«Monkey 3 nous gratifie une fois encore d'une magnifique offrande. « Sphere » est une oeuvre de très haut vol à l'image de leur discographie des plus exemplaire. »
A l'origine (2001), Monkey3 ne devait être qu'un simple one-shot jam session. Pourtant, malgré un blase des plus bizarre, depuis désoramis quasi 18 ans (première autoproduction en 2003), les Lausannois creusent leur (micro)sillon musical avec une remarquable intelligence. Avec cette précision d'horloger (vous me direz quoi de plus normal pour des suisses) qui les caractérisent (un nouvel effort studio tous les 3 ans), les helvètes sont de retour pour une sixième rondelle après avoir mis tout le monde d'accord en 2017 avec leur très bon « Live At Freak Valley » capté lors de l'édition 2015 dudit festival teuton.
Baptisé « Sphère », le successeur des excellents « The 5th Sun » et « Astra Symmetry » est 100% instrumental. Les quelques apparitions vocales de la précédente galette n'ont pas été réitérées. Le voyage stoner space rock proposé s'écoule sur un peu plus de 52 minutes et se décompose en « seulement » 6 escales. Comme à l'accoutumée, chaque titre est très bien écrit et travaillé au possible. La montée en puissance s'opère lentement et toute en finesse. Les parties hypnotiques côtoient les instants planants pour mieux transcender les envolées furieuses ('Spirals'). L'auditeur est bousculé, ballotté, embarqué même, sur des chemins fous où les nappes de claviers de dB explosent entre présences presque subliminales, atmosphères cosmiques et odyssées spatiales. Les riffs de guitares sont puissants. Les interventions de sixcordes de Boris sont tout bonnement hallucinantes ('Axis'). Comme si cela ne suffisait pas, le combo a même convié l'américain Ronald Thal alias Bumblefoot (Sons of Apollo) pour un solo venu d'ailleurs ('Mass'). L'ex-Guns N' Roses s'exécute à la perfection en collant à merveille à l'univers de nos petits singes. La longue durée des compos (jusqu'à plus de 11 minutes pour le bien nommé 'Ellipsis') n'entache en rien la richesse et l'intensité des différentes pistes. Pas de recyclage, point de redondance. Le dosage entre fulgurance metal, tension électrique et psychédélisme est parfaitement maîtrisé. La batterie sèche de Walter et la basse ultra carrée de Kevin brillent elles-aussi d'une implacable efficacité. Servis par une production classieuse et des arrangements somptueux, tous les instruments et tous les zicos sont mis en avant. Spécialistes ès ambiances, les quatre gars varient les plaisirs au gré de nombreux changements de rythmes et de mélodies addictives ('Prism', 'Ida'). Pourtant, aussi surprenant que cela puisse paraître, l'ensemble est déconcertant d'équilibre et demeure tout à fait cohérent.
Monkey 3 nous gratifie une fois encore d'une magnifique offrande. « Sphere » est une oeuvre unique et de très haut vol à l'image de leur discographie des plus exemplaire. Une transe extatique passionnante de bout en bout, rien de moins. Bon cosmic trip.