfait ! On regretterait presque qu'il soit à ce point en retrait, derrière cette forteresse d'amplis Wylde Audio, qui est pourtant du meilleur effet !
Et Zakk dans tout ça, me direz-vous ? Fidèle à lui-même ! Il trône en maître sur cette scène, derrière son micro au pied décoré d'un crucifix et d'une grappe de crânes, alternant les passages au chant toujours aussi unique et émouvant, et les solos magistraux et démonstratifs. Dans le public, on ne s'en lasse pas, on en redemande, encore et encore.
La setlist est d'ailleurs bien étudiée, pour contenter chacun et chacune, les fans de la première heure comme les plus récents, sans oublier bien sûr de présenter les compositions du dernier album, dont le splendide « Trampled Down Below » ainsi que « Room of Nightmares ».
On ne fera bien sûr pas l'impasse sur le moment émotion que tout le monde attend, « In This River » et ce poignant hommage à Dimebag Darrell qui nous fera décidément toujours le même effet.
Autre incontournable du show, le solo interminable (mais délicieux) que Zakk fera en parcourant la foule, allant même jusqu'à escalader les balustrades des balcons, car tant qu'à faire, autant que tout le monde en profite !
C'est la tête remplie de souvenirs, et les yeux pétillants, que l'on sort de ce concert, revigoré.
Il serait impensable de finir sans se remémorer la devise du quatuor, qui peut devenir une vraie leçon de vie : Strength, Determination, Merciless, Forever (Force, Détermination, Impitoyable, Pour Toujours).

Setlist :
1. Genocide Junkies
2. Funeral Bell
3. Suffering Overdue
4. Bleed for Me
5. Heart of Darkness
6. Suicide Messiah
7. Trampled Down Below
8. All That Once Shined
9. Room of Nightmares
10. Bridge to Cross
11. In This River
12. The Blessed Hellride
13. A Love Unreal
14. Fire it Up
15. Concrete Jungle
16. Stillborn