«Black Star Riders reste fidèle à ses bases tout en essayant de s'éloigner (un peu) du spectre Thin Lizzy. Si vous aimez le Hard Rock moderne, ce « Wrong Side of Paradise » ne peut que vous plaire.»
En 2010, alors qu’il se produit avec différents musicos sous l’étiquette Thin Lizzy, le guitariste Scott Gorham (figure notoire dudit groupe) annonce vouloir sortir de nouvelles compositions. Après avoir envisagés (un temps) de publier ce matériel sous le légendaire blase de la formation fondée par l’icône Phil Lynott, Scott & Cie choisissent finalement Black Star Riders (gang de hors la loi apparaissant dans le western Tombstone) comme nom de combo. De 2013 à 2019, quatre efforts vont alors voir le jour malgré des changements dans le line-up. Et puis, en 2021, un coup de tonnerre : Gorham quitte le navire. A bientôt 72 piges, l’homme veut se (re)consacrer exclusivement à Thin Lizzy.
Bref, en ce début 2023, le (désormais) quatuor - dorénavant mené par le chanteur-guitariste Ricky Warwick (ex-The Almighty) – nous revient pour un cinquième opus. Sans le pilier fondateur, le successeur de « Another State of Grace » est donc une étape TRÈS importante pour (cette énième incarnation de) BSR. En fait, les quatre garçons cherchent à construire une nouvelle et propre voie tout en conservant certains éléments Thin Lizzy-iens auxquels les fans se sont habitués (guitares jumelles, sonorités folk irlandaises « traditionnelles », intonations/phrasés Lynott-ien).
Les onze titres (treize avec les 2 bonus 'Cut ‘n’ Run' et 'Suspicious Times' sur l’édition Deluxe) de ce « Wrong Side of Paradise » (NdT : Du mauvais côté du paradis) fleurent le bon Hard Rock bien direct. L’affiliation avec qui-vous-savez se reconnait sur plusieurs morceaux (l’ouvreur éponyme, le festif 'Better Than Saturday Night' avec Joe Elliott de Def Leppard au chœurs). A n’en pas douter, on a là de futurs incontournables de setlists.
L’album regorge de gros riffs bien rock et accrocheurs (l’entrainant 'Don't Let The World'). Il faut noter le bon boulot de la paire Warwick + Christian Martucci (démissionnaire lui aussi quelques mois après l’enregistrement et remplacé depuis par Sam Wood, gratteux de Wayward Sons) qui se sont partagés les parties de guitares. Dans le genre, la reprise de The Osmonds (la contagieuse 'Crazy Horses', hit rock de 1972), ici Black Star-ifiée, s'intègre parfaitement à l’ensemble.
Fier de ses origines, Ricky est des plus explicite : « Mon cœur appartient à Belfast [= capitale de l'Irlande du Nord, son pays de naissance], mon âme appartient à Glasgow [= principale métropole d’Écosse] » (l’hymne 'Pay Dirt' écrite avec le regretté Todd « Youth » Schofield). Il lâche quelques punchlines sans équivoques : « Je n'en ai pas fini avec les charlatans à deux visages, ravageant cette terre » (l'excellent 'Green And Troubled Land' et ses saveurs celtiques).
Pour le reste, la clique explore d’autres routes. Ici l’utilisation d’un harmonica ('Hustle'), là des sons presque alternatifs ('Catch Yourself On'), et même quelques (légers) ralentissements de tempos par moments ('Riding Out The Storm', 'Burning Rome'). Sur la dernière piste (de la version standard), le groupe y va même d’un mélange hard groove aux accents bluesy loin d’être dégueulasse ('This Life Will Be The Death Of Me').
Malgré le départ du pilier fondateur Scott Gorham, cette énième mouture (la dernière ?) de Black Star Riders reste fidèle à ses bases tout en essayant de s'éloigner (un peu) du spectre Thin Lizzy si présent depuis les débuts. Si vous aimez le Hard Rock moderne, ce « Wrong Side of Paradise », bien ficelé et qui donne la pêche, ne peut que vous plaire.