Theraphosa
Enora
Journaliste

THERAPHOSA

«« Theraphosa », un EP très prometteur puisqu'on y décèle de réelles qualités musicales, un univers riche et surtout une envie d'en montrer davantage sans pour autant trop se dévoiler car le génie créatif est décidément à l'oeuvre ici»

5 titres
Metal
Durée: 24 mn
Sortie le 19/10/2018
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Theraphosa, vous allez le voir, porte très bien son nom puisqu'il s'agit de la plus grande araignée du monde, et que le trio français tisse, avec ce premier EP, une toile invisible autour de l'auditeur qui se retrouve piégé par des fils dont la pression ne se fera sentir qu'à l'instant fatal. La rencontre des trois musiciens avec Jan Rechberger, batteur d'Amorphis, est l'élément déclencheur qui donnera naissance à « Theraphosa », enregistré à Helsinki.

Et on commence avec, en ouverture de l'hypnotique ‘The King Of Vultures', la désormais bien connue citation du physicien américain Julius Robert Oppenheimer (1904 –1967), puisqu'on la trouve déjà sur l'album « Way To Carcosa » (2018) du groupe Mind Imperium, tirée du Bhagavad Gita, un texte hindu dans lequel Vishnu essaie de persuader le Prince qu'il devrait accomplir son devoir et, pour l'impressionner, se métamorphoser pour adopter sa forme a plusieurs bras et dire : « Now I am become Death, the destroyer of worlds. » que le scientifique avait prononcé à la télévision en 1965. Guitare et basse s'enlacent en une danse langoureuse et mortelle sur laquelle plane la voix claire de Vincent. Avec un premier morceau aussi réussi, Theraphosa nous met dans les meilleures dispositions possibles et Season Of Mist confirme la qualité des artistes sous sa bannière. Etrangement, ‘The God Within' s'ouvre sur une ligne musicale qui flirte autant avec le Groove qu'avec le Tech, et c'est une nouvelle fois la basse de Matthieu qui est mise en avant. Sa rondeur contraste avec le scream. Après une entrée en matière atmosphérique, le groupe emprunte au Thrash sur les couplets et parties instrumentales mais continue de tendre les bras à un univers bien plus aérien sur les refrains. En brouillant les pistes, Theraphosa rend son univers encore plus séduisant.

Le groupe nous fait basculer dans quelque chose de bien plus sec, haché et presque minimaliste avec ‘The Butcher' dont la simplicité mélodique permet de mettre la rythmique, et en particulier la batterie de Martin au premier plan. La voix se fait presque discrète, laissant la guitare parler à sa place puisque celle-ci va même jusqu'à s'offrir un solo sombre et macabre. Ceux qui ont été emporté par la luxuriance des deux premières chansons resteront peut être un peu sur leur faim d'un point de vue purement musical mais le groupe laisse entrevoir une richesse créatrice qui mériterait un album pour pleinement se développer. ‘Obsession' conserve une apprêté similaire mais l'ajout de choeurs en voix claire fait tout le charme de la chanson. Plus le morceau avance, plus une construction complexe se dégage de l'ensemble et se déploie devant nous, flirtant avec le Nu, effleurant les atmosphères du Black Atmo, et nous plongeant définitivement dans un monde qui n'appartient qu'à Theraphosa et où nous sommes invités. Les amateurs d'In Flames savent que ‘Leeches' est un nom plus que prometteur et qui place un morceau sous les meilleurs auspices ; et bien cela se confirme avec le titre du même nom que nous propose Theraphosa pour conclure cet EP, une nouvelle fois grâce à un groove ravageur porté par le bassiste du groupe et renforcé par la guitare.

« Theraphosa » est un EP comme on les aime, c'est-à-dire très prometteur puisqu'on y décèle de réelles qualités musicales, un univers riche et unique et surtout une envie d'en montrer davantage sans pour autant trop se dévoiler car le génie créatif est décidément à l'oeuvre ici. Si l'EP souffre parfois de quelques répétitions, le groupe nous offre un beau moment, peut être plus rythmique que mélodique mais qui parvient à nous emporter grâce à une force grande force hypnotique.