Quand en 2016 est paru « Miserable Miracle », Mithridatic concrétisait un long chemin de croix entamé en 2007. S'il a fallu presque 10 ans aux Français pour sortir leur premier album, le résultat a épaté plus d'un connaisseur, puis zut, n'ayons pas peur des mots : il en a mis plus d'un complètent KO. Trois plus tard, c'est un groupe ultra soudé et plein de confiance qui présente son deuxième opus, « Tétanos Mystique », une oeuvre inspirée autant par le Death que le Black Metal mais aussi par des auteurs comme Roger GILBERT-LECOMTE, Louis-Ferdinand CELINE et le sémillant Charles BUKOWSKI. A partir de maintenant, vous pénétrez dans une zone qui mène droit à la folie, vous voilà prévenus.
On pourrait la faire courte et décrire Mithridatic comme étant le fruit d'une copulation bien crade entre Morbid Angel et Mayhem, l'un amenant la puissance, l'autre la folie. Mais ce serait réducteur de voir Mithridatic uniquement par ce prisme, même si les deux noms cités en référence ne manquent pas de gueule. Néanmoins, on ne peut pas le nier, la grande force du groupe réside dans sa faculté à créer une musique aussi autoritaire ('The Night Torn from Herself') que déjantée ('The Dead Mountain of Life') au travers de morceaux à la structure impeccable. Chez Mithridatic, c'est carré, rien ne dépasse, c'est joué avec aisance et hargne sans pour autant virer au mécanique sans âme. Chaque titre apporte sa personnalité pour faire de « Tétanos Mystique » un album dense, varié, et réellement addictif qui une fois lancé, ne peut être arrêté tant celui-ci vous prend dans sa spirale maladive pour ne plus vous lâcher. L'exemple qui confirme ces propos est sans aucun doute 'Le Sevrage', un morceau totalement dingue, brutal et malsain, avec en fond sonore des extraits du merveilleux ''Buffet Froid'' de Bertrand Blier qui ne fait que renforcer un malaise déjà bien installé. Du reste, il est difficile, voire impossible de dissocier la musique de « Tétanos Mystique » des ambiances qu'il génère. Les deux sont liées, il suffit de jeter une oreille sur 'Toothless Bite' pour comprendre que l'une ne vit pas sans l'autre. Si musicalement ça défonce sévère, les atmosphères présentent ne font qu'accentuer l'impression de malaise, encore plus quand on se focalise sur les vocaux d'un mec totalement possédé. C'est également une des composantes importantes de « Tétanos Mystique », le chant de Guitou est aussi déjanté que ses prestations scéniques, le gaillard épate littéralement par la manière qu'il a d'exprimer son growl ou les nombreux hurlements qu'il pousse. C'est assez rare et c'est à souligner, qu'un groupe parvienne à concilier toutes ces choses en un seul et même opus, généralement l'accent est mis sur un aspect en délaissant les autres, mais pas ici. « Tétanos Mystique » c'est un putain de parpaing dont la brutalité n'a d'égale que sa technique et la folie qui l'habite.
« Miserable Miracle » n'était pas un one-shot, un coup de génie sans suite, maintenant on en est certain. Mithridatic n'a pas un potentiel fou, il a une maitrise totale de ce qu'il fait et le démontre parfaitement sur « Tétanos Mystique ». Le tour de force est remarquable, il est impossible de ne pas recommander cet album à tous les amateurs du genre et aux curieux qui n'ont pas peur de perdre leur âme en chemin. En France on a toujours pas de pétrole, mais on a des groupes géniaux, totalement incroyables qui rivalisent haut la main et droit dans les yeux avec les fameuses ''têtes d'affiches'' (tout en restant dans le contexte, évidemment). On en viendrait presque à se demander si ce n'est pas le public qui ne sait pas faire la différence entre le bon et le moins bon.