Tales from Eternal Dusk (Reissue 2017)
Anibal BERITH
Journaliste

DARK FORTRESS

«Par cette réédition, Dark Fortress magnifie un album avant-gardiste, 16 ans et pas une seule ride et une source d'inspiration incontournable»

19 titres
Melodic Black Metal
Durée: 84 mn
Sortie le 24/11/2017
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Formé en 1994, le groupe de Black Metal allemand, originaire de Landshut, se fait vite un nom en proposant une musique épique et mélodique fortement inspirée des groupes tels que Dissection, Unanimated, Satyricon et Dimmu Borgir. Faisant parti de la seconde vague du mouvement Black Metal, les compositions des allemands ne sont pas dénuées d'agressivité et les tournées avec Desaster, Lunar Aurora et Nagelfa ou encore Behemoth, Impaled Nazarene, Pungent Stench, God Dethroned, ne manqueront pas d'asseoir leur notoriété.

A la tête de 7 albums dont 4 distribués via le label Century Media, le sextet réédite leur premier album ''Tales from Eternal Dusk'' datant de 2001, album qui à l'époque n'avait pas profité de la production actuelle. C'est le leader et guitariste V. Santura (Triptykon) qui s'est chargé de remastériser la galette tout en proposant un rajeunissement de la cover avec une couleur tirant sur le gris/noir offrant quelque chose de plus sombre et mystique que l'originale tirant sur le violet. De plus, cette réédition se compose de deux disques, le premier étant l'intégralité de l'album que nous connaissons, le second étant agrémenté de nombreuses démos datant de 1996 que nous ne détaillerons pas ici.

Pour ceux qui connaissent l'album, point de surprise quant aux chansons, ce sont bien évidemment les mêmes. Cependant, l'écoute du disque vaut le détour car le son est plus rond, les instruments bien mieux représentés, notamment les plans à la basse. Le chant d'Azathoth est reconnaissable entre mille avec ce timbre typiquement de l'époque à la fois nasillard et rageur pouvant inspirer la terreur suivant la portée de son texte. Texte qui prend toute son importance puisque le combo préfère développer le thème de la fragilité de l'existence humaine et des illusions de l'humanité plutôt que celui du satanisme et ce qui en découle.

D'une durée de plus d'une heure, ''Tales from Eternal Dusk'', s'écoute comme se lit un roman; piste par piste, chapitre par chapitre, avec son introduction ( la grande messe sombre de ''The Arcanum of the Cursed'') et son épilogue mélancolique de plus de 3 minutes à l'acoustique (''Moments of Mournful Splendour (At the Portal to Infinity)'').

Entre, une succession de 9 titres s'enchainant dans une logique implacable à partir du très old school et agressif ''Pilgrim of the Nightly Spheres'' dont l'architecture est globalement rythmée par un mid tempo et dont les riffs mélodiques enivrent rapidement l'auditeur, jusqu'au titre éponyme de plus de 8 minutes sonnant la fin du livre dans un environnement à l'inspiration heavy metal forte où la rythmique donne le ton imposant d'une insatiable variété ne cessant de monter en puissance et magnifiée par des samples épiques et volumineux.

Le disque s'articule autour de la trilogie ''Immortality Profound'' occupant une vaste place sur la galette dont la transition est brillamment servie par l'agressif et dissonant ''Apocalypse'' qui tranche avec le précédent morceau ''Twilight'', plus heavy et mélodique. Effectivement, le final d' ''Apocalypse'' sous l'effet d'une explosion permet l'enchainement direct sur ''Immortality Profound (Chapter 1: Dreaming...)'' par un riff similaire joué plus rapidement. Le titre offre une dynamique certaine par une mélodie épique et triomphante ponctuée par un épisode guerrier chevaleresque annonçant la suite de la bataille décrite par ''Immortality Profound (Chapter 2: Throne of Sombre Thoughts)'' se basant sur la même énergie et la même conception artistique et technique. Un léger apaisement dans le rythme tout en restant puissant et découlant naturellement sur le plus mélancolique ''Immortality Profound (Chapter 3: Captured in Eternity's Eyes)''. Un final brillant en totale opposition au reste de la trilogie en distillant une ambiance plus heavy et énergique introduisant logiquement ''Misanthropic Invocation'' distillant une ambiance différente et surtout plus terrifiante loin des plans triomphants que le groupe nous distille jusque là.

Ce titre marque un tournant dans l'album et nous fait glisser de toute évidence vers quelque chose de plus sombre et agressif en introduisant des riffs plus dissonants et torturés et plus de rapidité dans le tempo du batteur. Ambiance que nous retrouvons sur ''Crimson Tears'' sur lequel la guitare acoustique refait son apparition préparant ainsi le final que nous avons évoqué plus haut sur cette chronique.

Par cette réédition, Dark Fortress magnifie un album avant-gardiste lors de sa sortie en 2001. 16 ans que ce chef d'oeuvre a été composé , 16 ans et pas une seule ride, je dirai même une source d'inspiration incontournable. Cette sortie s'accompagne également de la réédition du second album du sextet allemand ''Profane Genocidal Creations'' paru en 2003 et qui offre le même niveau de prestation. En espérant que cette initiative offre au groupe une nouvelle source d'inspiration pour continuer de nous émouvoir avec un prochain et nouvel album dans les mois à venir....

Anibal Berith