La scène metal nantaise a toujours été active et prolifique - l'une des scènes locales française qui déçoit rarement. Le mois dernier, le groupe Nothing But Echoes a sorti son premier album, We Are - un titre qui leur permet à la fois un jeu avec leur tagline (''We are nothing but echoes'') mais qui s'annonce également comme une déclaration d'identité - nous existons, et il va falloir compter avec nous ! Alors, que nous réserve le groupe pour leur première sortie ?
La première chose qu'il faut noter, c'est que la production de We Are est de très bonne facture étant donné que le groupe sort le CD sans être soutenu par un label et qu'il n'y a pas eu d'autres albums avant qui aurait pu permettre au groupe de polir leur son. We Are est déjà un disque mature et qui montre que Nothing But Echoes a su développer une identité audible tout au long de l'album. Le groupe propose un mélange de metal progressif et de post-rock/post-hardcore assez dans l'air du temps (On imaginerait bien le groupe sur une petite scène à ArcTangent) et très propre (peut-être trop ?), mélangé à une atmosphère post-apocalyptique plutôt bien servie pendant l'écoute du disque. Que ce soit ''A Fallen Deadlight'' et son piano funèbre, la première piste et ses delays ambients de bon aloi ou l'utilisation du sample bien connu de la fin de La Planète Des Singes dans ''The Broken Cycle'', il y a une vraie esthétique qui se dégage du disque - le groupe a d'ailleurs l'élégance de passer l'extrait en entier et pas simplement le ''YOU MANIACS ! YOU BLEW IT UP !'' que tout le monde connaît et qui est devenu un meme.
Quid cela dit des compositions en elle-mêmes ? Il n'y a que peu de choses à redire. Tout d'abord, avec un disque d'une heure et dix titres, le groupe se positionne dans les eaux habituelles du prog, avec des morceaux souvent au-dessus de 5 minutes, comme le très réussi single'' Owe Nothing'' plein d'énergie et qui s'ouvre avec des claviers qui font penser au King Crimson première période avant de passer sur un riff plus moderne et dissonant. Au rang des influences progressives inévitables mais bien digérées on trouve également Steven Wilson, invoqué pendant les arpèges de ''Silent Evolution'' et les claviers de l'intro. Avec dix minutes au compteur, ''Silent Evolution'' est le plus long morceau de la galette, et l'un des meilleurs - Nothing But Echoes paraît plus à l'aise dans les formes longues, où le propos du groupe peut se développer et s'étoffer. On regrette d'ailleurs que immédiatement après cette très bonne piste, le groupe enchaîne sur ''Beyond Your Fears'' au riff d'intro franchement cliché et aux arrangements attendus. Il s'agit là du défaut principal de We Are - le groupe marque les temps avec très peu d'inventivité rythmique, les plans mélodiques sont parfois prévisibles (''The Course Of The Disease Pt.I''), et pour un groupe progressif il n'y au final que peu de prises de risque tout au long du disque. Nothing But Echoes ressort pas mal de recettes connues des fans de prog/post et, si ils ne sont pas mauvais dans leur exécution, manquent encore de créativité. Evidemment, il est plus difficile d'être bon sur la longueur avec un album d'une heure qu'avec quarante-cinq minutes de temps de paroles, mais ici les mêmes tropes se répètent au fur et à mesure de l'écoute.
On pourrait voir le verre à moitié vide et s'arrêter à cette faiblesse, mais cela un peu injuste. Fort de leur travail sur leur son et de leur exécution impeccable, Nothing But Echoes nous fait oublier qu'il s'agit de leur premier disque - un disque plein de qualités qui nous rend impatients d'en entendre plus !