Cette année est la 15e édition du festival Metal Days, qu’avez-vous ajouté à cette formule ?
Je dois avouer que nous n’ajoutons pas beaucoup de choses d’année en année, mais nous faisons des réajustements tous les ans pour corriger certaines choses. L’emplacement où nous faisons le festival est comme il est. Il est magnifique, mais en même temps compliqué et limité, car il a des allées étroites qui s’étalent partout et les fleuves et les plages qui peuvent être problématique au niveau de la législation, par exemple des festivaliers qui apporteraient trop de bières (rires) et des choses comme cela.
Je dirais qu’il y a quelques années nous avons atteint les limites de ce que nous pouvions faire et je dirais que 90 % de ce que vous verrez lors du festival d’année en année sera la même chose. Naturellement nous pouvons faire la différence avec le programme. Cette année, nous avons Judas Priest qui est le plus gros groupe que nous ayons réussi à avoir pour le moment et je crois que ce sera le changement majeur de cette année. C’est également certainement la plus grosse production que nous pouvons avoir pour notre festival. Nous avons une petite scène et il nous est impossible d’en mettre une plus grande, car il y a des lignes électriques qui passent par-dessus la scène et nous empêchent de la monter plus haut et derrière, ce que la plupart des festivaliers ne voient pas, nous ne pouvons pas mettre une dizaine de camions et de line-up parce qu’il n’y a pas la place.
Vous vous êtes fait une réputation parmi les festivals, lorsque vous l’avez créé, pensiez-vous que ça deviendrait un évènement aussi important ?
Non, pas de tout. Nous avons commencé par un petit truc sans jamais penser que je deviendrai, peu importe quoi… Je crois que c’est une combinaison entre l’écoute des visiteurs et leurs idées tout comme leurs attentes avec ma vision globale du festival. C’est comme ça qu’il a grandi et il faut que ça soit comme la première fois. Je crois que si nous n’avons pas le même enthousiasme à le faire et que ça devient un emploi ordinaire, je crois que ça signifie qu’il faut arrêter de le faire. Tant que l’on se sent comme la première fois que nous avons vu notre groupe préféré sur scène, je crois que c’est la meilleure façon de faire les choses. On ne s’y attendait et nous n’avions pas prévu cela, mais c’est bien qu’il ait grandi et la manière dont il l’a fait. Par contre, ce qui a été prévu depuis le début, j’ai toujours pensé et cela n’implique que moi et cela ne concerne pas seulement les festivals, mais toute entreprise, c’est que si on veut commencer quelque chose il faut que ça soit quelque chose que personne ne fait déjà ou il faut que tu sois meilleur que ceux qui le font déjà. De toute évidence, il y a beaucoup de festivals et vous avez les meilleurs festivals de Métal en France, et le meilleur vous l’avez : le HellFest. On ne peut pas faire mieux qu’eux, ils ont les meilleurs artistes et il est vraiment génial. C’est mon point de vue du moins, mais nous pouvons être différents et c’est ce que nous faisons. Nous faisons un festival où nous avons deux fleuves et leur plage. On peut se baigner et aller écouter un groupe 5 minutes après. Personne d’autre n’a ça.
Et en même temps il reste un festival à échelle humaine, il a le goût des vacances…
Oui, c’est notre concept. Premièrement, nous vendons seulement 12 000 billets, et jamais plus parce que nous aimons donner à nos visiteurs de l’espace et de bonnes conditions pour passer un merveilleux week-end à Tolmin, et pas seulement musicalement, et tous les à-côtés que nous proposons, parapente, canot, kayak, rafting, ou s’amuser sur la plage du festival ou tout simplement boire une bière à l’ombre de votre tente. J’ai fait beaucoup des festivals, et beaucoup d’entre eux c’est comme entrer dans un aéroport. On entre et on a plus besoin de penser. On vous prend par la main tout le long, on vous dit quoi faire. Ce n’est pas le cas de Metal Days, vous venez au festival et vous faites ce que vous voulez. C’est notre concept
Cela a l’air d’être apprécié par les visiteurs, tous les avis que j’ai lus disent que Metal Days est un festival accueillant et que cela est vraiment différent des autres festivals. Est-ce que c’est quelque chose qui vous tient à cœur ?
C’est quelque chose que nous travaillons tous les ans. Nous aimons beaucoup donner à nos visiteurs cette sensation de liberté quand ils viennent au festival. Ce n’est pas comme venir et devoir se conformer à un règlement strict. Nous aimons faire les choses différemment. Peut-être qu’en surface on peut croire que nous ne savons pas ce que nous faisons, mais ce n’est pas le cas, nous aimons que les gens fassent le festival avec nous.
Est-ce que c’est quelque chose de culturel ?
Je ne sais pas, je ne me suis jamais posé la question. Je ne peux pas dire que nous soyons les meilleurs hôtes dans le monde, je ne pense pas que ça soit lié. C’est juste les producteurs du festival qui ont décidé de faire ainsi. Je crois que c’est plus ça la raison. Il faut dire que nous avons eu une fois 63 nationalités différentes au festival et nous devons agir avec des personnes qui sont différentes des Français par exemple et nous devons plaire à tout le monde. Ce qui peut plaire à l’un peut être complètement différent pour une autre personne et nous devons trouver un équilibre.
Maintenant, parlons de la programmation. Comment sélectionnez-vous les groupes ? Est-ce que ce sont que les groupes que vous aimez ?
Non, ça serait bien, mais ce n’est pas possible. Je crois que c’est la même chose avec tous les festivals. Vous pourrez inviter que les groupes qui sont disponibles cette année-là. Si le groupe n’est pas en tournée, ça sera difficile de les avoirs. S’ils ne sont pas disponibles pour les dates de ton festival, on ne peut pas non plus. Et nous avons besoin de beaucoup d’argent pour avoir un spectacle en exclusivité et nous n’avons pas ce pouvoir financier, nous sommes trop petits. Nous regardons ce que les agents nous proposent et nous faisons notre programmation en fonction de ce que les gens demandent et ce que nous aimerions avoir parmi les groupes qui nous sont proposés et de ne pas avoir les mêmes groupes que nous avions eus l’année précédente. Ça peut paraître compliqué, mais cette année ça a été assez facile, je dois l’avouer. L’an dernier ça n’a pas été aussi facile. Je dirais que ça varie d’année en année. Il n’y a pas de recette miracle, parfois c’est facile, parfois ce ne l’est pas.
Est-ce qu’il y a un groupe que vous rêvez d’avoir ?
Moi, personnellement, j’aimerais avoir Tool, je suis un gros fan et j’aimerais bien les avoir pour moi-même. Ils sont en studio en ce moment. J’aurais peut-être une chance de les avoir l’an prochain. J’aimerais aussi avoir Tool et Alice In Chains, ce sont les groupes que j’aimerais avoir, que nous pourrions éventuellement ajouter à une programmation et j’aimerais beaucoup avoir Gojira aussi au festival, mais eux nous n’avons jamais réussi à les faire venir au festival.
Connaissant Gojira, je crois qu’ils aimeraient jouer dans ces conditions.
La mentalité de Metal Days est en accord avec celle du Métal en général et l’activisme et la mentalité de Gojira. Nous faisons vraiment attention à l’écologie et ce genre de choses. Metal Days serait un bon endroit pour célébrer les idées de Gojira. J’espère que nous pourrons le faire un jour.
Si vous deviez sélectionner les 3 meilleurs spectacles de Metal Days depuis ces débuts, ça serait quoi ?
Je crois qu’on va me détester, mais je crois que le meilleur spectacle que nous avons eu était Korn, il y a quelques années, ensuite je dirais Skindred, il y a deux ans et le dernier, laissez-moi réfléchir, il y a beaucoup de très bons spectacles, ces deux-là me viennent tout de suite à l’esprit et sortent du lot, la première fois que nous avons eu Slayer c’était génial aussi, c’était toujours Metal Camp en 2007 ou quelque chose comme ça, nous avons eu beaucoup de très bons spectacles Samael nous a fait un excellent spectacle et il y a eu aussi, mais je n’arrive plus à me rappeler quand c’était, mais nous avions eu un gros problème de météo et nous avons dû nous déplacer Opeth de la scène principale sur une secondaire et nous avons eu à ce moment-là un spectacle vraiment génial.
Je crois que Opeth est souvent à l’aise sur des plus petites scènes.
C’était vraiment génial. Opeth est un de mes groupes préférés et nous les avons accueillis déjà 3 fois à Metal Days et les 3 fois c’était de très bons spectacles. Cette fois-là en particulier quand on les a placés sur la petite scène c’était fantastique.
En Europe, il y a beaucoup de festivals, le HellFest en France, le Wacken en Allemagne, qu’est-ce qui vous rend différent des autres festivals ?
Ce qui nous rend différents est ce concept de vacances, d’avoir la musique et le festival, tout en ayant ce côté vacances. C’est ce qui nous distingue. Les deux festivals que vous avez mentionnés, si vous allez dans un festival pour la musique, alors oui pour moi le HellFest est l’endroit par excellence et il a toujours la meilleure programmation, mais si vous y aller pour un ensemble d’expériences pour trouver quelque chose de différent, et différentes choses à faire alors je pense que Metal Days est l’endroit où il faut aller.
Est-ce que vous croyez que ce concept pourrait attirer beaucoup de monde de l’étranger ?
Je dirais non, pas beaucoup de monde de l’étranger. Ce n’est pas facile de se déplacer dix jours pour un festival quand on est en vacances parce que cela impliquerait de passer la plus grosse partie de ses vacances dans le festival. On n’irait certainement pas en Indonésie pour cela. La plupart des gens travaillent toute l’année et attendent leurs vacances avec impatience, donc ils ne viendront pas que pour ça, ils veulent aussi pouvoir profiter de leur vacance et de leur intimité. D’un autre côté, à cause de notre concept ça pourrait être envisageable. Ce n’est pas vraiment évident. Je vois de plus en plus de festivals commencer à faire ce que nous avons commencé à faire il y a dix ans. Beaucoup commencent à proposer différentes choses à côté de la musique. Et il y e a aussi qui ont aussi la même base conceptuelle que nous. 50 00 tons of metal. Ils mènent leur croisade, mais nous partageons les mêmes idées. Wacken est un festival différent, mais ils partagent quand même notre manière de penser. Je pense qu’ils n’aimeront pas ce que je vais dire, mais je sais qu’ils prennent nos idées. Winternoise Festival, il y a aussi un en Espagne je crois Metal Holiday Festival combine aussi musique et vacances. Il y en a maintenant quelques-uns et c’est bien.
Avez-vous une idée de combien de personnes par nationalité vous avez ?
L’année dernière nous avons eu 63 nationalités différentes ce qui est beaucoup. Dans les étrangers, la plupart viennent d’Allemagne, ensuite viennent les Français et les Autrichiens qui sont à peu près autant l’un que l’autre et ensuite le reste. Bien entendu les pays européens sont bien représentés, la Suisse, la Belgique, les Pays-Bas, l’Espagne, le Royaume-Uni et l’Italie sont le noyau central ensuite on a un peu de tout du Venezuela à la Nouvelle-Zélande. Nous avons des personnes de Chine, du Japon, de Russie et même de Nouvelle-Calédonie, si vous connaissez.
C’est surprenant que des personnes puissent voyager autant pour la musique.
Oui, mais je ne pense pas qu’ils viennent que pour Metal Days. Ce sont des vacanciers de festival et ils font plusieurs festivals parce qu’ils ne les ont pas chez eux. Mais je suis content qu’ils choisissent aussi de venir au Metal Days.
J’ai un ami qui vit au Québec et tous les ans il se fait un voyage pour des festivals et il va aux Metal Days tous les ans.
Oui il y a aussi beaucoup de monde qui vient du Canada. Ils ont aussi leur festival, c’est quelque chose comme Heavy Montréal, et ils ont une programmation cette année à tomber par terre.
Les festivals aux États-Unis et au Canada sont toujours très gros parce qu’ils ont tous les groupes américains que nous ne pouvons pas toujours avoir en Europe. Tels que Chicago Powerfest, ou cet autre en Californie dont je ne me souviens pas du nom, mais qui a lieu à Sacramento, ils ont une programmation fantastique.
Oui, ils ont de gros groupes là-bas.
Ils peuvent avoir des groupes que nous ne pouvons pas avoir et le contraire est aussi vrai.
Un des gros problèmes des Metal Days se sont les dates. Il y a deux grandes plages de festival en Europe. Le premier est en juin, là où on retrouve tous ces gros groupes et l’autre plage de festival c’est en août et Metal Days est le premier festival dans cette seconde plage et si notre offre n’est pas assez bonne ils commencent directement avec le Wacken. Parce que Wacken, c’est un peu comme Woodstock et pour nous ça serait mieux si nos dates étaient une ou deux semaines plus tard, juste après le Wacken parce que nous pourrions faire de meilleures propositions aux groupes, mais pour différentes raisons ce n’est pas possible de le déplacer pour le moment, surtout par rapport à l’emplacement. Je ne suis pas en train de me plaindre, mais je dis seulement que si le festival venait après Wacken nous pourrions proposer une meilleure programmation.
Est-ce que vous pensez que c’est quelque chose que vous pourriez faire ?
C’est quelque chose que nous sommes en train de négocier et ça fonctionnera peut-être, nous avons déjà fait des festivals en août. La dernière fois que nous l’avons fait, c’était en 2012 et nous avons eu beaucoup de monde, mais ensuite l’organisation touristique de Tolmin nous a demandé de le faire en juillet, car il y a déjà beaucoup de touristes en août là-bas et quand on fait le festival toutes les capacités d’accueil sont prises alors les autres touristes ne peuvent pas venir. Nous devons respecter cela aussi. C’est toujours donnant-donnant.