«Sauf que maintenant on va devoir ronger son frein avant de courir les applaudir lors de leur prochaine tournée…et ça, faut dire c’qui est : c’est pas très gentil de nous faire subir ce supplice !»
On n’aborde pas un album Live comme on le ferait d’une galette studio. Les attentes sont différentes : là où on va chercher à capter ce qui a évolué dans l’écriture d’un artiste (par rapport à ses précédents disques) ou ce qu’il apporte à un style/un mouvement musical (a fortiori lorsqu’il s’agit d’un premier effort), on cherchera plus simplement à vérifier que l’enregistrement d’un(e série de) concert(s) restitue l’ambiance. Cet exercice est particulièrement pertinent lorsqu’on a assisté à plusieurs shows, et/ou lorsque le combo se fait régulièrement remarquer par la qualité/ l’intensité de ses prestations.
De ce point de vue, nos amis islandais de The Vintage Caravan sont bien connus pour promettre le meilleur. Leurs concerts sont en général gavés de cette énergie fleurant bon les années 70, avec un détonnant mélange de sauvagerie Rock’n’roll et de bonhomie hippie.
Et le fait est que la galette qui nous est proposée ici, roborative (13 titres pour plus d’une heure et quart), ne déviera pas de cette ligne directrice. Car on retrouve ici, avec un poil de « graouh » en plus, le son twangy et gavé de fuzz de la Telecaster d’Oskar Agustsson, soutenu par la batterie de Stefan Ari Stefansson (plus naturel et swinguant, tu meurs !) et la basse tout en rondeur d’Alexander Orn Numason.
La prise de son rend justice à la patte Vintage (pour le coup, le blaze du groupe est un modèle de cohérence) du trio et l’on se plaît à ré-entendre -parfois redécouvrir, même…la musique des gaziers se prête avec bonheur aux sorties de route en totale improvisation- la pelletée de hits piochés au gré des différents albums. L’énergie dont on parlait plus haut est là et bien là ! Cerise sur le gâteau : l’enregistrement révèle le joli travail de choriste d’Alex en soutien de son frontman (Ecoutez « Innerverse »…les gens manquant d’éducation lâcheront un grossier « c’te branlée ! » qu’on pardonnera, tellement il est vrai)
La faute sans doute à des prestations réalisées le plus souvent en club, le public se fait globalement discret, et l’on ne prend conscience de sa présence qu’en début et fin de chaque morceau, lors d’applaudissements évidemment nourris. Mais là aussi, en fermant les yeux, l’on s’immerge dans l’ambiance du show.
Inutile de gloser, « The Monuments Tour (Live) » est un bijou à plusieurs titres:
- Pour les fans qui ont assisté à leurs concerts : il leur fera revivre l’immense plaisir ressenti lors de ceux-ci ;
- Pour ceux qui n’ont pas assisté à leurs concerts : l’album est un fabuleux teaser qui leur fera encore plus regretter de ne pas en avoir été
- Pour les nostalgiques d’une certaine époque (celle des fleurs dans les cheveux et du patchouli) : elle leur rappellera le bon temps de Woodstock, la qualité sonore en plus
- Pour les novices, les newbies, et ceux qui les avaient loupés jusqu’à présent : ils se mordront les doigts à l’écoute, de ne pas s’être penché sur le travail du trio plus tôt.
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Sauf que maintenant on va devoir ronger son frein avant de courir les applaudir lors de leur prochaine tournée…et ça, faut dire c’qui est : c’est pas très gentil de nous faire subir ce supplice !