On pourra dire que cette put*** de pandémie covid-19 nous aura bien pourrie l’année. Devant l’impossibilité de parcourir le globe et jouer en live, de nombreux musiciens ont mis à profits ses confinements mondiaux forcés. Certains ont composé du nouveau matériel en vue d’un futur opus. D’autres ont collaborés entre potes et « à distance » (évidement chacun chez soi) en enregistrant puis en diffusant sur la toile des reprises ou des titres issus de leurs discographies.
Et puis, il y a ceux (Robb Flynn, Devin Townsend, etc.) qui ont choisis de « s’occuper » en proposant sur internet des petits sets électro-acoustiques plus ou moins improvisés. Bruce Soord fait partie de cette troisième catégorie. Par quatre fois (les 2, 23 et 30 mai ainsi que le 15 aout dernier), le frontman de The Pineapple Thief s’est prêté à l’exercice. De l’aveu même de l’intéressé, il s’est lancé dans tout cela sans vraiment trop savoir pourquoi (peut-être juste l’envie de faire oublier – ne serait-ce que pour un court moment - ce satané virus), ni comment faire et encore moins quoi interpréter.
Au cours de ces différentes soirées, filmé (en direct) dans sa mansarde et entouré d’objets personnels et de multiples équipements (micros, grattes, pédales, ordi, tambourin), l’anglais a alterné compositions puisées dans ses propres efforts commis sous son blase et morceaux extraits du répertoire du voleur d’ananas. Entre les chansons, Bruce a aussi beaucoup parlé et répondu aux nombreuses questions du tchat (rassurez-vous des coupes ont été faites pour ne conserver que quelques légères bribes de discours). Le label Kscope propose donc les dites prestations en commençant assez étrangement par la dernière réalisée (les trois autres seront publiées par la suite, nous promet-on). En attendant ces parutions, les impatients et/ou retardataires peuvent (ré)écouter/(re)visualiser les différentes performances sur le facebook du monsieur.
Donc, dans un format uniquement en guitare-voix, le britannique joue à l’homme-orchestre. Par moments, il enregistre quelques motifs de gratte pour créer des boucles et s’auto accompagner. La prestation globale est majoritairement acoustique même si subsiste ici et là quelques interventions électriques ('Bond'). Les versions proposées sont des plus minimalistes et épurées. Le natif de Yeovil expérimente, se trompe, recommence. Qu’importe s’il y a quelques ratés, l’ambiance est intime, détendue, sans pression. Son chant est toujours aussi envoutant et chaleureux ('Someone Pull Me Out'). De la douceur ('Last Man Standing'), de la mélancolie et de la fragilité grâce à toutes ces mélodies ('The Solitary Path Of A Convicted Man') et ces refrains addictifs ('All This Will Be Yours'). La bonne surprise de ce « The Soord Sessions Vol 4 » réside dans la présence de deux pistes – alors encore inédites durant de ce streaming (le morceau éponyme, l’obsédant 'Demons') - livrées en exclusivité quelques semaines avant leurs sorties sur le récent « Versions Of The Truth ». Chouette attention tout cela.
Bien que cela soit peu décousu et que l’improvisation se ressente, cette « The Soord Sessions Vol 4 » se reçoit comme un instantané sincère, léger, généreux et authentique. Bruce Soord/The Pineapple Thief offre ici une belle récréation que l’on n’attendait pas mais qui se savoure avec plaisir.