The Soord Sessions Volumes 1-4
Fred H
Journaliste

THE PINEAPPLE THIEF

«Ces « The Soord Sessions Volumes 1-4 » se savourent comme des moments de douceurs dans une période si particulière. C’est du tout bon, mangez-en.»

36 titres
Metal Progressif
Durée: 229 min 06 mn
Sortie le 16/04/2021
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Petit rappel… On est en mai 2020, et comme le reste de la planète, Bruce Soord, le leader-chanteur de The Pineapple Thief, est confiné chez lui. Privé de tournée depuis plusieurs semaines, le garçon cherche à « s’occuper ». Alors, le britannique a une idée. Tout seul comme un grand, il va proposer des mini sets acoustiques (avec un chouia d’électrique) entrecoupés de questions-réponses avec ses fans via un tchat.

A quatre reprises donc (les 2, 23 et 30 mai puis le 15 aout), sous sa mansarde réaménagée avec tous les équipements adéquats pour jouer (micros, guitares, pédales, …) et diffuser en direct (ordi et webcams), le frontman du voleur d’ananas se va se prêter à cet exercice totalement inédit pour lui. Rien n’est prémédité, simplement l’envie de garder le contact avec son public et pourquoi pas, par ces « récréations », aider - ne serait-ce qu’un peu - à mieux vivre ces isolements et quarantaines forcés.

Voilà quelques mois (début décembre 2020), nous avions eu le droit - en amuse-bouche - à la sortie de « The Soord Sessions Volume 4 » uniquement centré sur la dernière prestation en date. Présentement, voici le package complet des dites quatre interventions regroupées en un unique ensemble. Bâtie sous la forme d’un livre, cette offrande comprend 4 CDs et 48 pages hyper détaillées avec photos, informations techniques sur le matos utilisé, ainsi que des notes personnelles de notre gentleman british en personne pour chacune des performances.

Musicalement, les 32 titres exécutés (on ne compte pas les quatre intro) couvrent une grande partie de la discographie de TPT. En fait, seules trois galettes ont été délaissées (« Abducting the Unicorn », « 137 », et « What We Have Sown » respectivement parues en 2000, 2002 et 2007). Pour l’occasion, notre homme a ressorti quelques « vieilleries » peu voire jamais interprétées avec sa formation référence ('Snowdrops', 'Clapham', 'Part Zero', 'My Debt To You', 'Barely Breathing', 'Remember Us', 'Someone Here Is Missing'). Généreux, quelques semaines avant la sortie officielle de « Versions Of The Truth », mister Soord livre même deux pépites – alors encore inédites (la plage éponyme, 'Demons'). Si ça ce n’est pas sympa …

Intercalées entre deux morceaux puisés dans le répertoire de combo phare, l’anglais a aussi glissé des plages extraites de ses escapades en solitaire ('The Solitary Path Of A Convicted Man', 'All This Will Be Yours', 'Cut The Flowers', 'Willow Tree'). Même si on trouve ici et là quelques fulgurances électriques ('Bond', 'Alone At Sea'), le natif de Yeovil à principalement opté pour un format uniquement voix-guitare acoustique et des versions minimalistes et épurées. Les détenteurs de éditions deluxe et/ou remasterisées de certains opus (« Magnolia », « Your Wilderness », et « Dissolution » notamment) avaient déjà pu se faire une petite idée sur quelques relectures dépouillées grâce aux bonus tracks ('No Man`s Land', 'Threatening War', 'Fend For Yourself', 'The One You Left To Die', 'Shed A Light', 'The Final Thing On My Mind', 'Magnolia').

S’auto accompagnant parfois grâce à des boucles de gratte, avec un rien d’improvisations, et ce qu’il faut de fragilité et de justesse, Bruce nous embarque. N’attendez pas ici la « perfection » d’interprétations. Non, ce qui prime c’est l’instant, la simplicité, l’authenticité, l’émotion. Les erreurs et « ratés » ont été conservés telles quels. Le rendu final est à l’identique de ce qui a été réalisé lors de ces live streaming (pas de retouches post prod’). Porté par la bienveillance de ses viewers et followers (cf. les vidéos), le musicien est détendu et se/nous fait plaisir. Nous, on est (presque) à côté de lui, dans l’intimité de sa soupente. Un peu… beaucoup… de mélancolie mais surtout de la sensibilité et de la sincérité. Qu’importe si de temps à autres, c’est un peu décousu, on ferme les yeux et on se laisse cueillir par ce timbre chaleureux ('Someone Pull Me Out'), ses mélodies addictives et ces refrains simplement envoutants.

Ce copieux recueil (environ 3 hrs 45 de zique) de revisites acoustiques s'adresse surtout aux fans de The Pineapple Thief et de sa tête pensante. Même si cela n’est probablement pas la meilleure façon de découvrir cet excellent groupe (préférez plutôt les plus récentes rondelles studios), ces « The Soord Sessions Volumes 1-4 » se savourent comme des moments de douceurs dans une période si particulière. C’est du tout bon, mangez-en.