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BELPHEGOR, l'interview promo de ''Totenritual''

United Rock Nations
Death/Black Metal
21/09/2017
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Tout d’abord, on se demandait pourquoi vous aviez changé de nom de groupe, passant de Betrayer à Belphegor, au début de votre carrière ?



Helmuth : À l’époque, il y avait deux autres groupes qui s’appelaient déjà Betrayer. D’ailleurs, je suis heureux de ce changement, parce que Betrayer était un nom ennuyeux ! Nous avions d’abord changé pour Purgatory pour six mois, jusqu’à ce qu’on s’aperçoive qu’il y avait encore un groupe qui s’appelait comme cela. À l’époque, il n’y avait pas d’internet, pas de Google, que des magazines mensuels.

Le nom Belphegor est tiré de la mythologie mésopotamienne et sumérienne, et auparavant on disait plutôt Baal-Peor. Les écrits les plus anciens parlent de ce dieu qui a offert aux humains des richesses et la créativité en échange des offrandes qu’on lui a faites, sous forme d’actes sexuels désinhibés, et d’exhibition des organes sexuels et de l’anus. C’était le dieu de la dépravation morale et du désordre honteux – et c’est quelque chose que nous aimons faire. Dans les yeux des gens pieux, Belphegor est le dieu qui fait que les humains ont honte d’eux-mêmes et se comportent comme des animaux. La version chrétienne, plus récente, où il a été fait ambassadeur de l’enfer en France, reprend la tradition ancienne de l’adoration de Peor en déféquant devant son idole, faisant de l’anus et des excréments une offrande.

L’an prochain nous célèbrerons le 25e anniversaire de « Diabolical Death Black Metal » et nous avons prévu d’offrir nos trois premiers albums, « The Last Supper », « Blusabbath », et « Necrodaemon – Terrorsathan », avec toutes les illustrations originales, et sur un CD à prix spécial, parce qu’il n’est plus très facile de trouver ces albums. Nous concevons cela comme un cadeau à nos fans. Nous sortirons ça en 2018 via Season Of Mist.

Pour ce onzième album, vous avez changé de studio d’enregistrement pour les Stage One Studios en Allemagne, et le Studio Mischmaschine en Autriche, et les producteurs sont à présent Jason Suecof pour le mixage et Mark Lewis pour le mastering. Pourquoi avez-vous choisi de changer cet environnement à ce moment-là ?



Andy Classen des Stage One Studios en Allemagne a enregistré la basse et la batterie. Les guitares et les voix ont été enregistrées en Autriche au Studio Mischmaschine avec Jakob Klingsbigl. Jason Suecof et Mark Lewis ont forgé un mur de son agressif aux studios Audiohammer et mixé et masterisé « Totenritual » en Floride. C’était la première fois que l’on enregistrait dans plusieurs studios, et tout s’est passé exactement comme on le souhaitait.

Oui, « Totenritual », à mon avis, et plus froid et plus dynamique que les derniers albums, c’est de la magie mortuaire et c’est superbement écrit, comme si un démon nous surveillait pendant le voyage épuisant mais inspirant qu’était l’écriture de cette offrande vénéneuse, une bête énorme de riffs dissonants, de blasts et de grunts.

On ne s’est jamais arrêtés à une formule particulière, nous avons toujours essayé de travailler avec de nouveaux studios, de nouveaux producteurs, et d’autres créatifs, pour raviver la flamme. Je déteste la stagnation. Tu dois sortir de ta zone de confort, c’est le seul moyen de se développer en tant qu’artiste, quel que soit ton domaine.
C’était bien d’écrire cette onzième offrande, l’humeur était toujours bonne, tout le monde a accueilli le challenge et a été très passionné à ce sujet. Tout sonne exactement comme nous l’avions prévu. Je ne pense pas que j’ai déjà été aussi fier de n’importe quel autre album de Belphegor auparavant.

Seth a une fois de plus réalisé la pochette, mais elle ne ressemble pas à celles d’avant. Quelle a été l’inspiration ? Comment travaillez-vous ensemble pour y arriver ?



Oui, Seth a réalisé les illustrations pour trois projets avant celui-ci : « Pestapokalypse VI », « Blood Magick Necromance », et « Conjuring The Dead ». La pochette de « Totenritual » a été créée avec la même méthode que les autres, mais bien sûr, chaque nouveau projet demande beaucoup plus de temps. J’ai toujours un concept visuel très fort en tête et je donne des directives aux artistes. Cette fois je voulais que la froideur et la décadence humaine rendent les éléments du Rituel visibles, ce qui représente parfaitement le contenu des paroles. Il contribue beaucoup avec ses propres idées également, et à présent il sait comment je fonctionne. Tout comme le processus d’écriture de la musique, ça doit se développer jusqu’à ce qu’on ait atteint la perfection. Je considère que la pochette de l’album fait partie du package, elle doit correspondre à l’album. La musique, les textes, et la pochette. Mon idée cette fois-ci était le déclin et le renouvellement, la mort et les os, les visages de la mort. Ça représente aussi nos rituels live, remplis de magie démoniaque.

Vous avez travaillé avec un nouveau batteur sur cet album, qu’a-t-il apporté à votre travail, quelle a été sa contribution ?



Oui, Bloodhammer fait officiellement partie de Belphegor depuis 2014. Nous avons tous grandement progressé avec cet album, et je pense que ça s’entend. Chaque élément a été créé de toutes pièces dans notre pièce de répétition. J’ai aussi joué beaucoup plus de guitares lead sur cet album, ce qui a aussi apporté de la dynamique à mon avis. C’est merveilleux tous les détails qui ressortent sur « Totenritual ».

Beaucoup de parties de chaque chanson sont répétées pour faire ressortir le côté Rituel, qui était très important pour moi, et comme toujours, certains connards diront que c’est chiant… mais bon, tant pis pour eux, qu’ils aillent se faire foutre… Je crois que je n’ai jamais été aussi content d’un album de Belphegor jusqu’ici. Et c’est notre onzième !

J’ai trouvé que la musique allait droit au but et était assez brute, et le chant a un côté incantatoire. Pourquoi avez-vous fait peser cette atmosphère sur l’album ?



Il y a cette ambiance rituelle, avec les chants, que tu peux entendre au travers des neuf compositions. La mort est partout, et c’est ce que le Totenritual représente – exactement comme nous le souhaitions.

Totenritual est la traduction allemande de « Rituel de la mort », et représente notre façon de voir la progression de la société. Les êtres humains sont l’espèce la plus autodestructrice sur cette planète, ils investissent des sommes folles, en temps et en argent, pour créer et produire des instruments de meurtre. Regarde simplement autour de toi, ils s’entretuent et s’empoisonnent tous les jours, et trouvent de nouvelles façons de détruire notre santé et nos paysages. Le désir pour la mort est évident et silencieux en même temps. Nous brisons le silence et amenons de la musique qui casse tout pour donner du pouvoir à la Mort et accélérer le processus.
De plus en plus d’humains naissent dans le monde et le sur-peuplent, et ça ne fait que laisser de plus en plus de victimes à empoisonner et à détruire. La mort grandit, et nous la nourrissons. « Totenritual » invoque la fin de cette vile espèce. Nous appelons la Mort à les emmener tous en Enfer. Amen !

Chaque chanson est très différente, quelle est votre principale inspiration et comment composez-vous ?



Nous avons accordé nos guitares en SI et en LA#, ce qui est bien plus bas que ce que nous avons fait auparavant. Donc oui, nous avons atteint des dynamiques différentes pour notre mur du son et un spectre des basses plus obscur. C’était une décision importante pour que nous puissions nous développer et emmener notre son caractéristique vers un autre niveau d’extrémité, et cela a ouvert un nouveau monde pour mon jeu de guitare. Quand nous démarrons un projet, nous répétons énormément, particulièrement avant d’entrer en studio, pour être bien préparés. Je ne veux pas répéter en studio ou gâcher du temps qui devrait être utilisé pour le processus créatif. Bien sûr, avant d’enregistrer, nous répétons les chansons dans la salle de répétition tous ensemble, en groupe, comme cela est prévu, je veux ressentir les ondes, quand tout devient de la chair, l’énergie de nous trois et vous tous.

En ce qui concerne l’inspiration, le diable est une figure de fiction puissante. J’utilise la philosophie sur Satan/Lucifer, l’éclaireur dans nos paroles, en tant que figure fière, exaltée, majestueuse, qui a résisté à toutes les influences. Un séducteur, une tentation. Le satanisme n’est pas une religion à mes yeux. Une religion implique de la superstition et la dévotion à quelque chose en dehors de soi, et c’est juste pathétique, quelle que soit la religion ou la déité. Satan est l’invention des chrétiens, et ils le voient comme leur ennemi. Donc le vieux dicton « l’ennemi de mon ennemi est mon ami » fonctionne ! Le christianisme est une religion vile et terrible, et je me suis toujours rebellé contre elle, plein de dégoût et de rage envers cette institution oppressante. Donc il semble naturel d’utiliser leur antagoniste contre eux. Satan veut dire « opposant », donc les satanistes sont des opposants à l’Église si l’on en vient au sens premier.

Je travaille toujours avec d’autres artistes pour garder les choses fraîches. Cette fois c’était un gars norvégien, M. Espen Dyngen, qui vit seul dans les montagnes. Il dort dehors dans un tipi, c’est un mec très inspirant, un vrai viking. Nous avons bien travaillé ensemble sur les textes pendant des mois, c’était génial d’avoir un tel libre-penseur et un homme aussi créatif dans nos rangs. En vivant au milieu de la nature, il nous a amené beaucoup d’inspiration pour les textes.

Qu’est-ce qui vous a inspiré pour le début de la troisième chanson, « Swinefever – Regent Of Pigs » ?



« Swinefever – Regent Of Pigs » démontre notre attitude envers la croix catholique, avec des vocaux blasphématoires.

Belphegor a été en contact rapproché avec des censeurs oppressifs de nombreuses fois au cours des années, et bien sûr, nous sommes ardus et provocants. Mais le monde est fait de moutons ignorants qui suivent leurs dirigeants malsains, donc je suppose que ça fera toujours partie de nos vies. Les sujets de la censure ont changé au cours de l’histoire, mais il y a toujours quelque chose qui doit faire office de bouc-émissaire. Les opinions antireligieuses ont toujours été censurées, aussi. Même la connaissance et l’innovation sont censurées, et c’est ça le pire. La liberté d’expression doit être garantie, surtout en ce qui concerne l’art. Il faut espérer que les gens aussi dérangés que ça n’arrivent jamais au pouvoir, ou l’art de manière générale sera encore plus censuré réprimé qu’aujourd’hui. Les livres, les films, la musique, etc. seront interdits ou brûlés, comme par le passé.
La race humaine est simplement quelque chose dont on n’a pas à être fier quand on l’observe objectivement, avec du recul. Je n’ai besoin de personne pour prendre des décisions me concernant, moi et ma vie.

De quoi parle « Apophis – Black Dragon » ? Elle a une ambiance intrigante avec cette touche égyptienne…



« Apophis – Black Dragon » le maître des ténèbres et du chaos – l’incarnation du diable – le dragon noir indestructible. Il prend toujours la forme de dragons ou de serpents. Si tu le regardes dans les yeux trop longtemps, tu meurs. On dit que c’est le plus ancien ennemi du dieu du soleil, Ra, dans la mythologie égyptienne, né de la salive de la déesse Neth. Les vocaux de cette chanson exaltée sont dans quatre langues différentes. Pour cet hymne brutal, nous avons également rajouté une quatrième langue, l’égyptien antique, à partir d’un Livre des morts antique (Toth).

J’ai visité l’Egypte trois fois. J’ai visité les pyramides de Gizeh (j’ai été à l’intérieur d’une pyramide, c’est hyper impressionnant l’atmosphère qui s’en dégage, quand tu descends au milieu du désert à travers un aussi petit passage, fait pour des gens bien plus petits que nous le sommes à présent, et la chaleur là-dedans te tue), j’ai aussi voyagé à travers la Vallée des Rois, Louxor, le Musée du Caire, où j’ai vu la momie de Toutankhamon et son masque doré, et des centaines d’autres reliques inspirantes, donc je sais bien de quoi je parle. J’adore voyager et découvrir de nouveaux paysages. J’ai été dans des centaines d’endroits magiques en tant que musicien, sur les tournées, et j’en suis très reconnaissant.

Ces chants antiques égyptiens et latins m’ont inspiré pour essayer d’imiter le chant guttural mongol, pour que la chanson ait une ambiance plus rituelle. Il y a beaucoup de sorts dans leurs langues d’origine dans cette chanson, donc si tu te sens mal à l’aise pendant que tu l’écoutes, j’ai réussi mon coup car c’est ce que j’avais en tête pour l’atmosphère intrigante.

« Embracing A Star » a également un univers mystérieux, et quand elle s’arrête on continue immédiatement avec « Totenritual » comme si c’était une même chanson. Peux-tu m’en dire plus sur cette chanson et y-a-t-il un lien entre ces deux chansons ?



« Embracing A Star » est probablement, musicalement parlant, la chanson la plus expérimentale sur « Totenritual », et je suis très fier de cette composition. C’est un opéra de death/black metal pour moi, avec beaucoup d’influences variées : une éruption de sons extrêmes, qui se transforme directement en la chanson « Totenritual », je vois cela comme une seule chanson, ces deux titres sont unis ! De la pure magie. Nous avons essayé beaucoup de nouvelles choses et incorporé plusieurs éléments nouveaux, comme des guitares acoustiques, des chœurs mongols, des chants également. Le morceau se dirige droit vers « Totenritual ». Je vois ces deux chansons comme une union, ce qui en fait la chanson la plus longue que nous ayons jamais composé.
Tu peux entendre ces influences cérémoniales à travers tout l’album. C’est un thème des paroles, à propos de magie sexuelle et d’autocréation. C’est très différent du reste, très philosophique. Ça célèbre l’extase intérieure et le renforcement de soi qui vient du sexe pour le pur plaisir. Chaque acte sexuel n’est pas fait pour donner la vie et c’est aussi blasphématoire et insultant pour l’idée chrétienne des relations humaines. Je me délecte de cette idée et pratique ! L’état d’esprit est élevé et reprend l’essence de ce que Nietzsche prônait : le dépassement de soi.

Vous étiez au Hellfest cette année, comment vous êtes-vous sentis sur cette scène ?



Nous adorons le Hellfest, je crois que c’est la 6e fois que nous étions invités à jouer là-bas. C’est comme venir à la maison pour nous. C’est un super festival open air, j’espère que nous serons à nouveau invités l’été prochain pour jouer d’autres festivals en France en 2018.

A la fin du mois de septembre, nous démarrerons une tournée européenne pour promouvoir « Totenritual ». Comme toujours, nous nous arrêterons en France. Il y a une communauté metal super loyale là-bas, c’est toujours un vrai plaisir que de célébrer les sons du diable avec vous ! Voici les dates françaises :

15.10.2017 – Paris – Gibus
16.10.2017 – Grenoble – L'Ilyade
17.10.2017 – Marseille – Jas' Rod

Comme tu le disais, vous serez en tournée en Europe en octobre. Vous avez hâte de revenir sur scène ?



Les expériences live sont l’essence de Belphegor, et nous adorons ça. Dès que j’entends l’intro et que je commence le Rituel de l’encens avant le concert, je descends dans un autre royaume et j’entre en transe. Je me délecte de quitter mon corps pour plus d’une heure pendant un concert de Belphegor, je laisse les démons prendre le contrôle et me soumets à leur possession avec la musique, c’est un plaisir. Quand tu auras vu un show de Belphegor, tu sauras exactement de quoi je parle. Ça retourne vraiment ton corps et tes oreilles, ça active tes démons intérieurs.

Enthroned, Deströyer 666 et Nervo Chaos. C’est une affiche obscure qui vient à vous, probablement la plus dangereuse de 2017, qui va traverser l’Europe et démarre le 28 septembre au Danemark. Après ça, on retourne en Amérique du Nord pour un raid de 30 dates en novembre/décembre, avec en invités Cryptopsy et Hate. On finit l’année en Sudède au Black Christmass festival. Nous avons environ 55 Rituels sur la carte d’ici la fin de l’année. Nous sommes dans les starting-blocks pour ces cérémonies de l’enfer !

Le mot de la fin :




Merci pour l’espace d’expression, United Rock Nations ! Je voudrais aussi dire merci aux gens qui écoutent nos albums, qui achètent du merch aux concerts, et à tous ceux qui viennent aux Rituels live de Belphegor. Envahissez vos disquaires locaux, et achetez « Totenritual » ! On se revoit sur la route en France ! Vive la Mort ! Vive la Magie !