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Thrash Metal (1982-87), Progressive Metal (1988-)

Synchro Anarchy
Fred H
Journaliste

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«Bien que plus noir et plus direct que son aîné, ce « Synchro Anarchy » est du Voivod 100% garanti sur facture.»

9 titres
Thrash Metal (1982-87), Progressive Metal (1988-)
Durée: 47 min 59 mn
Sortie le 11/02/2022
1605 vues
En 2020, malgré la pandémie de coronavirus qui a mis un frein à d’innombrables choses à travers le monde, Voivod est resté actif. Outre un excellent EP aux forts accents jazzy « The End Of Dormancy » publié en mai, le quatuor livrait six mois plus tard le méfait live « Lost Machine » capturé à Québec city le 13 juillet 2019.

En ce début 2022, la section de Jonquière (qui fête ses quatre décades d’existence cette année) nous revient avec « Synchro Anarchy ». Confinements obligent, les neuf titres de cet opus ont été développés de manière vraiment inédite pour les Canadiens. Alors qu’habituellement tout se fait ensemble dans la même pièce, les quatre gars ont dus dans le cas présent partager leurs idées via des transferts de fichiers en ligne. Dixit le batteur-illustrateur Michel « Away » Langevin « c’est le résultat d’une véritable collaboration. Ce nouvel album représente d’innombrables heures d’écriture, de démos, d’enregistrements, de mixage, etc. ». Ce sont ces circonstances inhabituelles qui ont conduits la formation québécoise à choisir ce nom pour leur quinzième disque. A toute chose malheur est bon, le groupe compte réitérer ce processus créatif dans le futur afin de proposer des sorties plus rapprochées. Comme quoi…

Une fois cela dit, le successeur de « The Wake » (qui a remporté le Juno du skeud métal/hard de l’année en 2018) reste fidele aux éléments chers aux géniteurs du chevalier-vampire-androïde de l'ère post-nucléaire. On (re)trouve cet improbable mélange de thrash technique, de punk, d’accents jazz et d’inspirations de rock progressif. Bref, une zique protéiforme toujours aussi difficile à cataloguer.

Dès les premiers accords du présent ouvreur ('Paranormalium'), les plus mélomanes et/ou attentionnés vont faire le lien avec les dernières sonorités du précédent effort. Ce nouveau voyage sidéral des garçons de la Belle Province fait une fois encore la part belle aux plans de guitare complexes (d’aucun diront alambiqués) et venus d'ailleurs (le nébuleux 'Holographic Thinking'). Les changements de tempos et les breaks rythmiques sont légion ('Planet Eaters' et ses temps/contre-temps à gogo). Que de soubresauts, syncopes (le titre éponyme), cavalcades, et autres dissonances (l’obsédant 'Mind Clock') à s’envoyer dans nos esgourdes ensablées.

A cet égard, la paire Daniel « Chewy » Mongrain (guitare) et Dominic « Rocky » Laroche (4-cordes) s’affirme de plus en plus et pour le meilleur. De même, de retour derrière la console de production, Francis Perron (du RadicArt Recording Studio) réussit à parfaitement équilibrer/mixer toutes ces déroutantes structures (écoutez moi ce put*** son de basse). Si vous êtes adeptes des montagnes russes musicales faites de chaos prog organisé ('The World Today' et son solo de gratte totalement fou), « d’improvisations » jazz, d’arpèges barrés, et de riffs frénétiques, l’attraction grand 8 de Voivod est pour vous.

Plus que jamais imprévisibles (tout en restant cohérents), nos globe-trotters intergalactiques multiplient les références au passé (périodes « Nothingface » et « Dimension Hatröss » sur 'Memory Failure') tout en incorporant quelques surprises (le haletant 'Quest For Nothing' et sa conclusion à la mandoline).

Au rayon du zarbi, outre l’instrumentation, le sieur Denis « Snake » Bélanger ne laisse pas sa place. Il passe par tous les états le lascar. Avec sa voix râpeuse assez particulière, notre « Serpent » se fait tour à tour mélodique (l’accrocheur 'Sleeves Off'), aérien, mélancolique, furieux, déglingué et parfois même habité (possédé ?) par ses propos. L’homme abriterait-il plusieurs personnalités ? Ses textes (à l’instar de la musique) se veulent ici plus sombres qu’a l’accoutumé tout en restant majoritairement axés sur les thèmes de S-F coutumiers au combo (dystopie, temps, espace, technologie, etc.).

Vous l’aurez compris, bien que plus noir et plus direct que son aîné, ce « Synchro Anarchy » est du Voivod 100% garanti sur facture. Plusieurs écoutes vous seront nécessaires pour appréhender pleinement cette étrange, riche et déconcertante œuvre. Agrippez-vous bien à votre nacelle et profitez de ces loopings à sensations fortes.