Quand on lit le blaze de certains groupes, on se demande parfois à quel point ils peuvent être perchés pour pondre des noms à coucher dehors. On peut comprendre que le développement de l’offre musicale étant de nos jours exponantiel, il devient de plus en plus difficile de faire dans l’originale.
Concernant le trio transalpin récemment reformé qui nous intéresse ici, c’est plutôt logique quand on y réfléchit. Parce que les deux concepts sous-jacents d’UFOMAMMUT (les OVNI d’une part, les pachydermes d’autre part), à l’écoute de leur dernière galette, trouvent ici une justification d’une limpidité à l’opposé de leur musique.

Parce qu’il faut bien dire ce qui est : UFOMAMMUT c’est du son poisseux à l’infini, une fuzz paroxysmique qui vous dépose une couche visqueuse, über-gluante sur une matière sonore puissante comme l’explosion d’une supernova. Il y a ce choc entre la lourdeur (tu le visualises, maintenant, le mammouth ?) du Doom le plus malsain et la majesté du psychédélisme le plus planant (tu la conçois bien, maintenant, l’immensité du cosmos traversé par les soucoupes volantes?).

Ca vous colle au corps à force de dissonances instillées dans les riffs, et ça vous met en transe dans les moments plus « légers ». Les motifs sont étirés juste ce qu’il faut pour frôler la lassitude, puis réveiller l’auditeur avec un subtil changement, qui dans le motif rythmique établi, qui dans l’exécution du riff.
Le tout est soutenu par un entrelac de nappes de claviers et de boucles qui viennent relever un plat qui pourrait sembler fade, si cette épice n’était partie prenante de la recette. C’est puissant, c’est énorme, c’est tellement trop que le petit Robert manque de superlatifs pour donner une idée du truc.
Et en même temps, ça vous scotche au sol tellement fort que vous renoncez d’office à toute idée de régime, le poids qui pèse sur vos épaules vous instillant l’idée que toute tentative d’amaigrissement est désormais vaine.

En fait, c’est un peu à l’image de la pâte à tartiner aux noisettes chère à nos amis « qui parlent avec les mains » : vous savez que c’est pas bon pour la santé, c’est lourd et collant sur le doigt et dans l’estomac, et pourtant c’est si bon que vous pouvez pas vous empécher de replonger le doigt dans le pot.
…
Voilà, en fait cet album c’est du Doom à la Nocciolata. Débrouillez-vous avec ça.