Traduction by Émilie Calas / Des milliers de mots
Hell Haine, journaliste : Salut tout le monde, sur United Rock Nations. Je me trouve avec John, du groupe Avatar, pour parler de leur nouvel album, "Hunter Gatherer", qui sortira le 7 août. Salut John, comment vas-tu ?
John : Je vais bien, merci. Et toi ?
Hell Haine : Ça va. Le nouvel album sort le mois prochain. Comment te sens-tu ?
John : Comment je me sens ? Je suis très enthousiaste, et un peu nerveux, aussi. Je suis toujours nerveux avant une sortie. Je ne me sens pas nerveux quand on écrit parce que quand on compose de la musique, ça ne concerne que nous. Nous n’avons pas à plaire à qui que ce soit. Les seules personnes qui comptent, c’est nous. Il faut que nous soyons satisfaits de ce qu’on fait. La pression n’est pas trop forte mais quand on a fini, on se dit : ''Voilà, il est là.'' On le donne au label,et on dit au revoir à notre album (rires). Puis, il n’y a plus qu’à attendre les retours. Parce que ça serait nul si les gens ne l’aimaient pas. Mais d’un autre côté, ça ne serait pas non plus la fin. Moi, j’en suis très content. Je l’adore, et pour moi, c’est tout ce qui compte. Si les gens en sont contents, ça me ferait plaisir, mais oui, je suis un peu nerveux.
Hell Haine : Tu ne devrais pas, parce que le nouvel album est vraiment bon.
John : Merci.
Hell Haine : Quand vous avez annoncé le nouvel album, en mai, vous avez annoncé ''Une nouvelle ère commence''. Quelle est cette ''nouvelle ère'' ? Et que devient le King ?
John : La nouvelle ère fait référence au fait qu’"Avatar Country", c’est terminé, c’est derrière nous. Il fallait qu’on en finisse de manière abrupte avec "Avatar Country". Il était hors de question de continuer à faire de la musique avec un Avatar Country au rabais. "Avatar Country", c’était tout ou rien. Et on avait décidé que ça serait ''tout''. La nouvelle ère fait référence à la mort d’"Avatar Country", longue vie au King ! Dorénavant, on part sur une page vierge, la page "Hunter Gatherer", qui est complètement différente d’"Avatar Country", bien plus sombre, bien plus sérieuse, bien plus ancrée dans la réalité. C’est ça, la nouvelle ère.
Hell Haine : Oui, tu dis qu’il est plus sombre et en écoutant l’album, on le ressent bien. Quels sujets abordez-vous, dans l’album ?
John : Les sujet peuvent être : d’où venons-nous ? Que sommes-nous ? Et où nous dirigeons-nous, en tant qu’individus, et en tant que société, en tant que monde, univers ?. Voilà, ce sont les thèmes de l’album. Ils ont une place prédominante pour nous en ce moment, en particulier maintenant, avec le COVID-19 et tout ce qui se passe dans le monde actuellement. Ça prend une place prédominante. Nous devons l’extérioriser. Nous devons faire les choses différemment en permanence, et "Avatar Country" était de l’humour parce qu’on devait l’évacuer de notre organisme. On était obligés de le faire.
Hell Haine : Comment avez-vous procédé pour cet album ? Je sais que pour le précédent,vous avez passé deux semaines en studio, ce qui est très peu. Pour celui-ci, avez-vous pris votre temps ? Le Covid-19 a-t-il eu un impact sur l’enregistrement ou tout avait été-il-fait au préalable ?
John : "Avatar Country" nous a pris deux semaines. Ce n’était pas du tout censé être un album complet. Ça devait être un EP de quatre chansons. Mais lorsqu’on a commencé à enregistrer, toutes les chansons nous ont plu, on a pu en jeter aucune, ça a stimulé notre créativité et tout s’est donc passé très vite pour "Avatar Country". L’ambition a grandi en nous. Et elle s’est exprimée. C’est allé très vite.
Ça a été très diffèrent avec "Hunter Gatherer". Nous avons travaillé sur cet album pendant plus d’un an et demi. On a dû écrire quelque chose comme quarante morceaux et on tenait des réunions sans fin avec le producteur, Jay. On a beaucoup discuté sur Skype. On l’a aussi souvent rencontré à Los Angeles. On écoutait des démos, on parlait musique, et on réfléchissait au chemin qu’on voulait prendre. Donc oui, "Hunter Gatherer" a été un processus bien plus long. "Hunter Gatherer", j’ai du mal à le prononcer (rires). Heureusement, on l’a enregistré en décembre dernier. Alors, la crise sanitaire due au Covid-19 n’a pas eu un très gros impact sur nous. Mais il en a eu depuis, car on avait commencé les clips vidéo pour l’album. On a tourné les scènes de 'Silence in the Age of Apes'. Notre chanteur vit à Helsinki donc on l’a rejoint en avion, on a fait le boulot, puis on est rentré chez nous et c’est à ce moment que le Covid est arrivé (il claque des doigts), frontières fermées (rires).
Donc pour les clips, on a dû trouver un concept pour pouvoir les réaliser sans que Johannes soit physiquement là. C’est pourquoi Johannes apparaît sur les photos, dans 'Silence in the Age of Apes', il les a faites lui-même, chez lui. Et dans 'Colossus', qui sortira dans quatre heures, on apparaît en hologrammes (rires). C’est aussi parce qu’il pouvait s’enregistrer tout seul dans son salon. On a dû travailler en fonction du Corona pour que ça prenne vie. De ce point de vue-là, le Covid-19 a eu un impact. Et bien sûr, l’impact a été énorme pour les tournées. On devait jouer avec Iron Maiden à Paris dans deux jours, et on devait faire une tournée en tête d’affiche cet automne. Rien de tout cela ne se déroulera. Mais c’est comme ça.
Hell Haine : Tu parlais de 'Colossus', qui sortira ce soir. Que peux-tu nous dire de cette chanson ? C’est une chanson forte et efficace. C’est un vrai ''tube''.
John : C’était l’une des premières de l’album. On l’a depuis très longtemps. On doit avoir dix ou quinze versions différentes de Colossus avant qu’il devienne le 'Colossus' qu’il est aujourd’hui. Elle fait partie des chansons qu’on a depuis très longtemps. Elle a tourné, viré, roulé, comme sur une montagne russe (rires), jusqu’à ce que l’on obtienne ce qu’on a aujourd’hui. C’est un morceau très lourd, c’est un de ces morceaux où tout se joue sur le groove, pour donner une impression de piétinement de géants dans une forêt. C’est un bon morceau, ça m’a beaucoup plu de le jouer. C’est un morceau très agréable à jouer.
Hell Haine : Vous avez invité Corey Taylor à siffler et à chanter sur 'A Secret Door'. Pourquoi ce choix et y a-t-il d’autres artistes avec lesquels vous aimeriez collaborer ?
John : Oui, il fait aussi un featuring sur 'Colossus'. Il crie avec Johannes sur le refrain de 'Colossus', et il siffle sur l’intro de 'A Secret Door'. Cette idée est venue parce que Jay Ruston et Corey Taylor sont bons amis, et on avait aussi joué avec Slipknot à Nîmes, en France, l’été dernier. On a pu rencontrer Corey, s’assoir et discuter et il se trouve que sa femme est une grande fan d’Avatar. Elle pratique l’art du feu. Bref, quand on enregistrait l’album, à Los Angeles, Corey et sa femme devaient venir à L.A., alors Jay leur a proposé de passer au studio, on a commencé à discuter avec le reste du groupe, on s’est dit que ça serait génial d’avoir Corey Taylor. On est de grands fans de South Park et dans South Park, c’est George Clooney je crois, il y a un épisode où il double un chat ou… je ne me souviens plus bien, un jour ils ont tous demandé à Jerry Seinfeld de doubler la voix de la dinde numéro 2, et il a refusé. On a trouvé ça hilarant, pourquoi ne ferait-on pas ça, la plus grande voix, la voix d’une génération, l’une des plus grandes voix du heavy metal. Et on l’a là. On devrait le faire participer, en lui faisant faire quelque chose de complètement différent de ce qu’il fait habituellement. De plus, il s’est avéré être un excellent siffleur. Il siffle bien mieux que n’importe qui dans le groupe, alors c’était génial. Il a trouvé ça hilarant. Et dès qu’il s’est installé avec son casque sur les oreilles, il n’était plus question de blaguer, il était très sérieux, parce qu’il est autant perfectionniste que nous. Il a vraiment travaillé dur pour qu’on ait ces prises, et le résultat est formidable. Mais c’était drôle, aussi.
Hell Haine : Y a-t-il d’autres artistes avec lesquelles vous aimeriez collaborer ?
John : Hm… Oui. Je suis sûr qu’il y en a. Il faudrait qu’on y réfléchisse bien, comment, de quelle manière. Ce n’est pas parce qu’une personne est vraiment fantastique que l’on doit forcément collaborer avec. Il faudrait que ça se fasse de manière créative. Donc la réponse est oui. Mais je ne sais pas qui. Björk par exemple. Des artistes islandais.
Hell Haine : Après presque 20 ans, quelles sont vos perspectives de carrière, et comment Avatar a-t-il traversé ces deux décennies ?
John : Comme tu l’as dit, après presque 20 ans, oui… 19 pour être exact. On a passé plus de la moitié de nos vies à faire ça. Si on voulait faire autre chose, ce serait quoi ? J’ai travaillé dans une épicerie, puis j’ai travaillé pour Avatar, alors je pense qu’on est coincé (rires). On va continuer tant qu’on trouve ça sympa et tant qu’on considère que ça nous apporte quelque chose. Voilà jusqu’à quand ça continuera. Et bien sûr, on doit aussi payer notre loyer, ce n’est pas qu’on gagne beaucoup,mais si on ne gagnait plus d’argent du tout, ça serait compliqué. Et je peux te dire que ça l’est déjà, en ce moment, avec cette histoire de Covid.
Hell Haine : Tu as dit que vous deviez jouer avec Iron Maiden dans deux jours à Paris. Ça a été reporté en juillet 2021. Est-ce qu’on aura la chance de vous voir en concert ou en festival l’année prochaine, ou peut-être à la fin de cette année ? Une tournée est-elle prévue ?
John : J’aimerais avoir la réponse. Mais actuellement, personne ne l’a. Ça semble improbable pour cette année. Très improbable. La musique live sera la dernière chose à repartir. Si on était en tournée cette année, ça signifierait vendre les billets en ce moment, et personne ne nous a rien dit pour l’instant, parce que personne ne sait ce qui va se passer dans six mois de ça. Et même si on était programmé en ce moment, personne n’achèterait de billet car le public douterait qu’on puisse faire le déplacement, ils ont un travail, beaucoup de personnes perdent leur emploi en ce moment et ils n’ont pas d’argent. C’est un cercle vicieux, car si les billets ne se vendent pas, personne ne prendra le risque de programmer un concert. C’est pourquoi les lives reprendront quand tout le reste aura repris. Mais quand, je ne sais pas. Personne ne le sait.
Hell Haine : Croisons les doigts pour que ce soit le plus tôt possible.
John : Ça va reprendre, on le sait tous. Tôt ou tard. La musique existera toujours et la musique en live existera toujours. Il va y avoir une année, peut-être deux, complètement blanches, et puis ça va revenir. On reviendra parce qu’on a vraiment envie de revenir. On a hâte.
Hell Haine : Oui, ça doit être frustrant de ne pas jouer le dernier album sur scène en ce moment.
John : Oui mais on fait de notre mieux vu la situation. Il y a des choses qui ne se contrôlent pas. Et le Corona ne se contrôle pas. Je ne vais pas rester là à déprimer parce qu’on ne peut pas partir en tournée. Il y a d’autres choses à faire. On peut se mettre à travailler sur des concepts créatifs, commencer à composer de nouveaux sons, et faire pousser des pommes de terre et des tomates. J’ai réalisé que je ne savais pas quoi mettre dans cette nouvelle chanson, là avec ma chemise de bricolage, car je suis en train de repeindre mes fenêtres. Si on ne peut pas le contrôler, il faut vivre avec. Je ne vais pas me contenter d’être négatif. C’est comme ça.
Hell Haine : Certains groupes font de la musique live en streaming. Y avez-vous pensé ou pas vraiment ?
John : Oui, on y a réfléchi, et on est arrivé à la conclusion que non, on ne ferait pas ça, car on pense qu’il n’est pas possible de remplacer une expérience de live avec du stream de lives. On a vu de nombreux groupes essayer, c’est classique, quand quelque chose arrive, les gens paniquent. Je suis un peu conservateur là-dessus, on discute toutes les semaines, avec le groupe,on se réunit sur Skype, et on s’est dit : imaginez que le Covid dure, imaginez qu’il soit là pendant encore 10 ou 15 ans, comment consommera-t-on la musique, dans quatre ou cinq ans ? On va s’assoir et regarder un pauvre live en stream depuis une pièce vide ? Non, ce n’est pas ça qu’on fera. Parce qu’on n’obtiendra jamais la même chose que lorsqu’on est réellement dans la pièce.
On disait toujours dans les interviews,et on le pensait, que dans un show, peu importe si tu as une grosse production ou combien de lives tu as fait,ça n’a pas d’importance. L’effet le plus important dans un concert passe par les yeux, et le contact visuel qu’on peut créer avec le public, et ça, c’est impossible à avoir dans un live en stream parce que le public est assis devant un ordinateur. Rien ne peut remplacer ça. Qu’est-ce qui va le remplacer ? Je ne sais pas. Peut-être quelque chose qui n’existe pas encore. Ou peut-être qu’il n’y a rien à remplacer. On deviendrait alors un groupe de studio. On ne fera pas de stream dans ce sens-là. Je sais que le festival Alcatraz va diffuser les concerts de l’année dernière, des trucs comme ça. Mais là, c’est différent car ce sont de vrais concerts, c’est l’enregistrement de shows.
Hell Haine : Merci beaucoup. On attend ce soir le nouveau single 'Colossus', et en août, le nouvel album. Merci de nous avoir consacré un peu de ton temps.
John : Merci, c’était sympa de discuter avec toi.
Hell Haine, journaliste : Salut tout le monde, sur United Rock Nations. Je me trouve avec John, du groupe Avatar, pour parler de leur nouvel album, "Hunter Gatherer", qui sortira le 7 août. Salut John, comment vas-tu ?
John : Je vais bien, merci. Et toi ?
Hell Haine : Ça va. Le nouvel album sort le mois prochain. Comment te sens-tu ?
John : Comment je me sens ? Je suis très enthousiaste, et un peu nerveux, aussi. Je suis toujours nerveux avant une sortie. Je ne me sens pas nerveux quand on écrit parce que quand on compose de la musique, ça ne concerne que nous. Nous n’avons pas à plaire à qui que ce soit. Les seules personnes qui comptent, c’est nous. Il faut que nous soyons satisfaits de ce qu’on fait. La pression n’est pas trop forte mais quand on a fini, on se dit : ''Voilà, il est là.'' On le donne au label,et on dit au revoir à notre album (rires). Puis, il n’y a plus qu’à attendre les retours. Parce que ça serait nul si les gens ne l’aimaient pas. Mais d’un autre côté, ça ne serait pas non plus la fin. Moi, j’en suis très content. Je l’adore, et pour moi, c’est tout ce qui compte. Si les gens en sont contents, ça me ferait plaisir, mais oui, je suis un peu nerveux.
Hell Haine : Tu ne devrais pas, parce que le nouvel album est vraiment bon.
John : Merci.
Hell Haine : Quand vous avez annoncé le nouvel album, en mai, vous avez annoncé ''Une nouvelle ère commence''. Quelle est cette ''nouvelle ère'' ? Et que devient le King ?
John : La nouvelle ère fait référence au fait qu’"Avatar Country", c’est terminé, c’est derrière nous. Il fallait qu’on en finisse de manière abrupte avec "Avatar Country". Il était hors de question de continuer à faire de la musique avec un Avatar Country au rabais. "Avatar Country", c’était tout ou rien. Et on avait décidé que ça serait ''tout''. La nouvelle ère fait référence à la mort d’"Avatar Country", longue vie au King ! Dorénavant, on part sur une page vierge, la page "Hunter Gatherer", qui est complètement différente d’"Avatar Country", bien plus sombre, bien plus sérieuse, bien plus ancrée dans la réalité. C’est ça, la nouvelle ère.
Hell Haine : Oui, tu dis qu’il est plus sombre et en écoutant l’album, on le ressent bien. Quels sujets abordez-vous, dans l’album ?
John : Les sujet peuvent être : d’où venons-nous ? Que sommes-nous ? Et où nous dirigeons-nous, en tant qu’individus, et en tant que société, en tant que monde, univers ?. Voilà, ce sont les thèmes de l’album. Ils ont une place prédominante pour nous en ce moment, en particulier maintenant, avec le COVID-19 et tout ce qui se passe dans le monde actuellement. Ça prend une place prédominante. Nous devons l’extérioriser. Nous devons faire les choses différemment en permanence, et "Avatar Country" était de l’humour parce qu’on devait l’évacuer de notre organisme. On était obligés de le faire.
Hell Haine : Comment avez-vous procédé pour cet album ? Je sais que pour le précédent,vous avez passé deux semaines en studio, ce qui est très peu. Pour celui-ci, avez-vous pris votre temps ? Le Covid-19 a-t-il eu un impact sur l’enregistrement ou tout avait été-il-fait au préalable ?
John : "Avatar Country" nous a pris deux semaines. Ce n’était pas du tout censé être un album complet. Ça devait être un EP de quatre chansons. Mais lorsqu’on a commencé à enregistrer, toutes les chansons nous ont plu, on a pu en jeter aucune, ça a stimulé notre créativité et tout s’est donc passé très vite pour "Avatar Country". L’ambition a grandi en nous. Et elle s’est exprimée. C’est allé très vite.
Ça a été très diffèrent avec "Hunter Gatherer". Nous avons travaillé sur cet album pendant plus d’un an et demi. On a dû écrire quelque chose comme quarante morceaux et on tenait des réunions sans fin avec le producteur, Jay. On a beaucoup discuté sur Skype. On l’a aussi souvent rencontré à Los Angeles. On écoutait des démos, on parlait musique, et on réfléchissait au chemin qu’on voulait prendre. Donc oui, "Hunter Gatherer" a été un processus bien plus long. "Hunter Gatherer", j’ai du mal à le prononcer (rires). Heureusement, on l’a enregistré en décembre dernier. Alors, la crise sanitaire due au Covid-19 n’a pas eu un très gros impact sur nous. Mais il en a eu depuis, car on avait commencé les clips vidéo pour l’album. On a tourné les scènes de 'Silence in the Age of Apes'. Notre chanteur vit à Helsinki donc on l’a rejoint en avion, on a fait le boulot, puis on est rentré chez nous et c’est à ce moment que le Covid est arrivé (il claque des doigts), frontières fermées (rires).
Donc pour les clips, on a dû trouver un concept pour pouvoir les réaliser sans que Johannes soit physiquement là. C’est pourquoi Johannes apparaît sur les photos, dans 'Silence in the Age of Apes', il les a faites lui-même, chez lui. Et dans 'Colossus', qui sortira dans quatre heures, on apparaît en hologrammes (rires). C’est aussi parce qu’il pouvait s’enregistrer tout seul dans son salon. On a dû travailler en fonction du Corona pour que ça prenne vie. De ce point de vue-là, le Covid-19 a eu un impact. Et bien sûr, l’impact a été énorme pour les tournées. On devait jouer avec Iron Maiden à Paris dans deux jours, et on devait faire une tournée en tête d’affiche cet automne. Rien de tout cela ne se déroulera. Mais c’est comme ça.
Hell Haine : Tu parlais de 'Colossus', qui sortira ce soir. Que peux-tu nous dire de cette chanson ? C’est une chanson forte et efficace. C’est un vrai ''tube''.
John : C’était l’une des premières de l’album. On l’a depuis très longtemps. On doit avoir dix ou quinze versions différentes de Colossus avant qu’il devienne le 'Colossus' qu’il est aujourd’hui. Elle fait partie des chansons qu’on a depuis très longtemps. Elle a tourné, viré, roulé, comme sur une montagne russe (rires), jusqu’à ce que l’on obtienne ce qu’on a aujourd’hui. C’est un morceau très lourd, c’est un de ces morceaux où tout se joue sur le groove, pour donner une impression de piétinement de géants dans une forêt. C’est un bon morceau, ça m’a beaucoup plu de le jouer. C’est un morceau très agréable à jouer.
Hell Haine : Vous avez invité Corey Taylor à siffler et à chanter sur 'A Secret Door'. Pourquoi ce choix et y a-t-il d’autres artistes avec lesquels vous aimeriez collaborer ?
John : Oui, il fait aussi un featuring sur 'Colossus'. Il crie avec Johannes sur le refrain de 'Colossus', et il siffle sur l’intro de 'A Secret Door'. Cette idée est venue parce que Jay Ruston et Corey Taylor sont bons amis, et on avait aussi joué avec Slipknot à Nîmes, en France, l’été dernier. On a pu rencontrer Corey, s’assoir et discuter et il se trouve que sa femme est une grande fan d’Avatar. Elle pratique l’art du feu. Bref, quand on enregistrait l’album, à Los Angeles, Corey et sa femme devaient venir à L.A., alors Jay leur a proposé de passer au studio, on a commencé à discuter avec le reste du groupe, on s’est dit que ça serait génial d’avoir Corey Taylor. On est de grands fans de South Park et dans South Park, c’est George Clooney je crois, il y a un épisode où il double un chat ou… je ne me souviens plus bien, un jour ils ont tous demandé à Jerry Seinfeld de doubler la voix de la dinde numéro 2, et il a refusé. On a trouvé ça hilarant, pourquoi ne ferait-on pas ça, la plus grande voix, la voix d’une génération, l’une des plus grandes voix du heavy metal. Et on l’a là. On devrait le faire participer, en lui faisant faire quelque chose de complètement différent de ce qu’il fait habituellement. De plus, il s’est avéré être un excellent siffleur. Il siffle bien mieux que n’importe qui dans le groupe, alors c’était génial. Il a trouvé ça hilarant. Et dès qu’il s’est installé avec son casque sur les oreilles, il n’était plus question de blaguer, il était très sérieux, parce qu’il est autant perfectionniste que nous. Il a vraiment travaillé dur pour qu’on ait ces prises, et le résultat est formidable. Mais c’était drôle, aussi.
Hell Haine : Y a-t-il d’autres artistes avec lesquelles vous aimeriez collaborer ?
John : Hm… Oui. Je suis sûr qu’il y en a. Il faudrait qu’on y réfléchisse bien, comment, de quelle manière. Ce n’est pas parce qu’une personne est vraiment fantastique que l’on doit forcément collaborer avec. Il faudrait que ça se fasse de manière créative. Donc la réponse est oui. Mais je ne sais pas qui. Björk par exemple. Des artistes islandais.
Hell Haine : Après presque 20 ans, quelles sont vos perspectives de carrière, et comment Avatar a-t-il traversé ces deux décennies ?
John : Comme tu l’as dit, après presque 20 ans, oui… 19 pour être exact. On a passé plus de la moitié de nos vies à faire ça. Si on voulait faire autre chose, ce serait quoi ? J’ai travaillé dans une épicerie, puis j’ai travaillé pour Avatar, alors je pense qu’on est coincé (rires). On va continuer tant qu’on trouve ça sympa et tant qu’on considère que ça nous apporte quelque chose. Voilà jusqu’à quand ça continuera. Et bien sûr, on doit aussi payer notre loyer, ce n’est pas qu’on gagne beaucoup,mais si on ne gagnait plus d’argent du tout, ça serait compliqué. Et je peux te dire que ça l’est déjà, en ce moment, avec cette histoire de Covid.
Hell Haine : Tu as dit que vous deviez jouer avec Iron Maiden dans deux jours à Paris. Ça a été reporté en juillet 2021. Est-ce qu’on aura la chance de vous voir en concert ou en festival l’année prochaine, ou peut-être à la fin de cette année ? Une tournée est-elle prévue ?
John : J’aimerais avoir la réponse. Mais actuellement, personne ne l’a. Ça semble improbable pour cette année. Très improbable. La musique live sera la dernière chose à repartir. Si on était en tournée cette année, ça signifierait vendre les billets en ce moment, et personne ne nous a rien dit pour l’instant, parce que personne ne sait ce qui va se passer dans six mois de ça. Et même si on était programmé en ce moment, personne n’achèterait de billet car le public douterait qu’on puisse faire le déplacement, ils ont un travail, beaucoup de personnes perdent leur emploi en ce moment et ils n’ont pas d’argent. C’est un cercle vicieux, car si les billets ne se vendent pas, personne ne prendra le risque de programmer un concert. C’est pourquoi les lives reprendront quand tout le reste aura repris. Mais quand, je ne sais pas. Personne ne le sait.
Hell Haine : Croisons les doigts pour que ce soit le plus tôt possible.
John : Ça va reprendre, on le sait tous. Tôt ou tard. La musique existera toujours et la musique en live existera toujours. Il va y avoir une année, peut-être deux, complètement blanches, et puis ça va revenir. On reviendra parce qu’on a vraiment envie de revenir. On a hâte.
Hell Haine : Oui, ça doit être frustrant de ne pas jouer le dernier album sur scène en ce moment.
John : Oui mais on fait de notre mieux vu la situation. Il y a des choses qui ne se contrôlent pas. Et le Corona ne se contrôle pas. Je ne vais pas rester là à déprimer parce qu’on ne peut pas partir en tournée. Il y a d’autres choses à faire. On peut se mettre à travailler sur des concepts créatifs, commencer à composer de nouveaux sons, et faire pousser des pommes de terre et des tomates. J’ai réalisé que je ne savais pas quoi mettre dans cette nouvelle chanson, là avec ma chemise de bricolage, car je suis en train de repeindre mes fenêtres. Si on ne peut pas le contrôler, il faut vivre avec. Je ne vais pas me contenter d’être négatif. C’est comme ça.
Hell Haine : Certains groupes font de la musique live en streaming. Y avez-vous pensé ou pas vraiment ?
John : Oui, on y a réfléchi, et on est arrivé à la conclusion que non, on ne ferait pas ça, car on pense qu’il n’est pas possible de remplacer une expérience de live avec du stream de lives. On a vu de nombreux groupes essayer, c’est classique, quand quelque chose arrive, les gens paniquent. Je suis un peu conservateur là-dessus, on discute toutes les semaines, avec le groupe,on se réunit sur Skype, et on s’est dit : imaginez que le Covid dure, imaginez qu’il soit là pendant encore 10 ou 15 ans, comment consommera-t-on la musique, dans quatre ou cinq ans ? On va s’assoir et regarder un pauvre live en stream depuis une pièce vide ? Non, ce n’est pas ça qu’on fera. Parce qu’on n’obtiendra jamais la même chose que lorsqu’on est réellement dans la pièce.
On disait toujours dans les interviews,et on le pensait, que dans un show, peu importe si tu as une grosse production ou combien de lives tu as fait,ça n’a pas d’importance. L’effet le plus important dans un concert passe par les yeux, et le contact visuel qu’on peut créer avec le public, et ça, c’est impossible à avoir dans un live en stream parce que le public est assis devant un ordinateur. Rien ne peut remplacer ça. Qu’est-ce qui va le remplacer ? Je ne sais pas. Peut-être quelque chose qui n’existe pas encore. Ou peut-être qu’il n’y a rien à remplacer. On deviendrait alors un groupe de studio. On ne fera pas de stream dans ce sens-là. Je sais que le festival Alcatraz va diffuser les concerts de l’année dernière, des trucs comme ça. Mais là, c’est différent car ce sont de vrais concerts, c’est l’enregistrement de shows.
Hell Haine : Merci beaucoup. On attend ce soir le nouveau single 'Colossus', et en août, le nouvel album. Merci de nous avoir consacré un peu de ton temps.
John : Merci, c’était sympa de discuter avec toi.