AYREON
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Rock Progressif
Chroniques

The Source
Morbid Domi
Journaliste (Belgique)

AYREON

«Avec « The source », Ayreon amène une production dantesque, spectaculaire, vivifiante, dotée de génie créatif et totalement subjuguante de bout en bout. »

17 titres
Rock Progressif
Durée: 88 mn
Sortie le 28/04/2017
11477 vues
Si d'emblée, nous comprenons que ce ne sera point une sinécure de chroniquer Ayreon, cela n'en reste pas moins un immense honneur
au vu de l'admiration que je voue au génial pilier du projet, Arjen Anthony Lucassen.
Ce mec est une anthologie à lui seul, ayant mené une multitude de projets et rayonnant de par ses compétences de chanteur – multi-instrumentiste
au sein du monde du Métal.

Le 28 avril prochain sortira le 9ème album d'Ayreon intitulé « The Source ».
Ayreon, le fameux groupe opéra Rock Metal progressif, sévissant depuis 21 ans, s'il vous plaît !!!
Sachant Messire Lucassen fortement pris dans moult projets, finalement, il n'aura fallu attendre que 4 petites années depuis la sortie du très agréable « The Theory of Everything ».

Nous devinons qu'il s'agira d'un concept-album, il ne saurait en être autrement vu que cela reste l'essence même d'Ayreon.
Bingo, la volonté de l'artiste consiste à marquer un retour à la science-fiction et plus particulièrement à l'histoire d'Ayreon. Question de bien brouiller les pistes, ce nouvel Opus est en fait chronologiquement la genèse de cet univers bien particulier. C'est un peu comme Star Wars, nous retournons aux « sources » pour nous permettre de mieux comprendre, de mieux nous situer.
En décodé, d'un point de vue purement chronologique, il devrait logiquement s'agir du tout premier album !!! Comme quoi, Messire Lucassen nous prouve allègrement qu'il est possible techniquement de retourner dans le passé lointain.

Pardon !! Vous me dites Monsieur ?
Oui, évidemment, il y aura une solide brochette d'invités de marque pour jouer les personnages de ce monde Alpha.
Où est-ce ? Dans la galaxie d'Andromède pardi !!!

Reprenons notre sérieux, histoire de donner vie à cet ambitieux projet, tel un Luc Besson, Arjen est allé chercher quelques fleurons parmi la crème du monde métal. Découvrez plutôt…James LaBrie (Dream Theater), Simone Simons (Epica), Floor Jansen (Nightwish), Hansi Kürsch (Blind Guardian), Tobias Sammet (Edguy, Avantasia), Tommy Karevik (Kamelot, Seventh Wonder) Russell Allen (Symphony X), ainsi que des nouveaux venus tels que Tommy Rogers (Between the Buried and Me, Prayer For Closing)…
Pas moins de 11 chanteurs viendraient déposer leur timbre sur ce double CD.

Allez, comme je sais que vous êtes nombreux ici sur United Rock Nations à aimer le groupe Myrath, je peux vous dire que Zaher Zorgati participe aussi.
On peut aisément imaginer sa joie de s'adjoindre à un tel projet !!!
Evidemment, aux côtés du très chouette batteur Ed Warby, vous trouverez aussi pléthore de musiciens à l'instar de Mark Kelly (Marillion), Paul Gilbert, Joost van den Broek (ex-After Forever) et j'en passe…

Pour notre plus grand plaisir, c'est un double CD qui sort, doté d'un bel artwork, comprenant 17 titres pour un total de 88 minutes.
Cette source se décline en 4 parties ou mieux, 4 chroniques pour évoquer l'origine du « Forever », race extra-terrestre actrice dans les pérégrinations d'Ayreon. Ainsi vous découvrirez le cadre, l'alignement des dix, la transmigration et la renaissance…évoluant vers un retour au cycle perpétuel.

Au vu des invités prestigieux, chanteurs ou musiciens, l'on pouvait s'attendre à une oeuvre plus qu'intéressante.
Est-ce vraiment le cas ?

Chers lecteurs, oh que oui, l'oeuvre dépasse tout entendement, ça fait 3 semaines que j'écoute ce double album, tentant d'en percer la quintessence, me rendant compte que par-delà sa magnificence, on ne parvient pas à l'apprivoiser en si peu de temps. Le travail est tel que sans vous lasser, vous réécouterez les pistes, une à une, revenant sur tel ou tel passage, découvrant une mine au trésor emplie de pépites. Il ne s'agit pas d'un chef d'oeuvre au sens protocolaire du terme mais bien d'un opus extraordinaire.

Il n'y a pas de parti pris pour tenter d'induire quoi que ce soit, ceux qui me suivent savent que je livre de manière « cash » mon ressenti.

Plus concrètement, sur le premier CD, 7 titres, avec ''The Day That The World Breaks Down'', nous démarrons dans une atmosphère spatiale calme, sur un chant totalement apaisant, éthéré et profond. La musique porte quelques souffles dosés de flûte pour céder la place à des riffings guitaristiques progressifs.
La puissance se dégage et l'accroche se fait spontanément. La rythmique prend de la vitesse, le chant suit parfaitement cette envolée. Le clavier s'engage dans une folie jubilatoire de jeu. Par moment le chant prend un esprit à la Marillion à la fin de la 5ème minute pour plonger dans l'univers Blind Guardian dans la 6ème minute. Les chanteurs s'expriment à chaque fois dans leur registre spécifique par une musique volontairement calibrée selon leur rayonnement.
C'est un véritable travail d'orfèvrerie qui dans la 7ème minute s'achemine dans un style à la « Queen », c'est énorme.
Dans la 9ème minute, vous retombez dans une sorte de rock-blues qui ne dérange pas du tout tant ce passage se lie à merveille avec la progression antérieure.
Le refrain est luminescent. Dans la 11ème minute, nous assistons à une véritable communion des musiciens jusqu'à l'explosion dans le progressif ultime.

« Sea Of Machines » se pointe alors, dans une ambiance à la « Oasis », glissant subtilement vers une musique de chambre bien dosée aux relents Folk, sur un chant doux qui explose à 1 minute 25. Le superbe refrain flanqué du crescendo musical prennent haute altitude pour revenir se poser et repartir de plus belle.
Rohhh, et Simone qui nous réanime d'un chant presque féérique, nous laissant regrimper avec Messire Sammet ! Le jeu de guitare se densifie d'un Heavy bien trempé.

Puis s'ensuit le premier choc : d'enchanté, je passe à « subjugué sur ce « Everybody Dies » pétulant à souhait, faisant penser à une production digne de Queen qui aurait forniqué avec Marylin Manson. Je vous exhorte à découvrir ce passage tant il brille au firmament du cosmos de la perfection. C'est percutant, les chanteurs s'en donnent à coeur joie.

Nous entrons dans la seconde chronique avec « Star Of Sirrah » qui découvre un beau jeu de guitare sèche transfiguré dans une atmosphère totalement planante au timbre de LaBrie qui s'y colle si bien. A 1 minute 50, boum, nous goûtons à la toute-puissance métallique, conduit par Hansi. Et le morceau s'égrène dans ce bon registre.

« All That Was » vous surprend, sous ses airs de Folk celtique, faisant aussi penser à Mike Olfield sous certains aspects, Floor et Simone se laissent aller sans effort dans le récit, secondées par James et Michael Eriksen. Le moment est énorme tant le décalage d'univers musical est grand avec les autres morceaux et ce, pour votre plus grand bonheur tant c'est d'une fluidité fabuleuse.

Vous adorez le déjanté lorsque les éléments progressifs se déchaînent, « Run! Apocalypse! Run! » s'indique à vous, apportant grain de folie, dès la fin de la seconde minute. Le tempo reste élevé.

Sur « Condemned To Live », le rideau se lève sur un cadre musical propice aux très belles chorégraphies de danse contemporaine (Ecole Temps Danse de Véronique Moret – Spy en Belgique) LaaBrie et Rogers se font des politesses lyriques de bon cru, se rejoignant en choeur, tandis que l'espace musical s'envole à nouveau dans la seconde minute, s'insinuant dans un tempo rock classique qui sera illuminé par Simone. Viennent ensuite des riffs typés Mike Olfield. C'est toujours aussi grandiose. Le final du morceau est remarquable et véritablement transcendé par les chanteurs.

Le second CD vaut tout autant la peine de s'y plonger, comportant de véritables perles…
Nous démarrons dans la 3ème chronique avec « Aquatic Race » bercé de chant aigu, s'immisçant dans un bon Hard progressif old-school qui offre des espaces aux vocalistes, à l'instar de guirlandes lumineuses s'allumant aléatoirement. La batterie s'emballe légèrement dans un rythme martial pour reposer un cadre langoureux d'infinie tendresse. Plus tard, Simone vient vous achever juste avant le retour à la mélodie de base, réarrangée pour l'occasion.

S'ensuit « The Dream Dissolves » qui part d'emblée dans une dimension totalement fantastique, imbibé d'une flûte enchanteresse des oeuvres de Jeroen Goossens. C'est encore Simone qui mène la danse. Votre corps physique n'est déjà plus de ce monde, allégé des soucis, pris dans le tourbillon de splendeur dégagée.
Ce morceau est un chef d'oeuvre. Ecoutez donc ce solo de guitare dans la 5ème minute, il brille telle l'étoile polaire.

Un autre moment titanesque vous est offert sur « Deathcry Of A Race » qui comporte tout simplement un refrain magnifique et nous retrouvons plus loin Zaher qui se fait plaisir. Vous l'aurez compris, nous voguons dans une atmosphère musicale orientale de toute beauté.

« Into The Ocean » poursuit le récit dans le registre metal progressif entremêlé de rock progressif, c'est vif, engagé et les chanteurs apparaissent tel un feu d'artifices.

Nous prenons la dernière ligne droite, entrant dans la 4ème chronique avec « Bay Of Dreams » qui débute sur de l'électronique à la Jean-Michel Jarre.
Messire LaBrie ouvre le bal, dans une ambiance qui lui sied comme un gant. Tommy Rogers arrive en renfort, donnant de la solidité dès le début de la seconde minute. La 3ème minute grimpe en puissance de manière magistrale. Ce morceau est d'or.

« Planet Y Is Alive! » prends le relais, restant dans cet excellent registre musical pour se « Blind Guardianiser » à la seconde minute, glissant ainsi dans un Heavy épique survitaminé. Dès la 4ème minute, une atmosphère spatiale reprend les rennes, vous berçant sur un riff mis en piédestal et alunissant dans un cadre « Marillionesque ». Encore un morceau extraordinaire.

Vous n'avez pas encore tout découvert, comment ne pas être subjugué sur « The Source Will Flow » qui porte un feu revival, glissant ensuite dans un univers magique avec Simone qui vient toucher les émotions.

La gaité vous reviendra avec « Journey To Forever » reprenant le sentier lumineux du tempo engagé, comprenant un riffing Rock aéré. Le chant en choeur vous étreint avec vigueur, vous faisant vaciller. Et nous revoilà dès la fin de la seconde minute, repartis dans une explosion progressivo-électrique.

Pris dans le morceau précédant, vous ne réalisez même pas vous trouver sur la 9ème piste, « The Human Compulsion », tellement le pont a été édifié sans aspérités dans une mouvance fluidique. Les mélodies s'imposent, encadrant les chants qui se lancent dans 1 000 horizons différents.

Nous terminons sur un arrangement électronique assez « Kraftwerkien », super prenant et évoquant le retour au cycle éternel. Ce morceau, si vous laissez le double album en boucle, s'agence parfaitement avec « The Day That The World Breaks Down », première piste du CD 1.
Comme quoi tout est dans tout et tout est relié.

Les 2 CD écoutés, vous ne pourrez que vous y replonger.

L'expérience d'écoute était surnaturelle, soutenue de bout en bout par une multi-harmonisation de très bon goût. Il y a là un travail titanesque.
Clairement l'album de l'année 2017 dans la catégorie progressif se tient là tout à votre disposition, garant d'un investissement qualitatif dantesque.
L'oeuvre a atteint de très hauts sommets dans la créativité musicale avec une parfaite congruence de fond. Il sera bien dur d'égaler, voire de surpasser une telle édification. Seul Arjen Anthony Lucassen, lors d'une phase de rêverie, pourra tenter de relever ce défi.

Je ne puis dire qu'une seule chose, un grand bravo à ce Monsieur qui apporte une pierre musicale bien polie dans le temple du métal.
Quant aux prestations des musiciens et chanteurs intégrés au projet, rien n'est à jeter, tout semble s'être fait naturellement, cela en est déboussolant.

Cette oeuvre vaut bien un Pink Floyd sans doute !!!

Morbid Domi (Avril 2017)