ESKIMO CALLBOY
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Metalcore Electronique
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Rehab
2019

The Scène
Morbid Domi
Journaliste (Belgique)

ESKIMO CALLBOY

«Avec The Scene, les jeunes Allemands d'Eskimo Callboy nous montrent que l'engagement ponctué de perspectives claires, finit par payer eu égard à ce véritable chef d'oeuvre musical qu'ils nous offrent.»

13 titres
Metalcore Electronique
Durée: 42 mn
Sortie le 25/08/2017
11647 vues
Vous aimez le Métalcore électronique ?
Si tel est le cas, les Teutons d'Eskimo Callboy nous sortent leur 4ème album en 7 ans d'existence et vous avez de bonnes raisons de vous réjouir.
Avouons qu'il y a là une évidence de rendement.
Si à l'inverse, ça vous emballe peu, ne pliez pas bagages, vous risqueriez fort d'être surpris cette fois.

Voyons voir…
Dès sa création, la bande des 6 n'a pas forcément été prise au sérieux vu qu'il s'agissait de jeunes gamins qui se lançaient sur les traces déjà balisées de groupes tels Asking Alexandria ou encore Attack Attack !
Soyons clairs, leurs premières productions n'auront pas marqué l'histoire du monde du Métalcore.
Mais sont-ils les seuls dans le cas ?
Certains confrères étaient assez sceptiques, leur trouvant un manque de musicalité et de technique. Sans doute, ces jeunots faisaient leur apprentissage dans un courant artistique large public, que cela nous enchante ou pas.

Pourtant, les choses ne sont pas restées en l'état puisque la sortie en janvier 2014 de leur second album We are the Mess a séduit tant les puristes que le tout public vu qu'Eskimo Callboy allait se hisser à la 8ème place des Charts de la Germanie. Mieux encore, l'année suivante, leur 3ème album est parvenu en 6ème place.
Comment expliquer ce phénomène ?
Il n'y a pas de miracle, s'ils officient dans un registre hyper médiatisé, nos Eskimos travaillent avec ardeur, croient en leur projet et n'hésitent pas à se lancer dans la conquête mondiale, enchaînant les tournées (Japon, Chine, Russie,…).
Leur persévérance mérite d'être soulignée. Notons aussi que les petits gars ont grandi et gagné en maturité.

C'est donc tout naturellement chez eux, dans ce contexte d'humilité que sort ce nouvel opus.
The Scene a d'abord été enregistré dans leur propre studio pour ensuite parvenir à Aljoscha Sieg (Pitchblack Studios) qui a assuré le travail de réglage sonore.
D'emblée, levant ainsi un petit coin du voile, je découvre que le son est excellent et c'est bien un point qui m'importe lors d'une écoute.

Mais allais-je être séduit par leur musique vu que j'ai une profonde aversion pour ce sous-genre ?

Mesdames, Messieurs, le résultat est tout bonnement « époustouflant ».
Cet album est magnifique et ne vous laisse aucun répit.
Chaque titre est un hit en puissance, possédant sa propre individualité et s'alliant subtilement de plage en plage. Le tout offre une solide cohérence.
A l'instar du chef d'oeuvre de composition qu'est « Back In The Bizz », nous trouvons des partitions mélodiques rondement menées au groove appuyé porté par un chant explosif.
Si vous aimez ce type d'engagement, aux riffs acérés et vindicatifs qui n'occultent nullement les parties plus claires, le fabuleux « Banshee » va vous transporter dans un élan d'énergie positive. Je suis scotché.

Et ce n'est pas fini, écoutez le génial « Frances » qui montre un visage conquérant dans un monde nettement moins underground, légèrement « popisé » mais avec brio. Le passage en chant double avec une dame au bon timbre Rock est magistral. L'émotion est au rendez-vous.

Sans être fervent défenseur du mélange Rapcore-Funkcore, « Rooftop » se montre intraitable tant il constitue le morceau le plus brutal de l'album, parvenant encore à scintiller par rapport aux autres pépites plus pausées. Ce hit est une tuerie.

Sur « Nightlife feat. Little Big », la recette gagnante est resservie sur un mur de guitares « Rammsteinien ».
Vous aimez les éléments légèrement Rap, nos Allemands nous ont produit un superbe titre éponyme plein d'entrain, avec des choeurs, qui me rappelle un fifrelin l'esprit d'un Faith No More avec son très doux « Be Aggressive » (Angel Dust).

Les arrangements tombent à propos, et le titre d'ouverture « Back In The Bizz » nous emmène totalement dans une forme d'engouement.
Chaque note se trouve à sa place, dynamise le tube et présente une excellente mélodie hypnotisante.

Les musiciens nous surprennent aussi sur « MC Thunder » à pousser une « tectonisation » du Core à son paroxysme. Et ça marche, ça vous pète les neurones en vous esquissant un beau sourire.

Si vous appréciez plutôt le classicisme, « The Devil Within » nous apparaît éthéré, brillant dans son architecture apte à vous plonger dans les cieux.
Très agréable moment !
« Shallows » poursuit le style avec une pointe supplémentaire d'agressivité.

Si vous doutez encore de la progression fulgurante des « gamins », « VIP » nous montre une maîtrise dans une sphère nettement plus typée Depeche Mode en seconde partie de carrière. Tout simplement brillant. On peut aussi y trouver un corrélat ambient digne d'un Marylin Manson.

Notons aussi la capacité des artistes à offrir en interlude, un espace atmosphérique sur « X », musicalement doux et aérien. Le petit moment nous permettant de reprendre nos esprits.

Les dames préférant la douceur, la profondeur, ne sont pas oubliées sur « Calling », semblant doté d'une stratégie d'appel à leur égard. Je soupçonne là une démarche volontairement électoraliste.

En conclusion, l'album se dévore dans son ensemble et nous apporte une belle diversité de genres sans entrer dans le pompeux. Le génie du groupe consiste dans la manière de garder votre éveil tout au long du voyage musical.
A ceux qui reprochent le manque de technicité des Germains d'Eskimo Callboy, j'oppose qu'ils sont parvenus, en toute humilité, à nous créer, non seulement leur meilleur album mais par-delà, ils ont enfanté d'un véritable chef-d'oeuvre.

Morbid Domi (Août 2017)