« Avec "The Devils", Belphegor livre une performance digne de sa réputation qui propose des ambiances riches, des orchestrations évocatrices et des compositions hypnotiques. »
Après trente ans de bons et loyaux services, faut-il encore présenter Belphegor ? Pour résumer, depuis sa création en 1992, le groupe a sorti onze albums de "The Last Supper" (1995) à "Totenritual" (2017). Le virage atmosphérique pris depuis quelques années se confirme sur leur toute nouvelle offrande : "The Devils" !
Après avoir été maudit par une voix grinçante, l'auditeur se retrouve plongé dans l'univers sombre et si bien maîtrisé de Belphegor qui ouvre ce nouvel opus par le morceau éponyme porté par une batterie meurtrière qui nous permet de souligner d'entrée de jeu la performance de David Diepold (nouveau batteur d'Obscura). Ce premier titre reste classique et les amateurs du groupe y retrouveront leurs marques alors que 'Totentanz - Dance Macabre' débute déjà, tourbillonnante et torturée. 'Glorifizierung des Teufels' peut surprendre par sa douceur (guitare acoustique, accompagnement minimaliste, voix contrôlée) mais c'est surtout son côté atmosphérique qui marquera les esprits.
Si les premières secondes de 'Damnation - Höllensturz' peuvent donner l'impression de revenir au côté plus brut de ce que le groupe peut nous proposer, cette chanson se révèle finalement nuancée avec une construction intelligente mais toujours théâtrale. On ne s'y trompe pas, 'Virtus Asinaria - Prayer' est une composition bien pensée qui vous fera agiter la tête sur une rythmique hypnotique dès le début. Les guitares brodent des riffs planants alors que la basse de Serpenth confère une puissance tellurique à l'ensemble. Que cela soit dit, l'intensité de l'engagement émotionnel déployé par Belphegor n'a rien à envier aux créations entêtantes de groupes dans la lignée de Behemoth.
C'est dans une atmosphère presque orientale que le groupe se lance à corps perdu dans 'Kingdom of Cold Flesh' avant de prendre un virage brutal qui permet aux musiciens de laisser libre cours à leur fougue, dans un mixage qui met particulièrement la basse à l'honneur. Il ne faut que quelques instants à 'Ritus Incendium Diabolus' pour s'affirmer comme la pépite de violence de cet album : tout y est rassemblé pour que l'auditeur se sente transpercé des flèches de Belphegor (et on en redemande presque) ! On imagine sans peine l'ampleur que ce titre prendra en live ! Une nouvelle fois, le groupe nous prouve que son album est pensé comme un tout puisque la tension redescend avec 'Creature of Fire' qui mêle voix féminine et guitare clean.
"The Devils" est un album parfaitement à la hauteur de ce qu'on attend habituellement de Belphegor, avec en plus une bonus track : 'Blackest Sabbath 1997' sur laquelle on retrouve Torturer derrière la batterie. Le groupe livre une performance digne de sa réputation qui propose des ambiances riches, des orchestrations évocatrices et des compositions hypnotiques.