Quand on parle des Sons Of Apollo, le terme de super-mega-groupe prend tout son sens. Ron 'Bumblefoot' Thal à la six-cordes (ex-Guns N 'Roses), Billy Sheehan et sa basse (Mr. Big, ex-David Lee Roth), Jeff Scott Soto (ex-Journey, ex-Yngwie Malmsteen's Rising Force) au chant et – last but not least - Mike Portnoy aux baguettes et Derek Sherinian aux claviers (tous les 2 ex-Dream Theater). Quel all star band, mazette !.
Bref, après un premier opus des plus enthousiasmant (« Psychotic Symphony » en 2017) et plus de 80 concerts (dont celui en collaboration avec l'orchestre symphonique de Bulgarie immortalisé sur le copieux « Live with the Plovdiv Psychotic Symphony »), le quintette revient avec le difficile (car forcément attendu) second effort. Tous ces mois passés ensemble en tournée ont permis aux 5 garçons de mieux se connaitre. L'écriture de ce « MMXX » (2020 en numération romaine) a visiblement été riche de complicité et de créativité. Début 2019, Portnoy, Sherinian et Thal se sont retrouvés dans la demeure du batteur en Pennsylvanie. Trois semaines plus tard, une fois la musique totalement composée, chacun a rejoint ses pénates. A partir de là, tous les zicos ont pu (re)travailler et enregistrer leurs parties respectives dans leurs propres home studios en prenant le temps nécessaire à la perfection qu'on leur connait.
Cela ne surprendra personne, on retrouve tous les ingrédients chers au style « trop n'est jamais assez » de la petite clique. Les chansons sont assez complexes ('Goodbye Divinity') et foisonnent de variations ('King Of Delusion'). Ici un (gros) riff de gratte métal indus (le furieux 'Asphyxiation') et des descentes de manches vertigineuses ('Wither To Black') de Monsieur Bumblefoot, là des interventions de claviers enlevées (la patte du maître s'identifie aisément). Que de joutes frénétiques entre les différents protagonistes (l'accrocheur 'Fall To Ascend'). Que d'explorations de dingue. Quel programme, quel maelstrom infernal. Du pur metal progressif moderne à son meilleur ('Resurrection Day'). L'ensemble est magistralement équilibré grâce à la production au cordeau perpétrée par la paire Portnoy et Sherinian.
La plage finale de la rondelle (l'épique et brillant 'New World Today') est la parfaite synthèse de ce bouillonnement musical. Un véritable déluge d'idées de quasi 16 minutes où se télescopent riffs thrashisants, interludes aux inspirations jazz, longs passages instrumentaux totalement fous et même un clin d'oeil subtil à Rush et son 'YYZ'. Les plus fidèles feront le lien avec certaines compositions du 1er effort ('Labyrinth' et 'Opus Maximus' notamment).
Derrière son micro, servi par des lignes mélodiques travaillées, Jeff est (une fois encore) impeccable. Rien à redire. Le vocaliste étasunien (d'origine portoricaine) se livre en évoquant « la journée la plus horrible de sa vie » (l'hallucinante bluesy metal 'Desolate July'). Dans un mélange d'émotion et de puissance, le chanteur rend hommage à son pote bassiste David Zablidowsky (alias Dave Z) décédé en juillet 2017 dans un tragique accident de la route. Prenant tout ça.
Pour les hard fans inconditionnels, un second CD propose des versions 100% instrumentales et d'autres A cappella de chacun des 8 titres. Si les adeptes du karaoké seront ravis, probable que les autres s'en ficheront royalement.
Sons Of Apollo met la barre haute, TRES haute, avec ce très très bon « MMXX ». Ça s'est dit/écrit.