Le groupe de prog instrumental espagnol Toundra nous revient ce mois-ci avec leur cinquième album, Vortex, brisant ainsi leur suite d'albums numérotés. Vortex -le bien nommé- est un tourbillon instrumental, bourré d'idées, qui fait très plaisir dans le contexte actuel où ''progressif'' veut bien souvent dire ''dans d'autres clous''.
Niveau format, Toundra fait bien les choses : huit morceaux, quarante-trois minutes, tout pour plaire. Juste assez pour rentrer dans le vif du sujet et exposer son propos, et assez court pour s'arrêter avec le sens du devoir accompli et sans un instant risquer l'ennui. Sans compter que quand Toundra propose quarante-trois minutes, ils les remplissent bien - il n'y a qu'à écouter le morceau éponyme pour s'en rendre compte - après une courte intro, ça démarre sur les chapeaux de roues - la composition est urgente, passe de phase en phase, surprend et maintient en haleine. On pourrait d'ailleurs dire de même de ''Touareg'', exploration mélodique et épique qui ne retombe sur la gamme désertique attendue dès le titre au bout de la première moitié du morceau. Dans les deux cas, la batterie est pour beaucoup dans le succès de ces compositions - elle maintient la pression, tabasse quand elle le faut, repart en retrait, et maintient à flot le reste du groupe avec une maîtrise qui force le respect. De la même manière, on ne peut que s'incliner devant ''Mojave'', composition-fleuve,
Les morceaux les sonnent comme de larges espaces où l'on peut se perdre, et les moments de répit (''Roy Neary'', ''Cartavio'') sont les bienvenus - sans compter qu'ils permettent à Toundra de changer de vitesse et ainsi de ne pas lasser l'auditeur, de la même manière que l'on nous offre Kingston Falls comme un sorte de friandise, un single à plein tube sans édulcorant.
Le son de l'album est mordant, mais aussi mélodique quand il le faut. Pendant le tremolo picking de ''Mojave'', on sent l'urgence du musicien, pendant les montées en puissance, la batterie fait réellement monter la pression, mais les moments où les morceaux redescendent en clean (''Cruce Oeste'') sont amenés avec beaucoup de naturel, sans tomber dans des gimmicks de composition. Le groupe rappelle un peu Poly-Math, dans leur volonté d'en mettre plein partout mais sans jamais réellement souscrire à un genre précis, sans vouloir contenter un seul public - Toundra, dans Vortex, travaille d'arrache-pied pour mettre en place une musique qui ne serait que la leur. Lyrique, complexe, mais également immédiate. Un grand bravo !