LIFE OF AGONY
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Crossover/Thrash/Sludge Metal (early), Alternative Metal/Rock (later)

The Sound of Scars
Shades Of God
Journaliste

LIFE OF AGONY

«Life of Agony épate du début à la fin, « The Sound of Scars » est une vraie réussite musicale et émotionnelle qui touche autant qu'elle percute»

14 titres
Crossover/Thrash/Sludge Metal (early), Alternative Metal/Rock (later)
Durée: 41 mn
Sortie le 11/10/2019
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Regarder en arrière pour préparer l'avenir. Une idée loin d'être stupide que Life of Agony met en oeuvre avec la sortie de son nouvel album « The Sound of Scars » qui est la suite directe du fabuleux « River Runs Red » paru en 1993. Vous imaginez bien que pas mal de choses ont évolué en 26 ans, à commencer par le style joué par le groupe, il est de fait audacieux de s'attaquer à un pareil exercice, surtout que beaucoup de fans ou d'observateurs risquent de comparer les oeuvres, ce qui serait une grossière erreur.

En 1993, Life of Agony balançait une petite bombe avec son premier album, « River Runs Red ». Un opus de pur Hardcore, un peu malhabile parfois, mais dont le concept était très osé pour l'époque. Celui-ci narre l'histoire d'un jeune personnage qui voit sa vie basculer en une semaine : séparation de ses parents, harcèlement moral, perte de son job, année de lycée foirée, rupture sentimentale, bref, la totale descente aux enfers. « The Sound of Scars » débute exactement à l'endroit où le processus narratif de « River Runs Red » s'arrête, une mise en scène soignée suivie d'un rebondissement auquel il était difficile de s'attendre quand on connait la fin du premier chapitre. Maintenant que le cadre est posé et que l'intrigue n'est pas trop dévoilée, nous pouvons passer à l'essentiel : « The Sound of Scars » dans sa globalité.

Après un très bon « A Place Where There's No More Pain » en 2017 en partie composé par Sal Abruscato (A Pale Horse Named Death, ex-Type O Negative) qui a depuis (re)quitté le groupe, Life of Agony s'est cherché un nouveau souffle. Un souffle qui pourrait bien venir de ses racines puisque « The Sound of Scars » sonne de temps à autres plus virulent sans pour autant se poser des limites ou des objectifs bien précis. C'est en cela que « The Sound of Scars » est également remarquable, outre son concept, il brasse large dans les influences en multipliant les fausses pistes mais aussi les genres pour apparaitre comme un album complet et très ingénieux. Si les racines Hardcore refont parfois surface ('My Way Out', 'Once Below', 'Eleminate') au travers de certains riffs bien lourds et de rythmiques soutenues, le spectre musical de Life of Agony est extrêmement large. 'Scar' et 'Black Heart' tendent eux plus vers un aspect Nu-Metal quant à 'Lay Down' ne peut qu'évoquer le Grunge du début des 90's. Il faut d'ailleurs saluer ici particulièrement le jeu de Veronica Bellino à la batterie qui est non seulement impressionnant au possible, mais qui apporte un impact indéniable au son du groupe. On se rend vite compte que Life of Agony tient une forme incroyable, que malgré les diverses influences, « The Sound of Scars » est d'une totale cohérence, la musique et l'histoire développées ne font qu'un, l'osmose prend à tous les étages. Les Américains se permettent même d'ajouter un maximum de mélodies à la testostérone de leurs titres qui sont tous de potentiels hit scéniques à n'en pas douter, tant l'énergie dégagée est palpable. Autre chose frappante, si « River Runs Red » était très hostile, 26 ans plus tard, Life of Agony laisse entrevoir la lumière, de la résilience, notamment via les vocaux de Mina Caputo dont la prestation est elle aussi impressionnante en de nombreux points, il y a comme une sorte de positivité et de chaleur dans son chant ('I Surrender'), comme pour apporter de l'optimisme. Mais cet optimisme est-il un choix, une réalité, ou une simple utopie ? Nous n'en dirons pas plus, tout comme sur le processus narratif ('Then', 'Now' et 'When'), ce ne serait pas bien de dévoiler toute l'histoire.

Life of Agony épate du début à la fin, « The Sound of Scars » est une vraie réussite musicale et émotionnelle qui touche autant qu'elle percute. L'exercice était osé, voire un peu fou de proposer une suite à « River Runs Red » 26 ans plus tard, mais c'est un groupe sûr de son fait et ultra créatif qui relève ce défi haut la main. Une chose reste à espérer, que Life of Agony reste très longtemps sur cette dynamique, lui qui a souvent sombré mais s'est toujours relevé, même quand on le croyait éteint à jamais.