Le Heavy speed français est bien vivant. Il y a quelques semaines, Sortilège renaissait grâce à un fulgurant « Phoenix ». Ces derniers jours, Adx s’est réapproprié son disque malaimé (en anglais) grâce à de nouvelles « Étranges visions » (réenregistrées dans la langue de Voltaire). A peine le temps de se remettre de tout cela, voilà que Titan fait lui aussi un retour foudroyant.
Fondée en 1986 par quatre ex-Killers (partis en désaccords avec le guitariste Bruno Dolheguy), cette formation basque (devenue quintette avec l’arrivée d’un autre sixcordiste) publiait la même année une première livraison sans nom des plus prometteuse. Moins de deux piges plus tard, le groupe enchainait avec un explosif skeud live nommé « Popeye le Road ». Malheureusement, un peu à la surprise générale, le combo décidait de se séparer quelques temps plus tard.
Finalement, après quasi trente ans à faire d’autres trucs chacun de leur côté, nos lascars remettaient le couvert (en 2017). En plus de reprendre les concerts, l’envie de sortir un second méfait studio était – on l’imagine sans peine - dans les esprits.
Alors, en cette fin de 2021, le voici le voilà ce très attendu deuxième effort, trois décades et demie après le premier opus. Ce « Palingenesia » (signifiant en grec « naissance à nouveau », « régénération ») s’ouvre de façon « particulière » avec une courte intro éponyme mêlant bruits bizarres, cris et ambiance sombre. Une fois cet interlude passé, on retrouve d’emblée toutes les composantes du Titan de jadis. Riffs puissants, mélodies entrainantes, refrains rassembleurs, tout est là. Comme par le passé, l’inspiration Accept-ienne – tant musicale que vocale – est toujours présente ('Utopie'). On note également ici et là quelques accents Judas Priest-iens ('Mortels').
Il faut présentement saluer le très bon boulot collégial sur l’ensemble du skeud. Soutenu par un très solide Pascal Chauderon à la 4-cordes, Inaki Plaa se montre des plus percutant derrière son kit batterie. Servis par un son actuel et massif, les taquineurs de manches Sébastien Blanc et Patrice Tetevuide ne se privent pas pour défourailler tout un tas de soli bien amenés ('No More Gods').
Outre son heavy metal énervé, ce sont aussi les textes engagés (et contemporains) qui caractérisent notre Titan. Au micro, Patrice Le Calvez fustige les intégristes et fanatiques religieux (le fédérateur 'Les fous de Dieu'). Entre les « enfoirés très fortement armés qui font pleuvoir les balles sur toute l’assemblée » ('Rage et Haine'), les migrations de populations ('Mourir Ailleurs'), et les problèmes de société ('Liberté'), notre homme a de la matière pour nourrir son propos et ses colères. Les punchlines rageuses fusent. « Exaspération dans les rues, Le peuple d’en bas n’en peut plus … Au bord de l’explosion, Société en fusion … INSURECTION » ('Marche'). A bon(s) entendeur(s).
La clôture de la rondelle se fait avec deux pistes aux registres différents du reste. D’abord déboule l’hymne dédié aux fans. En quelques phrases, tout est dit (« Après tant d’années d’absences, Après tant de silence, célébrez la 'Résurrection' […] Soyez en remerciés vous Heavy Métal Kids qui nous soutenez ». Très archétypal certes mais bigrement efficace. Et puis, arrive une ballade pleine de sincérité et sentant le vécu ('A la vie, à la mort'). Même si cela peut paraitre un peu étrange de finir là-dessus, difficile de rester insensible à ce moment plutôt touchant.
Vous l’aurez compris, ce très bon « Palingenesia », c’est du pur Titan comme on avait envie de les (re)trouver. Le combo se projette assurément vers l’avenir et c’est tant mieux. En voilà un come-back réussit.