Pour la sortie du cinquième album de Monolord intitulé YOUR TIME TO SHINE, j'ai pu m'entretenir avec Mika Häkki, le bassiste du groupe. Au cours de notre entretien, Mika me précise qu’il n’a pas été en tournée depuis exactement deux ans; que c’était à Mexico et qu’il n’est jamais resté aussi longtemps sans faire un concert depuis ses 15 ans !
Quel est le secret de Monolord pour avoir un line-up inchangé depuis la création du groupe ?
C’est probablement parce que nous sommes 3. C’est plus facile pour trouver le bon équilibre. On se connait bien, on communique facilement et on prend soin de nous mutuellement. On se respecte. On respecte nos valeurs, nos principes. On connaît nos limites. On essaie toujours de trouver le bon compromis dans nos échanges et dans notre travail. Du coup c’est clairement plus facile que dans des groupes ayant 5 ou 6 membres. Ce n’est pas facile car les musiciens sont des artistes, des créatifs avec de forts tempéraments.
Monolord est un groupe très prolifique avec en moyenne un album tous les deux ans. Où puisez-vous votre inspirations ?
Indépendamment de la pandémie, nous sommes toujours en train de travailler. On a toujours de nouvelles idées, on tâche de donner le meilleur de nous-mêmes, on essaie de nouvelles choses; on ne s’arrête jamais. Nous avons tous des jobs alimentaires mais on ne bosse pas 40h/semaine du coup ça nous laisse beaucoup de temps pour composer. On passe donc beaucoup de temps sur la créativité.
Plus généralement, comment se passe la création d’un album ?
Nous avons tous travaillé pour la composition des trois premiers albums; mais pour les deux derniers, toutes les chansons ont été écrites par Thomas (chant, guitare). Esben et moi sommes intervenus dans la production de l’album.
Vous êtes chez Relapse Records depuis « No Comfort », comment s’est fait ce partenariat et comment se passe votre relation avec ce label prestigieux ?
Monolord a débuté comme un petit projet et nous avons grossi très vite. Nous savions ce que nous voulions, où nous voulions aller et Relapse nous a offert cette opportunité de nous développer. Ils ont une équipe qui travaille très dur, qui croit en ses artistes; la communication est très simple du coup c’est très facile de bosser avec eux. La promotion est efficace, le label propose de supers produits et package pour faire vendre le disque. Nous avons des interviews programmés pour les US comme pour l’Europe.
Si tu devais comparer « No Comfort » et « Your Time to Shine », quelle évolution y a t il entre les deux albums ?
« No Comfort » déploie une atmosphère organique et reste dans la continuité de « Rust ». Nous travaillons toujours nos albums entre les tournées. Nous avons toujours eu ce procédé car nous n’avions pas de temps. Avec la pandémie, c’est la première fois que nous avions du temps devant nous. Nous avons pris le temps d’écrire les chansons; nous avons pu les comparer entre elles. Nous avons pu nous attacher à chaque détail qui nous semblait important. C’était la première fois que nous n’avions pas de tournées en cours ou prévues; ça nous a permis de nous concentrer à fond sur le disque. Nous avons saisi cette chance pour donner le meilleur de nous-mêmes dans la composition de cet album. Nous avons pu peaufiner les lignes de basse, les blasts de la batterie, l’ambiance, le son. La mélodie de la guitare, l’harmonie de l’ensemble nous ont rappelé les sonorités nostalgiques du black album de Metallica. Du coup ce nouvel album est un peu différent mais ça reste du Monolord. C’est un peu plus mélancolique. Nous avons toujours une approche mélancolique dans notre musique mais ici, c’est physiquement que l’on ressent la tristesse.
Est-ce que la pandémie a eu une influence sur votre musique, sur les paroles de ce nouvel album ?
Non, pas spécialement même si le confinement nous a grandement affecté.
Nous pouvons remarquer une différence avec « No Comfort » dans le design de l’artwork avec ce lapin mort entouré d’une couronne de fleurs fraiches.
En fait, nous sommes abonnés à de nombreux artistes sur Facebook, Instagram. Pour « No Comfort », par exemple, ma femme est une artiste et fait partie de ce type de groupes. C’est en les suivant que nous sommes tombés sur l’artiste qui a fait la pochette de cet album. Pour « Your Time to Shine », nous étions tous les trois à suivre ces groupes d’artistes,. Nous avons porté notre dévolu sur un artiste anglais qui met en valeur, des oiseaux morts, des rats morts, des lapins morts. Le lapin de la pochette est un de ses animaux et lorsqu’il est mort, il l’a magnifié avec les jolies fleurs que l’on voit sur la pochette. On a trouvé qu’il y a quelque chose de beau dans ce rituel. Comme une combinaison entre la mort qui est sombre et les fleurs qui apportent de la couleur comme la vie. Ca symbolise la vie.
A propos des paroles, racontez-vous une histoire ? Ou chaque chanson est indépendante ?
Ce n’est pas une histoire mais les textes restent misanthropiques. De plus, nous sommes particulièrement concernés par la posture de nos leaders politiques. Nous essayons de donner des opinions plus heureuses que celles que l’on nous sert.
A propos de la chanson « The Siren of Yersinia », de quoi il en retourne ?
Yersinia fait référence à la peste et nous trouvons que nous vivons dans une période toxique comme a pu l'être la peste. C’est une chanson très triste qui parle de la fin du monde. Elle est en opposition avec la chanson introductive qui est la chanson la plus courte et la plus dynamique de l’album.
Quelques mots à propos des prochaines dates de concert. Vous êtes en tournée européenne en novembre. Je suppose que vous êtes très excités (le groupe) ! Quelles sensations éprouves-tu ?
Nous sommes super excités à l’idée de remonter sur scène après près de deux ans ! Nous ne savons pas vraiment à quoi nous attendre. Nous ne savons pas s’il y aura du monde ou pas. J’ai un ami qui est « tour manager ». Il a organisé une tournée le mois dernier au Japon et il y a trois semaines au Royaume-Uni; il me racontait que suivant les dates, c’est très aléatoire. Il y a des soirs où tu as 150 personnes, d’autres où tu en as 50 et d’autres où c’est complet.
Avez-vous préparé la setlist et si oui, combien de titres comptez-vous jouer ?
La setlist est prête et nous jouerons assez de titres pour faire le show. Nous l’aimons et nous sommes prêts pour l’interpréter !