«The Aftermath est à réserver aux fans de metal à chanteuses, mais il se pourrait bien que quelques curieux en quête d'atmosphères folk et gothique y trouvent leur compte.»
Cela fait maintenant plus de quinze ans que Midnattsol est dans le circuit metal. Le groupe débute en 2002, au moment où l'Europe se passionne pour le metal symphonique et gothique. La vague est maintenant retombée, et les kids sont moins passionés par le metal à chanteuse, mais qu'à cela ne tienne, le groupe nous propose ici son quatrième album, The Aftermath.
Le moins que l'on puisse dire, c'est que pour un album sorti en 2018, le son est très roots. Peut-être même un peu trop. C'est évidemment une question de goût, et il s'agit certainement d'une décision délibérée de la part du groupe, mais le mix de The Aftermath est assez old school, voire lo-fi. Si l'on ne se retrouve pas dans les affres sonores du black metal le plus kvlt échangé par cassettes sous le manteau, la production de l'album a des relents de fin des années 90 - on est jamais très loin de Angels Fall First (le premier opus de Nightwish), à titre d'exemple. Les guitares sont crunchy et sales (ce qui a certainement son charme), la batterie sonne tantôt menaçante et underground (''The Purple Sky''), tantôt un peu faiblarde par manque de puissance et de rondeur (le passage lent de ''Herr Mannelig''). Les voix de Liv Kristine et Carmen Elise (beau line-up pour les amateurs du genre !) sont quant à elles bien mises en valeur, et il va sans dire qu'elles portent ce disque à elles deux. Mélange de voix, mais aussi mélange de langues : la moitié des titres de The Aftermath (en comptant la bonus track) sont chantées en Norvégien, qui fonctionne à merveille, particulièrement dans les morceaux tels que ''Vem Kan Segla'' ou ''Ikje Glem Meg'', qui portent haut leurs influences folk, et qui réussissent à nous plonger dans les forêts brumeuses du nord.
A côté, les morceaux plus metal tels que ''Syns Sang'' peine à convaincre : les riffs sont assez attendus, les mélodies parfois peu inspirées, bref, dix ans après, le genre n'est pas franchement renouvelé. Même remarque pour ''Herr Mannelig'', qui, malgré ses neuf minutes, peine à s'extraire de clichés d'écriture, sans compter l'intro au riff plus que générique. Cela ne veut pas dire que le morceau est un échec : l'atmosphère se construit petit à petit et ceux qui voudront se perdre dans ce long morceau le feront certainement avec plaisir. A titre de comparaison, le titre ''Evaluation of Time'' et ses six minutes tombent à plat - il s'agit d'un long instrumental qui alterne entre folk lente et vaguement dépressive, et un passage rock plus rapide qui n'est pas sans rappeler le ''Moondance'' de Nightwish, mais sans la prod et en moins fun. Sur un disque de plus de cinquante minutes, il aurait été de zapper celui-ci et de se retrouver avec un package plus percutant.
C'est là le défaut marquant de The Aftermath : l'album manque d'originalité, mais peine à convaincre sur les autres tableaux. Midnattsol opère dans un genre assez balisé et les compositions ne prennent que peu de risques. Encore une fois, les deux chanteuses sauvent l'affaire, et il est probable que les auditeurs de l'album se le passent précisément parce qu'ils auront envie d'entendre ces voix, qui confèrent à ces titres une solennité et un phrasé particulier - et c'est bien pour ça que cela fonctionne mieux sur les cuts les moins metal du disque.
Au final, l'album sonne comme nostalgique, témoin d'une mode maintenant passée. Le disque n'est pas un échec, mais n'a rien de remarquable : les plans de guitare sont répétitifs, les mélodies n'accrochent pas tout le temps, le disque traîne un peu en longueur, mais en même temps il y a du coeur à l'ouvrage, et si les morceaux sont composés sans grandes prétention, la plupart finissent par faire mouche sur la longueur. A recommander aux fans du genre et à quelques curieux.