Guitariste – chanteur venu de Seattle aux influences diverses, AYRON JONES s’est révélé au-delà des frontières avec son premier album « Child of State » sorti en 2021. Le rock / blues / grunge / hip hop de ce dernier n’a pas laissé le public indifférent.
Entretien avec Ayron Jones lors de son passage à Paris dans le cadre de la promotion de son album à venir « Chronicles of a kid »
Après des années à être un artiste indépendant, il s’agit de mon premier « vrai » album. Je pense que j’ai développé mes compétences musicales en termes d’écriture de chansons mais aussi en termes de jeu.
En partie ! « Chronicles of the Kid » est en quelque sorte le deuxième chapitre de l’album « Child of State ». « Child of State » était l’histoire d’origine, et « Chronicles of the Kid » est le voyage entre « Child of State » et le présent.
Oui completement. Les choses que j’ai dû gérer dans ma jeunesse dictent clairement la manière dont je gère les choses en étant adulte. Comme naviguer dans ces nouvelles eaux.
Pour moi, il a toujours été question de guitares très lourdes, très présentes, très « heavy », même sur le premier album.
De la vie ! Je pense que je suis une personne très introspective et je me considère très philosophe.
Un peu tout ! Je suis un musicien, du coup parfois c’est la musique d’abord, parfois ce sont les paroles, parfois le chorus, parfois juste une note, mais toutes ces choses peuvent servir de point de départ à une chanson.
J’ai grandi à Seattle, un endroit assez similaire au Royaume-Uni ou Londres où il pleut tout le temps. Du coup la pluie devient une part de ta vie.
C’est une belle tragédie. C’est à propos du fait de se sacrifier pour donner au monde. Toujours dans cette idée que je suis quelqu’un qui renait à cause de tout ce que j’ai sacrifié.
En fait on veut raconter des histoires, mais on veut aussi que les gens ressentent des choses bien particulières.
Non, je fais la même playlist. C’est tout le génie de la musique. Ça témoigne de mon chemin en tant qu’artiste et non pas limiter à ce qui pourrait le plus plaire en fonction du festival. Ma musique est empreinte de plusieurs genres et c’est ce qui me permet de jouer tantôt sur un festival du type Solidays, tantôt au Hellfest.
Le prochain album de AYRON JONES « Chronicles of the Kid » sort le 23 juin.
Il sera par ailleurs en concert en France le 19 octobre 2023 à l’Elysée Montmatre.
Il est également à l’affiche de nombreux festivals cet été : Festival R POP, Les Eurockéennes de Belfort, Musilac, Cognac Blues Passion, l’été à Pau, Greenland festival…
Entretien avec Ayron Jones lors de son passage à Paris dans le cadre de la promotion de son album à venir « Chronicles of a kid »
Ta carrière a vraiment pris un tournant avec ton dernier album « Child of State ». A ton avis à quoi est-ce du et comment pourrais-tu expliquer l’enthousiasme pour ta musique à partir de cet album ?
Après des années à être un artiste indépendant, il s’agit de mon premier « vrai » album. Je pense que j’ai développé mes compétences musicales en termes d’écriture de chansons mais aussi en termes de jeu.
Et qui sait ? Je pense qu’il y a un peu de magie, un peu de chance et probablement que ça tient aussi un peu de la confiance en soi parce que c’est le point de départ de tout ! Il ne peut pas y avoir de départ parfait mais c’est ce qui fait que tout s’enchaîne.
C’est difficile de répondre à cette question parce que, pour être vraiment honnête, j’ai moi-même du mal à le comprendre.
J’étais assis sur mon canapé quand j’ai eu un appel pour me dire que mon album marchait aussi bien aux Etats-Unis, qu’il était n°1 dans les charts alors que j’étais coincé comme tout le monde dans cette pandémie. La période pendant laquelle « Child Of State » est sorti, les gens avaient besoin de choses qui leur faisaient ressentir des émotions.
Quelque part un album « brut » comme celui-ci avait un aspect « parfaite bande son » pour ce que les gens vivaient à ce moment-là. C’est peut-être ce qui fait que ça a marché.
Ton prochain album « Chronicles of the Kid » sort en juin. On sait que ton enfance était loin d’être facile. Tes parents ont souffert d’addiction, tu as été adopté par ta tante… Est-ce qu’il s’agit de l’inspiration derrière le nom de cet album ?
En partie ! « Chronicles of the Kid » est en quelque sorte le deuxième chapitre de l’album « Child of State ». « Child of State » était l’histoire d’origine, et « Chronicles of the Kid » est le voyage entre « Child of State » et le présent.
L’inspiration derrière « Chronicles of the Kid » c’est qu’à la maison on m’a toujours appelé « The Kid », même mon management ! J’ai un visage plutôt jeune, je suis souvent le plus jeune dans la pièce, du coup tout le monde m’appelle toujours « the kid ».
Mais c’est surtout à propos des histoires qui ont forgé « The Kid ». C’est à propos de qui l’enfant que j’étais (« the dead child ») est devenu. Ce qu’il s’est passé entre le moment où j’ai signé dans un label, le fait de trouver mon nom dans les charts pour la première fois, et la renommée internationale. Tout ça s’est produit en un an.
C’est aussi tout ce qui m’est arrivé dans cette aventure à la découverte de moi-même et le moment où j’ai du réapprendre, redécouvrir qui j’étais parce que tout ça était très soudain.
Maintenant que je suis connu à l’internationale, gens ne me traitent plus de la même manière. Je dois gérer d’autres luttes, d’autres tentations…
C’est un mélange de tout ça finalement l’inspiration derrière le titre. Chroniquer ce qui est arrivé entre le moment où j’ai signé et le fait d’être devenu une rock star tous les jours.
Est-ce que tu dirais qu’il y a un côté thérapeutique ?
Oui completement. Les choses que j’ai dû gérer dans ma jeunesse dictent clairement la manière dont je gère les choses en étant adulte. Comme naviguer dans ces nouvelles eaux.
Les traumas que j’ai subis quand j’étais enfant, ce sont des choses que je dois gérer maintenant en tant qu’adulte, et subitement alors que la plupart des gens peuvent le faire progressivement.
Je me suis retrouvé dans une position, où j’ai vécu plusieurs vies en une seule. Très peu de gens ont réellement l’occasion de voir le monde, de voyager et de faire tout ce que j’ai pu faire. Je me retrouve à vivre ma vie à la vitesse de la lumière alors que je suis encore en train de comprendre et intégrer les choses qui me sont arrivées en temps qu’enfant et de gérer ça en tant qu’adulte.
Lorsque j’ai écouté l’album, ma première impression était que les guitares étaient plus lourdes que sur l’album précédent. Je me demandais si c’était une manière d’exprimer de la colère, peut-être de permettre de faire sortir tous ces sentiments dont tu parles ?
Pour moi, il a toujours été question de guitares très lourdes, très présentes, très « heavy », même sur le premier album.
La première fois que j’ai branché une guitare, c’était une Squire Affinity, nous avions cet ampli avec un bouton pour la distorsion … quand on a joué en « clean » c’était sympa, mais avec les distorsions c’étaient vraiment mieux et je me suis dit « c’est ça que je veux ».
Les guitares plus heavy ont toujours fait partie de mon expression et je pense que ça fait aussi partie de là où je viens. C’était important de l’intégrer à l’album pour exprimer, à la fois mes origines en tant que guitariste de Seattle mais aussi, comme tu disais, cette angoisse que je ressens à propos de ce que j’ai vécu. Le son distordu restitue ce conflit intrinsèque que je ressens le besoin d’avoir dans ma musique.
Ta musique mélange plusieurs genres : rock, soul, … pour toi d’où vient l’inspiration ?
De la vie ! Je pense que je suis une personne très introspective et je me considère très philosophe.
La plupart de ces histoires naissent alors que je suis assis dans une voiture, en train de me représenter jouant de la guitare… Ça a toujours été à propos de qui je suis et pourquoi je suis cette personne. Il y a beaucoup de ces questions auxquelles je réponds par la musique. Qu’est-ce qu’il s’est passé ? Pourquoi je suis ici ? Comment est-ce que les choses sont devenues ce qu’elles sont aujourd’hui ?
Les réponses viennent dans ces moments d’introspection où je les retranscris en musique.
Quand tu as ces réflexions, qu’est ce qui te vient en premier ? les paroles ? la musique, des riffs ?
Un peu tout ! Je suis un musicien, du coup parfois c’est la musique d’abord, parfois ce sont les paroles, parfois le chorus, parfois juste une note, mais toutes ces choses peuvent servir de point de départ à une chanson.
J’essaye de garder tout ce que j’écris et de les mettre dans un coin, je tiens ma propre banque de données. Parfois j’enregistre sur mon téléphone, même juste des bruits !
Je parlais avec Lzzy Hale d’Halestorm de comment tu as besoin de dire au revoir à la personne que tu étais et commencer à réaliser, celle que tu es… j’ai eu cette pensée et c’est là que je lui ai écrit : « J’ai laissé des fleurs sur la tombe de l’homme que j’étais ».
C’est le genre de choses dont vient l’inspiration pour mes chansons.
Quand tu parles de chorus, ça me fait penser à la chanson The Sky is Crying, elle a un aspect un peu plus pop, notamment un très bon chorus. Typiquement le genre de chose qui se retient bien et qu’on imagine bien le public reprendre en chœur à un concert. Est-ce que tu peux nous en dire un peu plus sur ce titre ?
J’ai grandi à Seattle, un endroit assez similaire au Royaume-Uni ou Londres où il pleut tout le temps. Du coup la pluie devient une part de ta vie.
Pour moi c’est comme une expression de cette forme d’optimisme que j’ai. J’ai tendance à embrasser cette facette plus sombre et cynique, je sais que la mort est une partie de la vie au même titre que la vie elle-même.
The Sky is crying, c’est ma manière d’exprimer que parfois, les choses négatives ne le sont pas vraiment. Parfois les choses négatives sont seulement une partie de la vie et elles peuvent être positives, tout comme le positif peut parfois être négatif.
« ‘Cause, I’m only happy when the sky is crying,
And I only smile when I feel the pain
If I’m not alive then what’s the point in dying
‘Cause I’m only happy in the pouring rain”. (NDLR : cite les paroles de la chanson pour illustrer son propos)
La peine fait que l’on se sent vivant. Ça nous rappelle à quel point la vie est quelque chose de spécial.
Est-ce qu’il y a une chanson en particulier sur ce nouvel album dont tu es fier ?
Je pense Living for the Fall !
J’allais justement t’en parler! Elle semble être à la fois une chanson très puissante, mais dans laquelle on sent tout de même une grande fragilité.
C’est une belle tragédie. C’est à propos du fait de se sacrifier pour donner au monde. Toujours dans cette idée que je suis quelqu’un qui renait à cause de tout ce que j’ai sacrifié.
Je ne suis plus l’homme que j’étais. Je suis maintenant un homme du peuple, l’homme de mes fans et un homme de la musique.
Mon devoir n’est plus uniquement tourné vers moi, mon devoir est tourné vers toutes les personnes dans le monde qui écoutent ma musique. Tout ce que je fais c’est vivre pour ceux pour qui je crée de la musique.
Je suis curieuse. Comment est-ce que tu choisis la première chanson que tu choisis de diffuser ? Par exemple pour « Chronicles of the kid » il s’agit de Blood In The Water et non de Living For The Fall.
En fait on veut raconter des histoires, mais on veut aussi que les gens ressentent des choses bien particulières.
La première chanson de l’album à sortir doit être une sorte de déclaration. Quelle va être ta position par rapport à l’album précédent. Là il s’agit de dire que nous sommes plus forts que sur l’album d’avant.
Le message qui est véhiculé à travers cette chanson est que « il n’y a rien qui ne me soit arrivé, qui ne soit pas déjà arrivé à ma communauté » et particulièrement en tant qu’homme noir aux Etats-Unis ou dans le monde.
Nous faisons face aux pires conditions, traumas, problèmes, mais nous sommes quand même des icônes culturelles à travers le monde. Nous avons réussi à émerger à travers les nuages et la distorsion, pour trouver de la grandeur et c’est ce message important que je voulais faire passer à travers ma première chanson.
A la fin du mois de juin et en juillet, tu as prévu de jouer dans plusieurs festivals français. L’année dernière c’était au Hellfest, pour cette année, ce sont plus des festivals rocks que metal … Est-ce que tu joues des setlists différentes en fonction de l’endroit où tu joues ou du genre le plus représenté au festival ?
Non, je fais la même playlist. C’est tout le génie de la musique. Ça témoigne de mon chemin en tant qu’artiste et non pas limiter à ce qui pourrait le plus plaire en fonction du festival. Ma musique est empreinte de plusieurs genres et c’est ce qui me permet de jouer tantôt sur un festival du type Solidays, tantôt au Hellfest.
Ce ne sont pas les mêmes audiences, mais le plan va rester le même. Il y a quelque chose de spécial dans la musique qui va lier toutes ces personnes entre elles.
Est-ce que tu as un souvenir particulier en festival ou en concert ?
Mes concerts à Paris, particulièrement le premier ! Toutes les dates que j’ai jouées ici ont une saveur particulière. Elles resteront à jamais dans ma mémoire.
Pour ceux qui ne t’ont jamais vu sur scène, comment est-ce que tu pourrais décrire un de tes concerts ?
C’est difficile à dire ! C’est du rock, Je n’ai pas vraiment de trucs en particulier, c’est mon essence, mon âme brute… C’est rare de nos jours avec toutes les grosses productions de trouver un gars comme ça, qui vient, qui branche son ampli et qui se livre à 100%.
Avant tu étais celui qui était en première partie. Maintenant tu es la tête d’affiche. Est-ce que tu as la possibilité de choisir les groupes qui font tes premières parties ? Et comment est-ce que tu les choisis ?
L’esprit. C’est ce qui fait beaucoup … sinon le potentiel, le son. Il faut qu’il y ait un peu tout ça et que les groupes aient ce qu’il faut que ça puisse le faire avec le public, que ça prenne bien. On leur donne une chance pour voir comment ça se passe et si ça le fait c’est bon pour nous.
Le prochain album de AYRON JONES « Chronicles of the Kid » sort le 23 juin.
Il sera par ailleurs en concert en France le 19 octobre 2023 à l’Elysée Montmatre.
Il est également à l’affiche de nombreux festivals cet été : Festival R POP, Les Eurockéennes de Belfort, Musilac, Cognac Blues Passion, l’été à Pau, Greenland festival…