J'ai personnellement lâché l'affaire Therion il y a plusieurs années, après l'album "Gothic Kabbalah" (2007, déjà !), leur méfait suivant "Sida Artha" ne m’évoque qu’un terrible ennui... Les sorties postérieures ("Beloved Antichrist", "Les fleurs du mal") ne m'ayant pas motivées à aller davantage en profondeur (Triple opéra pour le premier, album de reprises à mauvaise réputation pour le second).
Un peu plus d’un an après "Leviathan" marquant de ce que j’ai lu un certain retour aux sources ("Chat échaudé craint l'eau froide", dit-on), voici sa suite, très logiquement nommé "Leviathan II".
L'album commence par le plus court morceau de l’album et indéniablement le prochain tube, 'Aeon of Maat', (02min36s). Cette mise en bouche efficace est construite sans surprise : intro rapide de quelques secondes, chant féminin qui alterne avec des chœurs, rapide solo, chant féminin qui alterne avec des chœurs (de nouveau) puis duel chant féminin/masculin, rapide second solo, couplet. Au bout de quelques secondes on sent que Therion n’a pas cherché la complexité mais la familiarité et cette sensation se retrouvera tout au long de l’album.
Pour avoir une idée des thématiques abordées par le groupe, il a fallu faire faire appel à ma culture ou effectuer des recherches... Maat est la déesse de l'harmonie cosmique en ancienne Égypte, probablement la déesse ailée que l'on retrouve en bien mauvaise posture face à une affreuse hydre sur la couverture de l’album. D’ailleurs, le terme affreux pourrait bien résumer la pochette de l’album : je trouve celle-ci un poil ratée, faute principalement à ladite créature qui semble recyclée d’un vieux jeu Playstation. Quoi qu'il en soit, on retrouve donc pour partie Therion vraisemblablement en terrain connu, La thématique mythologique ('Quetzalcoatl', 'Typhon', 'Kali Yuga'...) ayant souvent été abordée par le groupe sur leurs différents albums.
Plusieurs influences parsèment ça et là cette nouvelle œuvre : on y retrouve un peu de Ghost (notamment sur 'Litany of the fallen' et le début du refrain), et du Nightwish période ''Century Child'', notamment par le début de la seconde chanson qui commence quasiment par 'End of all Hope'. D’ailleurs, fait amusant concernant un autre début de chanson bien connue, 'Lucifuge Rofocale' m’évoque 'Does your mother know' de Abba !
Si vous prenez Therion époque ''Theli'' associée avec Nightwish et la période évoquée plus haut, vous aurez une idée assez proche de ce qu’est ce disque dans l’ensemble : un Therion simplifié mais diablement efficace.
En effet, les morceaux sont assez simples dans l'ensemble, l'album se laisse bien écouter, le Therion qui nous laissait explorer les univers complexes et techniques de ''Lemuria/Sirius B'' semble loin et a muté en un personnage bienveillant qui nous prend par la main pour nous entrainer dans son univers : même les changements de rythme (sur 'Lucifuge Rofocale' par exemple) semblent très naturels (preuve que l’album passe bien). Autre sensation générale qui se dégage du disque : un énorme travail accompli au niveau vocal. La palette d’émotions procurée par les deux chants (féminin par Lori Lewis et masculin par Thomas Vikström, tous deux présents depuis une dizaine d’années) est incroyablement variée et impose franchement le respect ! Il me semble d’ailleurs important de signaler que le chant féminin est très mis en avant, bien plus que par le passé (Influence Nightwish, je vous dis…).
Au final, peu de prise de risques, on a affaire ici à un album plus qu'agréable, très diversifié mais qui sait garder un fil conducteur tout au long de l’écoute. Le groupe (ou plutôt Christofer Johnsson, le maitre à penser) a su sortir de ses errances passées sans pour autant (trop) sombrer dans la facilité et devenir une caricature de ce qu’il était : l’album est très équilibré entre ambiances travaillées et parties rapides. Sortir un tel disque alors qu’il s’agit du 18ième album du groupe est gage indéniable de qualité retrouvée. Un bon disque d’introduction à la carrière symphonique de Therion !
A noter, la version promotionnelle est venue avec 2 bonus tracks 'Aeon of Maat' (Alternative Vocals version – dont je cherche encore la différence, peut être des vocaux masculins plus agressifs) et 'Pazuzu' (AOR Version) soit un total de 53:21.
Un retour en excellente forme avec un album léger et intéressant, sans être pompeux ou ennuyeux.