« Talviyö », un album difficile à sauver tant les morceaux moyens, voire franchement décevants, se succèdent alors que le groupe semble avoir perdu en unité et souffre de la faiblesse de la voix du frontman
Fondé à Kemi, en Laponie finlandaise, en 1996, Sonata Arctica est un groupe de Power qui a fait ses armes dans les très belles années du genre ! Si seuls Tony Kakko au chant et Tommy Portimo à la batterie officient dans le groupe depuis sa création, ils ont su s'entourer de nouveaux musiciens au fil des albums, proposant majoritairement des compositions de très bonne qualité. Les derniers albums ont été critiqués pour la perte de puissance du chanteur et des mélodies répétitives alors voyons ce qu'il en est sur « Talviyö » !
Si on peut s'étonner de la simplicité de l'ouverture de ‘Message From The Sun' et ses choeurs étrangement planants, c'est surtout une impression en demi-ton qui s'installe tant on peut avoir l'impression que le groupe, entre deux soli, parodie une chanson de Noël de qualité discutable… Quoi qu'il en soit, une entrée en matière doit se soigner ! Si l'introduction portée par la guitare Heavy de Elias Viljanen sur ‘Whirlwind' a de quoi nous rassurer, le constat est sans appel : Tony Kakko a beaucoup perdu de ses capacités vocales et la performance du groupe s'en ressent, comme si Sonata Arctica était désormais bridé dans sa créativité. Plus sombre et mieux construit, ‘Cold' n'est pas un mauvais titre bien qu'on ne puisse ignorer les références quasi-directes à Ghost et ses ambiances presque Pop par moments.
Jusqu'ici, c'est probablement ‘Storm The Armada' qui est la plus grosse réussite de cet album, mais elle reste décevante, se cachant derrière une surenchère de clavier et de voix assez fade. Avec ses accents plus expérimentaux et la batterie de Tommy Portimo dans un contrôle absolu, ‘The Last Of The Lambs' propose enfin quelque chose d'intéressant et qu'on a envie de creuser davantage puisqu'il est évident que Sonata Arctica a décidé de s'écarter du chemin que leurs précédents opus laissaient présager. Sans la basse de Pasi Kauppinen, on pourrait franchement craindre que ‘Who Failed The Most' ne s'effondre totalement. Le groupe se perd dans des propositions musicales désincarnées et plates au point d'en devenir vides de sens. ‘Ismo's Got Good Reactor' gagnera sans doute la sympathie du public en live grâce à ses mélodies orientalisantes et traditionnelles qui en font un titre accessible et dansant, tout ce qu'on aime chez le groupe !
Au-delà de ses tentatives d'avoir un aspect dramatique et grandiloquent, ‘Demon's Cage' est surtout une chance de profiter du clavier d'Henrik Klingenberg dans un registre plus proche de ce qu'on connaît du groupe. Dévoilée mi-juin, ‘A Little Less Understanding' n'a rien de grandiose mais sa simplicité et sa sensibilité en font l'un des rares bons morceaux de cet album, bien que Sonata Arctica nous ait habitués à beaucoup mieux par le passé. Un peu old school, ‘The Raven Still Flies With You' est également l'un des titres solides de « Talviyö », bien qu'il semble parfois un peu trop fortement contrasté et manquant de nuances, de transitions. ‘The Garden' est incontestablement la plus belle chanson de cet opus mais Sonata Arctica donne ici dans un genre totalement autre que le Power, plus poétique et presque enfantin, empli de délicatesse et de rêves.
« Talviyö » est un album qu'il est difficile de sauver tant, à l'exception de la superbe ‘The Garden', les morceaux moyens, voire franchement décevants, se succèdent et se ressemblent. Le groupe semble avoir perdu en unité et souffre de la faiblesse de la voix du frontman qui livre ici une performance désincarnée et qui décevra bon nombre des fans du groupe. Ce faux-pas de Sonata Arctica se remarque d'autant plus que le renouveau de la scène Power s'est mise en place, porté par des formations comme Frozen Crown, NorthTale ou encore Ancient Bards.