Depuis maintenant plus de quinze ans, Austin Lunn et son projet Panopticon grandit et s'affine de plus en plus. Panopticon s'est progressivement installé comme un incontournable de la scène black atmosphérique / folk. Austin Lunn, véritablement chef d'orchestre à lui seul, est hyper productif. En quinze ans de carrière, "The Rime of Memory" est son dixième album. Panopticon fait partie de ses projets qui semblent inépuisables tant chaque nouvelle sortie vaut le détour. Je ne vais pas vous le cacher, mais Panopticon est un de mes projets préférés, découvert avec l'immense "Autumn Eternal", chaque nouvelle sortie d'album est tout aussi marquante et importante pour moi. La musique de Panopticon me touche comme rarement et je ressort de chaque écoute à la fois mouvementé et subjugué. Bien que cette année 2023 à été très chargée en très bons albums, aucune sortie ne me faisait plus de l'œil que ce dixième effort de Panopticon "The Rime of Memory".
Comme à son habitude, Austin aime ouvrir ses albums par un morceau purement folk, puisant ses racines dans la vieille folk dite Americana, musique assez simpliste mais très facilement évocatrice et entraînante. Le combo, guitare acoustique, violon et piano sur " I Erindringens Hostige Dysterhet" nous plongent tout de suite dans cette mélancolie propre à ce style et dont Panopticon arrive véritablement à en extraire ses plus beaux aspects. Porté par ces quelques notes, nous progressons tranquillement vers le monumental "Winter's Ghost".
Panopticon est un groupe qui aime prendre le temps de développer ses atmosphères, l'immersion dans un tel album est primordial si l'on veut arriver jusqu'au bout s'en s'ennuyer. C'est une des grandes qualité du projet, son travail d'immersion est immense et rarement égalé, et le mastodonte de dix-neuf minutes qu'est "Winter's Ghost" en est le parfait exemple. Le morceau prend vraiment son temps avant que nous entendions la moindre note distordue ou growl. D'ailleurs, il faut voir ce morceau en deux parties bien distinctes, la première moitié acoustique et une deuxième moitié black. "Winter's Ghost" est du Panopticon pur jus, on y retrouve ces guitares jouant de très prenants et omniprésents tremolo, un chant déchirant, le tout agrémenté d'un violon venant accentuer cette détresse si propre à Panopticon. En effet, Panopticon exprime si bien une multitude de tourments qui nous touchent. Notre rapport au monde, à nous même, la mort mais aussi diverses luttes sociales ou encore le réchauffement climatique. D'ailleurs, "The Rime of Memory" peut être analysé par le prisme de cette dernière thématique: la fonte des glaces et le réchauffement climatique. "Cedar Skeletons" est le plus explicite selon moi. Bien que musicalement, on reste sur du Panopticon, vers le milieu de morceau, une interlude planante s'immisce avec en fond un extrait d'un reportage sur une forêt récemment perdue suite à un feu. Puis cet interlude passé, le morceau repart de plus belle mais avec une intensité supplémentaire. Le chant d'Austin se fait plus pressant encore, le violon est frénétique et solennel. Cette fin de morceau est absolument grandiose.
A peine le temps de respirer que "An Autumn Storm" nous engloutis dans son maelstrom sonore. La véritable prouesse de Panopticon est de réussir à nous garder attentif tout du long de cet album, qui fait un heure et quart, sans véritablement changer sa formule. Et cet album en est un nouvel exemple, nous sommes en terrain connu mais les compositions transpirent tellement la sincérité et la passion pour cet art qu'on en a jamais assez.
"The Blue Against the White" conclut avec brio ce dixième effort. C'est un morceau tout en puissance, on ressent tous ces éléments ne faire qu'un pour nous délivrer une ultime symphonie touchante et forte en symboles.
Bon, j'attendais ce "The Rime of Memory" comme un damné et je dois dire qu'une fois encore la sauce à pris de mon côté. Bien que la formule ne diffère que très peu des albums précédents, Panopticon réussit toujours à convoyer tellement d'émotions et de passion dans chacun des ces morceaux que je ne peux être qu'admiratif.