« Time » manque de relief à tous les niveaux : dans la composition, dans l’interprétation et dans le mixage, ce qui donne un résultat absolument pas mémorable.
Depuis sa formation en 2008, Infected Rain a fait du chemin : « Asylum » (2011), « Embrace Eternity » (2014), « 86 » (2017), « Endorphin » (2019) qui marque le début de leur collaboration avec Napalm Records, et « Ecdysis » (2022). A noter que pour leur dernière création, qui s’intitule « Time », le groupe a été rejoint par la bassiste Alice Lane.
Remettons un élément au clair : qu’il s’agisse de musique, de littérature, de cinéma ou de tout autre domaine artistique, il est essentiel de soigner son ouverture et sa conclusion. Cela ne veut en aucun cas dire que tout ce qui est au milieu peut être ignoré mais le minimum est d’accrocher son public dès le début et de le laisser avec une dernière impression de qualité. Si je prends le temps d’évoquer cela, c’est parce qu’Infected Rain n’a pas vraiment fait son boulot de ce côté-là. ‘Because I Let You’ commençait pourtant bien avec un groove efficace, un refrain qui rentre en tête…puis un pont atmosphérique qui n’a rien à faire là. De la même façon, ‘A Second Or Thousand Years’ est une outro à l’opposé de l’ambiance de l’album qui aurait été bien plus à sa place dans le morceau d’un groupe comme Psygnosis.
Sur le reste de l’album, il est assez difficile de vraiment retrouver la patte d’Infected Rain. Le groupe nous propose un accompagnement minimaliste et une ligne vocale qui peut évoquer Björk avec ‘Never To Return’, ‘Paura’ ou encore ‘Game of Blame’, puis nous avons droit à une sorte de composition à la In This Moment avec ‘The Answer Is You’ avant de basculer sur quelque chose qui évoque plutôt Jinjer sur ‘Vivarium’… Quoi qu’il en soit, avec tous ces morceaux, on se dit : « Tiens, ça peut être intéressant ! » quand ils commencent, et on finit à coup sûr par : « Mais tel autre groupe le fait quand même mieux. ». Les membres d’Infected Rain ont bien raison d’écouter ce qui se fait ailleurs mais il ne faut pas qu’ils y perdent leur audace !
Heureusement qu’il reste l’ambiance Djent de ‘Dying Light’ qui se démarque aussi par un bon travail du duo rythmique Evgeny Voluta (batterie) et Alice Lane (basse) et l’old school ‘Enmity’ qui nous rappelle les albums plus anciens du groupe et leur Nu Metal énergique. Si on a du mal à comprendre la mollesse de ‘Lighthouse’, on profite de la ligne de guitare de Vadim Ozhog sur ‘Pandemonium’ et de la performance vocale de Lena Scissorhands sur ‘Unpredictable’, mise en avant grâce à une rythmique hypnotique. Il faut cependant admettre que ces quelques bonnes idées perdent de leur impact à cause d’un mixage très lisse et d’une interprétation désincarnée.
Et c’est sans doute le problème principal de « Time » qui manque de relief à tous les niveaux : dans la composition, dans l’interprétation et dans le mixage, ce qui donne un résultat absolument pas mémorable. Les morceaux oscillent entre Metalcore et Modern Metal avec des restes de Nu Metal et de Djent du passé d’Infected Rain mais rien ne parvient vraiment à captiver l’attention de l’auditeur. En termes d’influences, on y retrouver un peu de Jinjer sans la fougue de Tatiana Shmayluk, un peu d’In This Moment sans leur audace Electro, et un peu de Björk sans sa furieuse folie créative. Et Infected Rain dans tout ça ?