A l'occasion de la sortie du nouvel album de Shinedown "Attention Attention" à paraitre le 20 mai prochain via Warner, nous avons rencontré son chanteur, Brent Smith. En voici quelques extraits ci-dessous.
C’était intéressant parce qu’en 2016 au cours des mois de novembre et décembre nous étions en tournée et nous étions sur la fin d’un cycle d’album. Eric ne voulait pas devenir fou avec la tournée et les journées qui sont longues en attendant d’aller sur scène. Il a décidé d’apporter avec lui ses protools sur cette tournée en particulier et il composait tous les jours.
Pas de mélodie, ni de paroles, mais seulement écrire les arrangements d’une chanson. En général, ses compositions ne faisaient pas plus de trois minutes trente et il a fini par avoir vingt-deux morceaux. Début janvier l’an dernier j’ai commencé à les écouter. Nous nous sommes finalement retrouvés tous les deux et je les ai tous écoutés les uns après les autres. C’est alors que je me suis dit qu’il y avait un fil directeur comme un album concept.
La chose intéressante dans tout cela c’est que la seule chose que nous ayons utilisée de ces vingt-deux morceaux c’est l’envoi du début de la chanson « Brillant » qui est le dernier morceau d’ « Attention Attention ». C’est à ce moment-là que l’idée d’un album concept a vu le jour, mais nous n’avons utilisé rien d’autre des vingt-deux morceaux. Tout le reste a été écrit à partir du début.
Nous ne disons pas que c’est un album concept, mais nous l’appelons un album-histoire car il est concentré sur des émotions poignantes. C’est un album qui fait une audacieuse déclaration. Il dégage beaucoup d’émotions psychologiques par rapport à ce qui se passe dans l’histoire. Les chansons font le travail. Elles font voyager l’auditeur. C’est ce que nous voulions faire. Nous ne voulions pas travailler dans la manière traditionnelle c’est-à-dire écrire une centaine de chansons, on en choisit dix et voilà. Ce que nous avons fait était beaucoup plus délibéré. Tout avait une raison.
Comme vous l’avez dit, toutes les chansons reflètent des émotions de moins en moins douloureuses et torturées, on a vraiment le sentiment qu’il est inspirant cet album. Est-ce que c’était un message qui vous était adressé quand vous avez fait l’album ?
Oui et non, mais plutôt oui. C’est un album qui nous concerne tous les 4, ça parle de moi, d’Eric, de Zach et Barry. C’est une compilation de nos quatre dernières années ensemble et du parcours que nous avons fait pour être là où nous en sommes aujourd’hui. J’ai toujours dit que nous devons tomber dans un trou pour trouver la solution pour en sortir. Je dois croire qu’avec cet album, parce qu’il n’a pas été difficile à faire ou à écrire, parce qu’il est vrai et nous avons mis beaucoup d’honnêteté dedans et nous n’avons rien ajouté de plus, tout est venu de ce qui a de vrai en nous et de situations dans lesquelles moi, Barry, Zach et Eric nous avons toujours été ensemble. Je sais tout d’eux et ils savent tout de moi.
Ce que je dois ajouter c’est qu’il n’y a pas de périodes où on ne se parle pas. Nous nous aimons, nous sommes dans le même car, toutes les deux semaines nous nous retrouvons juste tous les quatre dans une pièce et si quelqu’un a besoin de parler il le fait. Nous parlons de ce qui se passe, nous trainons souvent ensemble, mais il y a un côté psychologique aussi dans le fait d’être un groupe. Dans mes moments les plus sombres, ce sont des personnes qui ne me jugent jamais, ils sont là pour m’aider à me relever. Ils ont toujours été comme ça, très humains, et on se traite comme des êtres humains. Nous avons toujours respecté ce côté. J’agis de même avec eux. Je ne suis pas là pour les juger, mais je suis là pour les aider à se relever.
Oui, nous le devons, parce que je suis le meneur du groupe et que je prends part en grande partie à l’écriture des chansons, beaucoup de ce que nous disons passe par moi. C’est intéressant aussi sur cet album parce que c’est la première fois qu’il y avait beaucoup d’apports venant d’eux trois dans les paroles des chansons. Je leur ai posé beaucoup plus de questions, je leur ai demandé beaucoup plus leur point de vue et ils n’ont pas eu peur de me pousser dans une direction ou une autre.
Habituellement, ils me laissaient tranquilles quand il s’agissait des paroles, parce qu’ils savaient que j’allais les apporter et que j’avais ma propre façon de faire les choses et qui semblait fonctionner, donc ils me laissaient faire ce que j’avais à faire. Cette fois, j’avais besoin d’eux. Zach en particulier m’a beaucoup aidé avec les paroles sur cet album. Il m’a vraiment donné un gros coup de main. Je peux écrire sur ce que je connais, sauf si on nous demande de faire une chanson en particulier pour un film ou quelque chose comme ça, qui a déjà une histoire, je peux écrire en me basant là-dessus, mais quand il s’agit de Shinedown, c’est nous, je peux seulement écrire sur des choses que j’ai traversées, les endroits que j’ai vus et les personnes que j’ai rencontrées et je crois toujours sincèrement que tous les matins, chaque fois que je me réveille, c’est un cadeau que nous n’avons pas l’assurance de voir demain. C’est un peu le Yin et le Yang du groupe, parfois on nous demande d’où nous vient notre nom. C’est intéressant parce que le nom de notre groupe est le Yin et le Yang des émotions humaines. Parfois, on est resplendissant (Shine) et parfois on n’a pas le moral (down). Tout ce qui est bon a une partie de mal et tout ce qui est mal a une partie de bon. Ce que j’essaie de dire c’est que tout est un équilibre.
Oui, absolument. Je ne veux pas garder tout à l’intérieur. J’ai commencé à écrire très jeune et pour n’importe quelle raison. Je ne sais vraiment pourquoi et je ne me pose pas vraiment la question non plus. Je le fais, c’est tout. Je le fais depuis que j’ai quelque chose comme huit ans. Et pour une raison que je ne connais pas j’ai réussi à dépeindre sur papier et tout en faisant en sorte que ça ait du sens et un jour, je me suis rendu compte que je pourrais être capable de chanter. Je voulais vraiment chanter quand j’étais petit. J’ai su que je voulais être chanteur vraiment très jeune. Je me suis donc mis à crier et chanter fort sans aucune peur ce que j’écrivais. Cela fait partie de ce que je fais. Ça ne m’étonne pas vraiment que des personnes viennent me dire que j’ai pu exprimer ce qu’ils ressentaient de différentes manières. On m’a dit que j’étais très apprécié pour cela. Par contre d’un autre côté j’ai qu’un patron et c’est chaque personne dans l’audience, je ne serais pas là sans eux. La dernière chose à faire serait de leur mentir. Je serai toujours honnête envers eux.
Je crois que la plupart du temps, du moins sur les cinq derniers albums, on part en tournée et elle se termine, mais elles peuvent durer. Nous sommes en tournée en général environ 18 mois. Notre plus longue tournée a duré 37 mois, pour l’album The Sound of Madness. Pour Amarylis c’était 24 mois. Pour Threat to Survival, nous avons fait notre dernier spectacle en novembre l’an dernier. Nous avons tourné tout le temps et ça allait avec cet album quand nous avons joué pour le festival Download en 2016, Steve Harris de Iron Maiden nous a vus jouer sur la scène principale, il nous a demandé si on voulait partir en tournée avec eux en 2017 et là je me suis dit VRAIMENT ? Pour faire une histoire courte d’une histoire longue, c’est arrivé ! On a passé 44 jours avec eux l’an dernier en janvier. C’était cool parce que nous savions que nous allions commencer le processus d’écriture pour ce qui allait devenir « Attention Attention ».
Habituellement, nous aurions dû passer toute l’année pour faire cet album. Mais tu es comme dans une cave. Tu es en studio, tu ne vois pas la lumière, tu ne sais même pas quelle heure il est. On travaille parfois 18 heures, on y dort même occasionnellement. Il arrive qu’on y reste pendant cinq jours. Je ne voulais pas faire ça cette fois-ci. Je voulais avoir de la perspective. Je ne voulais pas rester cloîtré dans un même environnement en permanence. Je crois que c’est en partie pour ça que quand nous sommes revenus travailler dessus il n’a pas été si difficile à écrire. Ce n’était pas comme se forcer à avoir des idées tous les jours dans ce même endroit. Nous pouvions nous arrêter, aller faire quelques spectacles et quand nous revenions nous étions plus frais, les idées plus claires, et on était plus disposés à reprendre l’écriture. Cela nous a aidés à rester concentrés sur l’album.
J’essaie de me rappeler de la présentation de la plupart des chansons. Beaucoup d’entre elles sont venues avec les valeurs essentielles. Nous débutions tôt dans la journée, beaucoup de chanson où Eric et moi avons travaillé, il arrivait avec une idée qu’il avait eue dans la nuit précédente avec laquelle il avait commencé à jouer un peu avec et il arrivait au studio vers neuf heures le matin. Il me jouait quelque chose, il en mettait un peu trop, et ensuite nous commencions à nous emparer de l’acoustique, ou l’air au piano, ensuite nous décortiquions tout pour trouver ce qu’il y avait au cœur de cette chanson, ce qu’elle était. Cela me permettait de me concentrer sur la mélodie. Je n’ai pas toujours besoin de l’ensemble, les percussions, les guitares, les synthétiseurs, parfois, je leur demande juste de me jouer ce qu’il y a à la base, les racines de la chanson pour que je puisse voir où mon esprit se dirige mélodiquement. Ce qui arrive, habituellement, les paroles me viennent naturellement à partir de la mélodie. Évidemment, lorsque nous commençons à donner forme à la chanson, à tracer la ligne directrice, Zach et Barry nous rejoignent et nous entreprenons de lui donner des formes et c’est à ce moment-là que la chanson commence à te parler un peu. Par contre, je dois pouvoir être capable de sortir la mélodie de l’ensemble. Ensuite, les mots vont venir et nous créons la chanson. En faisant cela, l’état d’esprit de la chanson va commencer à apparaître. Une fois que cela arrive, je n’ai plus rien à faire.
La chose vraiment stupéfiante dans nos carrières, c’est que nous avons eu la chance d’avoir de très bons professeurs. Nous avons travaillé avec des producteurs formidables, des ingénieurs brillants. Quand nous en sommes venus à la question du producteur, nous avons su instinctivement qu’il était prêt pour le faire. Eric a produit « Cut the Cord », il a aussi produit Alice, une chanson pour le film Alice au Pays des Merveilles avec Johnny Depp et Tim Burton dans leur version où ils ont revu cette histoire, nous avons une chanson dans le tout premier Avengers. Il avait déjà produit des chansons auparavant, en plus d’en avoir écrit des chansons pour les albums, mais il n’avait jamais fait d’album complet. Il était prêt et il voulait le faire. Il savait exactement ce qu’il allait faire et comment il allait le faire et même comment nous pourrions nous faciliter la vie les uns les autres.
Parfois quand on rencontre des artistes de genre musical différent qui le font, mais dans les groupes de rock, hard rock ou de heavy métal, car il s’agit de toute une communauté et tout le monde a ses propres idées, on dit généralement que ce n’est pas une bonne idée de s’autoproduire en tant que groupe, que ça ne fonctionne pas. Parce que vous êtes trop liés les uns les autres et une fois que vous le livrez au public, et parce que nous n’aurions pas eu d’avis extérieur, il n’aurait pas l’effet escompté. Nous ne nous soucions pas de ça. Et d’un autre côté, nous savions exactement ce que nous allions faire. Nous savions comment il devait sonner. Il a produit l’album, avec moi, mais il est le producteur principal, il a fait le mixage. J’étais avec lui pour faire tout cela tout comme Zach et Barry.
À un certain point, Zach et Barry nous ont laissés travailler pour que nous puissions nous assurer que garder les intentions originales, ce que nous avions décidé de faire. Eric n’a jamais eu d’hésitations et il n’était pas là en train de tourner en rond en se grattant la tête se demandant si ça devrait être fait comme-ci ou comme-ça. Tous les jours, il avait un objectif précis. Il était notre capitaine de ce projet en particulier. Nous lui avons fait complètement confiance. Il a fait un merveilleux travail ! Croyez-moi, certains jours, je le regardais seulement faire et on ne peut pas t’enseigner à faire ça, cet instinct.
Il y a aussi ça, il arrive à faire fonctionner cette partie de sa tête et à la mettre en sommeil. Il arrive à être le membre du groupe, à être sur scène et il sait aussi être cet artiste quand il est en studio, à être un ingénieur ou encore le producteur. Il sait comment parler à Barry quand il fait les pistes pour la batterie, il sait comment me parler quand je fais les voix, parce que j’ai beaucoup travaillé avec lui, la même chose avec Zach.
Je vais vous donner un exemple : avec Zach, il y a eu un jour où je pense qu’Eric essayait juste de le taquiner, et Zach jouait sa partie et Eric lui disait de recommencer, de recommencer et de recommencer… et Zach a fini par lui dire : « Prends ma guitare et joue, toi ! » Ensuite, Eric lui a dit : « Non, c’est toi qui joue ». Il s’est mis à rire et Zach était frustré et lui a dit qu’il ne voulait plus jouer de la guitare pour le moment. Eric lui a dit : « C’est une bonne idée, attends une seconde ». Il s’est retourné et est allé chercher une basse. Il en a pris une. Il retourne vers Zach et la lui donne. Zach lui demande ce qu’il fait et Eric lui dit de jouer de la basse. Il enregistre et il fait quelque chose comme trois prises sur cette chanson et après Eric a dit : « C’est bon, on peut passer à une autre chanson ». On s’est retrouvé avec Zach qui jouait de la guitare basse. C’est tellement impressionnant. Il lui a fait jouer son instrument. C’était vraiment sympa à voir.
Il nous est arrivé quelque chose comme ça avec les voix. Il ne voulait pas m’épuiser. Il regardait toutes les structures. Je savais ce que je devais faire. Nous présentions la chanson, couplet, l’avant-refrain, le refrain, couplet, l’avant-refrain, le refrain, bridge, etc. Je connaissais la chanson. Je ne chantais pas le couplet une cinquantaine de fois avant de passer au second. Je le faisais deux trois fois puis on passait au deuxième, on faisait quelques prises puis on passait à la suite. On faisait le refrain. Je le faisais une fois et il me demandait de le refaire. Il le mettait de côté et on passait à la suite. Parce qu’il voulait que je reste frais. Il ne voulait pas m’épuiser pour que je donne des sons qui ne sonneraient pas juste. Même si à quelques reprises sur l’album, il voulait entendre ce ton dans ma voix. Une certaine tension si vous voulez. Nous avons fait quelques trucs comme ça de temps en temps, mais il savait seulement ce qu’il faisait. Il est vraiment bon.
Je crois que le fait que je comprends entièrement que je suis ici pour servir l’audience et ceux qui nous écoutent. Je ne veux pas que les gens aient peur de l’échec. Ce que je veux dire par là c’est que le monde est compliqué, il ne faut pas avoir peur d’échouer parce qu’éventuellement, si on continue de se relever, et que l'on continue d’essayer, et que tu gardes l’idée en tête, vous finirez par gagner. Je sais parce que je l’ai vu. C’est quelque chose de réellement fort quand les gens finissent par comprendre ça. Oui, vous connaîtrez des échecs, mais je vous garantis que vous gagnerez. Quand vous échouez, vous devez continuer à essayer, jusqu’à ce que vous obteniez ce que vous vouliez.
Je crois que cela fait partie du fait d’être humain. Et parfois, il y a tellement de voix extérieures et d’opinions. « Vous devriez faire ceci, vous devriez être cela. » Soyez vous-même. Commencez par ça. Commencez avec vous. Parce qu’au final, quand vous vous levez le matin, la première personne que vous verrez c’est vous. Si vous ne pouvez pas vous rendre heureux, et bien dans votre peau, vous ne pourrez jamais faire cela pour quelqu’un d’autre. Je ne vous dis pas ça pour que vous soyez heureux tout seul. Je ne fais pas de sermons. Je veux seulement dire aux gens que ce n’est pas grave d’échouer. Parce qu’éventuellement, vous gagnerez. Je veux aussi dire aux gens que quand vous réussissez, prenez le temps d’être fier de vous. Essayez de ne pas tout garder à l’intérieur ni de trop en faire. Je crois qu’il n’y a pas de plafonds, ni dans les tops, mais j’essaie toujours de ne pas surfaire ce que j’ai accompli. J’ai gravi de nombreuses montagnes et j’ai pris le temps de prendre une grande inspiration pour savourer le moment. Ensuite, je pars chercher une plus grosse montagne.
Retrouvez l'interview complète ci-dessous.
Traduction : Catherine Tessier (http://translateng.e-monsite.com/)
Trois ans après Threat to Survival, vous revenez avec un nouvel album « Attention Attention » qui nous met dans la peau d’un personnage qui traverse des émotions. Eric a dit qu’il voulait que l’album soit comme un voyage, est-ce que vous diriez que c’est un album concept ?
C’était intéressant parce qu’en 2016 au cours des mois de novembre et décembre nous étions en tournée et nous étions sur la fin d’un cycle d’album. Eric ne voulait pas devenir fou avec la tournée et les journées qui sont longues en attendant d’aller sur scène. Il a décidé d’apporter avec lui ses protools sur cette tournée en particulier et il composait tous les jours.
Pas de mélodie, ni de paroles, mais seulement écrire les arrangements d’une chanson. En général, ses compositions ne faisaient pas plus de trois minutes trente et il a fini par avoir vingt-deux morceaux. Début janvier l’an dernier j’ai commencé à les écouter. Nous nous sommes finalement retrouvés tous les deux et je les ai tous écoutés les uns après les autres. C’est alors que je me suis dit qu’il y avait un fil directeur comme un album concept.
La chose intéressante dans tout cela c’est que la seule chose que nous ayons utilisée de ces vingt-deux morceaux c’est l’envoi du début de la chanson « Brillant » qui est le dernier morceau d’ « Attention Attention ». C’est à ce moment-là que l’idée d’un album concept a vu le jour, mais nous n’avons utilisé rien d’autre des vingt-deux morceaux. Tout le reste a été écrit à partir du début.
Nous ne disons pas que c’est un album concept, mais nous l’appelons un album-histoire car il est concentré sur des émotions poignantes. C’est un album qui fait une audacieuse déclaration. Il dégage beaucoup d’émotions psychologiques par rapport à ce qui se passe dans l’histoire. Les chansons font le travail. Elles font voyager l’auditeur. C’est ce que nous voulions faire. Nous ne voulions pas travailler dans la manière traditionnelle c’est-à-dire écrire une centaine de chansons, on en choisit dix et voilà. Ce que nous avons fait était beaucoup plus délibéré. Tout avait une raison.
Comme vous l’avez dit, toutes les chansons reflètent des émotions de moins en moins douloureuses et torturées, on a vraiment le sentiment qu’il est inspirant cet album. Est-ce que c’était un message qui vous était adressé quand vous avez fait l’album ?
Oui et non, mais plutôt oui. C’est un album qui nous concerne tous les 4, ça parle de moi, d’Eric, de Zach et Barry. C’est une compilation de nos quatre dernières années ensemble et du parcours que nous avons fait pour être là où nous en sommes aujourd’hui. J’ai toujours dit que nous devons tomber dans un trou pour trouver la solution pour en sortir. Je dois croire qu’avec cet album, parce qu’il n’a pas été difficile à faire ou à écrire, parce qu’il est vrai et nous avons mis beaucoup d’honnêteté dedans et nous n’avons rien ajouté de plus, tout est venu de ce qui a de vrai en nous et de situations dans lesquelles moi, Barry, Zach et Eric nous avons toujours été ensemble. Je sais tout d’eux et ils savent tout de moi.
Ce que je dois ajouter c’est qu’il n’y a pas de périodes où on ne se parle pas. Nous nous aimons, nous sommes dans le même car, toutes les deux semaines nous nous retrouvons juste tous les quatre dans une pièce et si quelqu’un a besoin de parler il le fait. Nous parlons de ce qui se passe, nous trainons souvent ensemble, mais il y a un côté psychologique aussi dans le fait d’être un groupe. Dans mes moments les plus sombres, ce sont des personnes qui ne me jugent jamais, ils sont là pour m’aider à me relever. Ils ont toujours été comme ça, très humains, et on se traite comme des êtres humains. Nous avons toujours respecté ce côté. J’agis de même avec eux. Je ne suis pas là pour les juger, mais je suis là pour les aider à se relever.
C’est album semble très personnel pour vous en tant que groupe. Trouvez-vous toujours votre inspiration de vos propres émotions et expériences ?
Oui, nous le devons, parce que je suis le meneur du groupe et que je prends part en grande partie à l’écriture des chansons, beaucoup de ce que nous disons passe par moi. C’est intéressant aussi sur cet album parce que c’est la première fois qu’il y avait beaucoup d’apports venant d’eux trois dans les paroles des chansons. Je leur ai posé beaucoup plus de questions, je leur ai demandé beaucoup plus leur point de vue et ils n’ont pas eu peur de me pousser dans une direction ou une autre.
Habituellement, ils me laissaient tranquilles quand il s’agissait des paroles, parce qu’ils savaient que j’allais les apporter et que j’avais ma propre façon de faire les choses et qui semblait fonctionner, donc ils me laissaient faire ce que j’avais à faire. Cette fois, j’avais besoin d’eux. Zach en particulier m’a beaucoup aidé avec les paroles sur cet album. Il m’a vraiment donné un gros coup de main. Je peux écrire sur ce que je connais, sauf si on nous demande de faire une chanson en particulier pour un film ou quelque chose comme ça, qui a déjà une histoire, je peux écrire en me basant là-dessus, mais quand il s’agit de Shinedown, c’est nous, je peux seulement écrire sur des choses que j’ai traversées, les endroits que j’ai vus et les personnes que j’ai rencontrées et je crois toujours sincèrement que tous les matins, chaque fois que je me réveille, c’est un cadeau que nous n’avons pas l’assurance de voir demain. C’est un peu le Yin et le Yang du groupe, parfois on nous demande d’où nous vient notre nom. C’est intéressant parce que le nom de notre groupe est le Yin et le Yang des émotions humaines. Parfois, on est resplendissant (Shine) et parfois on n’a pas le moral (down). Tout ce qui est bon a une partie de mal et tout ce qui est mal a une partie de bon. Ce que j’essaie de dire c’est que tout est un équilibre.
Votre écriture est très vraie, trouvez-vous qu’écrire à propos d’émotions c’est écrire sur la vie ?
Oui, absolument. Je ne veux pas garder tout à l’intérieur. J’ai commencé à écrire très jeune et pour n’importe quelle raison. Je ne sais vraiment pourquoi et je ne me pose pas vraiment la question non plus. Je le fais, c’est tout. Je le fais depuis que j’ai quelque chose comme huit ans. Et pour une raison que je ne connais pas j’ai réussi à dépeindre sur papier et tout en faisant en sorte que ça ait du sens et un jour, je me suis rendu compte que je pourrais être capable de chanter. Je voulais vraiment chanter quand j’étais petit. J’ai su que je voulais être chanteur vraiment très jeune. Je me suis donc mis à crier et chanter fort sans aucune peur ce que j’écrivais. Cela fait partie de ce que je fais. Ça ne m’étonne pas vraiment que des personnes viennent me dire que j’ai pu exprimer ce qu’ils ressentaient de différentes manières. On m’a dit que j’étais très apprécié pour cela. Par contre d’un autre côté j’ai qu’un patron et c’est chaque personne dans l’audience, je ne serais pas là sans eux. La dernière chose à faire serait de leur mentir. Je serai toujours honnête envers eux.
Vous avez traversé beaucoup de choses au cours des dernières tournées. Avez-vous ressenti le besoin d’écrire cet album en tournée ?
Je crois que la plupart du temps, du moins sur les cinq derniers albums, on part en tournée et elle se termine, mais elles peuvent durer. Nous sommes en tournée en général environ 18 mois. Notre plus longue tournée a duré 37 mois, pour l’album The Sound of Madness. Pour Amarylis c’était 24 mois. Pour Threat to Survival, nous avons fait notre dernier spectacle en novembre l’an dernier. Nous avons tourné tout le temps et ça allait avec cet album quand nous avons joué pour le festival Download en 2016, Steve Harris de Iron Maiden nous a vus jouer sur la scène principale, il nous a demandé si on voulait partir en tournée avec eux en 2017 et là je me suis dit VRAIMENT ? Pour faire une histoire courte d’une histoire longue, c’est arrivé ! On a passé 44 jours avec eux l’an dernier en janvier. C’était cool parce que nous savions que nous allions commencer le processus d’écriture pour ce qui allait devenir « Attention Attention ».
Habituellement, nous aurions dû passer toute l’année pour faire cet album. Mais tu es comme dans une cave. Tu es en studio, tu ne vois pas la lumière, tu ne sais même pas quelle heure il est. On travaille parfois 18 heures, on y dort même occasionnellement. Il arrive qu’on y reste pendant cinq jours. Je ne voulais pas faire ça cette fois-ci. Je voulais avoir de la perspective. Je ne voulais pas rester cloîtré dans un même environnement en permanence. Je crois que c’est en partie pour ça que quand nous sommes revenus travailler dessus il n’a pas été si difficile à écrire. Ce n’était pas comme se forcer à avoir des idées tous les jours dans ce même endroit. Nous pouvions nous arrêter, aller faire quelques spectacles et quand nous revenions nous étions plus frais, les idées plus claires, et on était plus disposés à reprendre l’écriture. Cela nous a aidés à rester concentrés sur l’album.
Vous nous avez dit que vous aviez besoin de plus d’apports des autres membres du groupe cette fois-ci. Est-ce que cela a impliqué de devoir écrire des paroles en fonction de ce qu’ils écrivaient musicalement ?
J’essaie de me rappeler de la présentation de la plupart des chansons. Beaucoup d’entre elles sont venues avec les valeurs essentielles. Nous débutions tôt dans la journée, beaucoup de chanson où Eric et moi avons travaillé, il arrivait avec une idée qu’il avait eue dans la nuit précédente avec laquelle il avait commencé à jouer un peu avec et il arrivait au studio vers neuf heures le matin. Il me jouait quelque chose, il en mettait un peu trop, et ensuite nous commencions à nous emparer de l’acoustique, ou l’air au piano, ensuite nous décortiquions tout pour trouver ce qu’il y avait au cœur de cette chanson, ce qu’elle était. Cela me permettait de me concentrer sur la mélodie. Je n’ai pas toujours besoin de l’ensemble, les percussions, les guitares, les synthétiseurs, parfois, je leur demande juste de me jouer ce qu’il y a à la base, les racines de la chanson pour que je puisse voir où mon esprit se dirige mélodiquement. Ce qui arrive, habituellement, les paroles me viennent naturellement à partir de la mélodie. Évidemment, lorsque nous commençons à donner forme à la chanson, à tracer la ligne directrice, Zach et Barry nous rejoignent et nous entreprenons de lui donner des formes et c’est à ce moment-là que la chanson commence à te parler un peu. Par contre, je dois pouvoir être capable de sortir la mélodie de l’ensemble. Ensuite, les mots vont venir et nous créons la chanson. En faisant cela, l’état d’esprit de la chanson va commencer à apparaître. Une fois que cela arrive, je n’ai plus rien à faire.
Pour ce qui a trait de la production, c’est Eric qui en était responsable. Pourquoi avez-vous décidé de garder qu’un point de vue venant de l’intérieur ?
La chose vraiment stupéfiante dans nos carrières, c’est que nous avons eu la chance d’avoir de très bons professeurs. Nous avons travaillé avec des producteurs formidables, des ingénieurs brillants. Quand nous en sommes venus à la question du producteur, nous avons su instinctivement qu’il était prêt pour le faire. Eric a produit « Cut the Cord », il a aussi produit Alice, une chanson pour le film Alice au Pays des Merveilles avec Johnny Depp et Tim Burton dans leur version où ils ont revu cette histoire, nous avons une chanson dans le tout premier Avengers. Il avait déjà produit des chansons auparavant, en plus d’en avoir écrit des chansons pour les albums, mais il n’avait jamais fait d’album complet. Il était prêt et il voulait le faire. Il savait exactement ce qu’il allait faire et comment il allait le faire et même comment nous pourrions nous faciliter la vie les uns les autres.
Parfois quand on rencontre des artistes de genre musical différent qui le font, mais dans les groupes de rock, hard rock ou de heavy métal, car il s’agit de toute une communauté et tout le monde a ses propres idées, on dit généralement que ce n’est pas une bonne idée de s’autoproduire en tant que groupe, que ça ne fonctionne pas. Parce que vous êtes trop liés les uns les autres et une fois que vous le livrez au public, et parce que nous n’aurions pas eu d’avis extérieur, il n’aurait pas l’effet escompté. Nous ne nous soucions pas de ça. Et d’un autre côté, nous savions exactement ce que nous allions faire. Nous savions comment il devait sonner. Il a produit l’album, avec moi, mais il est le producteur principal, il a fait le mixage. J’étais avec lui pour faire tout cela tout comme Zach et Barry.
À un certain point, Zach et Barry nous ont laissés travailler pour que nous puissions nous assurer que garder les intentions originales, ce que nous avions décidé de faire. Eric n’a jamais eu d’hésitations et il n’était pas là en train de tourner en rond en se grattant la tête se demandant si ça devrait être fait comme-ci ou comme-ça. Tous les jours, il avait un objectif précis. Il était notre capitaine de ce projet en particulier. Nous lui avons fait complètement confiance. Il a fait un merveilleux travail ! Croyez-moi, certains jours, je le regardais seulement faire et on ne peut pas t’enseigner à faire ça, cet instinct.
Il y a aussi ça, il arrive à faire fonctionner cette partie de sa tête et à la mettre en sommeil. Il arrive à être le membre du groupe, à être sur scène et il sait aussi être cet artiste quand il est en studio, à être un ingénieur ou encore le producteur. Il sait comment parler à Barry quand il fait les pistes pour la batterie, il sait comment me parler quand je fais les voix, parce que j’ai beaucoup travaillé avec lui, la même chose avec Zach.
Je vais vous donner un exemple : avec Zach, il y a eu un jour où je pense qu’Eric essayait juste de le taquiner, et Zach jouait sa partie et Eric lui disait de recommencer, de recommencer et de recommencer… et Zach a fini par lui dire : « Prends ma guitare et joue, toi ! » Ensuite, Eric lui a dit : « Non, c’est toi qui joue ». Il s’est mis à rire et Zach était frustré et lui a dit qu’il ne voulait plus jouer de la guitare pour le moment. Eric lui a dit : « C’est une bonne idée, attends une seconde ». Il s’est retourné et est allé chercher une basse. Il en a pris une. Il retourne vers Zach et la lui donne. Zach lui demande ce qu’il fait et Eric lui dit de jouer de la basse. Il enregistre et il fait quelque chose comme trois prises sur cette chanson et après Eric a dit : « C’est bon, on peut passer à une autre chanson ». On s’est retrouvé avec Zach qui jouait de la guitare basse. C’est tellement impressionnant. Il lui a fait jouer son instrument. C’était vraiment sympa à voir.
Il nous est arrivé quelque chose comme ça avec les voix. Il ne voulait pas m’épuiser. Il regardait toutes les structures. Je savais ce que je devais faire. Nous présentions la chanson, couplet, l’avant-refrain, le refrain, couplet, l’avant-refrain, le refrain, bridge, etc. Je connaissais la chanson. Je ne chantais pas le couplet une cinquantaine de fois avant de passer au second. Je le faisais deux trois fois puis on passait au deuxième, on faisait quelques prises puis on passait à la suite. On faisait le refrain. Je le faisais une fois et il me demandait de le refaire. Il le mettait de côté et on passait à la suite. Parce qu’il voulait que je reste frais. Il ne voulait pas m’épuiser pour que je donne des sons qui ne sonneraient pas juste. Même si à quelques reprises sur l’album, il voulait entendre ce ton dans ma voix. Une certaine tension si vous voulez. Nous avons fait quelques trucs comme ça de temps en temps, mais il savait seulement ce qu’il faisait. Il est vraiment bon.
Cet album est très encourageant. Est-ce que vous pensez que c’est votre rôle ou votre mission en tant qu’artiste d’aider les autres avec leurs problèmes ?
Je crois que le fait que je comprends entièrement que je suis ici pour servir l’audience et ceux qui nous écoutent. Je ne veux pas que les gens aient peur de l’échec. Ce que je veux dire par là c’est que le monde est compliqué, il ne faut pas avoir peur d’échouer parce qu’éventuellement, si on continue de se relever, et que l'on continue d’essayer, et que tu gardes l’idée en tête, vous finirez par gagner. Je sais parce que je l’ai vu. C’est quelque chose de réellement fort quand les gens finissent par comprendre ça. Oui, vous connaîtrez des échecs, mais je vous garantis que vous gagnerez. Quand vous échouez, vous devez continuer à essayer, jusqu’à ce que vous obteniez ce que vous vouliez.
Je crois que cela fait partie du fait d’être humain. Et parfois, il y a tellement de voix extérieures et d’opinions. « Vous devriez faire ceci, vous devriez être cela. » Soyez vous-même. Commencez par ça. Commencez avec vous. Parce qu’au final, quand vous vous levez le matin, la première personne que vous verrez c’est vous. Si vous ne pouvez pas vous rendre heureux, et bien dans votre peau, vous ne pourrez jamais faire cela pour quelqu’un d’autre. Je ne vous dis pas ça pour que vous soyez heureux tout seul. Je ne fais pas de sermons. Je veux seulement dire aux gens que ce n’est pas grave d’échouer. Parce qu’éventuellement, vous gagnerez. Je veux aussi dire aux gens que quand vous réussissez, prenez le temps d’être fier de vous. Essayez de ne pas tout garder à l’intérieur ni de trop en faire. Je crois qu’il n’y a pas de plafonds, ni dans les tops, mais j’essaie toujours de ne pas surfaire ce que j’ai accompli. J’ai gravi de nombreuses montagnes et j’ai pris le temps de prendre une grande inspiration pour savourer le moment. Ensuite, je pars chercher une plus grosse montagne.
Retrouvez l'interview complète ci-dessous.
Traduction : Catherine Tessier (http://translateng.e-monsite.com/)