Repentless
Anibal BERITH
Journaliste

SLAYER

12 titres
Thrash
Durée: 41 mn
Sortie le 11/09/2015
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Toujours à l'affût des sorties métal du moment, je sais que SLAYER sort un album ce mois-ci. Je me précipite sur mon gmail et envoie un message à mon manager afin qu'il se rapproche de Nuclear Blast (nouveau label de Slayer après 28 ans de collaboration avec Rick Rubin (créateur de Def Jam et Def American) pour avoir l'album en avant première ! Le label est clair, pas d'avant-première pour les webzine !...bad news...alors quelle fût ma surprise lorsqu'en regardant ma boîte mail le 8 septembre en fin de soirée, j'ai un message avec le lien pour écouter « REPENTLESS », le onzième album du groupe mythique SLAYER pour qui le genre Thrash a été crée.

Je me précipite donc sur mes écouteurs pour enfin me délecter des 42 minutes de sauvagerie sonore à la SLAYER après 6 ans d'attente depuis « WORLD PAINTED BLOOD » ! Mais avant que je ne vous en dise plus sur ce dernier LP, un rapide retour en arrière.

Je n'ai plus besoin de vous présenter SLAYER. Cependant SLAYER 2015, c'est un nouveau line-up composé des deux membres d'origine que sont Tom ARAYA en tant que chanteur/hurleur et bassiste, Kerry KING en tant que « satanic guitarist », Gary HOLT (ex EXODUS) venu remplacer l'irremplaçable Jeff HANNEMAN (décédé en 2013) à la seconde guitare et Paul BOSTAPH (ancien et nouveau membre du quatuor californien) venu remplacer à la batterie Monsieur double caisse Dave LOMBARDO parti, revenu et reparti pour querelles à répétition au sein du groupe.

SLAYER fêtera ses 35 bougies l'an prochain et reste le groupe phare de la vague THRASH METAL depuis les années 80. Chaque album sorti est un événement car le combo américain est connu pour ses positions controversées et provocatrices. Avec « REIGN IN BLOOD » en 1986, SLAYER est entré dans la légende avec cet album incontournable de leur discographie et à mon humble avis l'ALBUM de tous les temps du mouvement Thrash Métal. SLAYER c'est aussi 35 millions de disques vendus, des tournées mondiales colossales et plus récemment des tournées dans le cadre du BIG FOUR auprès de METALLICA, ANTHRAX et MEGADETH. La force du groupe réside dans le charisme du chanteur/hurleur Tom ARAYA, du génie musical de Kerry KING et ses guitares en soliste prodige, du meilleur batteur du monde Dave LOMBARDO avec sa technique de double caisse et des compositions de Jeff HANNEMAN aux influences punk.

Cependant, depuis une dizaine d'années, le groupe a du mal à se renouveler et reste cantonné dans un style musical peu évolutif et les albums sont accueillis avec plus ou moins de succès et malheureusement « REPENTLESS » ne faillit pas à cette règle, la disparition d'HANNEMAN, qui insufflait l'originalité dans les compositions des thrasheurs, n'aidant pas.

Comme à leur habitude, les californiens commencent par une intro assez longue, 2 minutes ici, intitulée « DELUSION OF SAVOUR » qui permet d'imprimer d'entrée la marque de fabrique qui fait que SLAYER est et restera SLAYER. Le son est là, on reconnaît bien le style du combo mais on sent déjà une différence d'exécution dans la batterie. Dur, dur de passer (et de repasser même) après Lombardo.

Tout commence donc vraiment avec « REPENTLESS », le titre éponyme de l'album qui reprend les riffs de l'intro sur une dizaine de secondes et qui met dans le bain du thrash bien gras comme SLAYER sait le faire. C'est clair ! On écoute bien les maîtres du Thrash: on reconnaît parfaitement les hurlements de Araya, les riffs rapides de King, et la batterie au son sec et naturel déjà entendue sur « WORLD PAINTED BLOOD » et dont ce type de production avait été utilisée plus avant sur « ST ANGER » de METALLICA et qui pour ma part n'est pas du plus bel effet car les chansons manquent de contour. De plus, le manque de sonorité de la basse fait que cela manque de volume. Le morceau est simple et n'offre pas de réelle évolution avec ce que l'on connaît déjà: SLAYER se suit et se ressemble avec des solos endiablés menés à la perfection par le duo King/Holt, le rythme restant égal à lui-même pendant 3'19'' ! C'est brutal, agressif, c'est SLAYER !

« TAKE CONTROL » attaque avec la même trempe: riffs de King et Holt et blasts de Bostaph rapides, hurlements d'Araya, le morceau est agressif et maintient un rythme soutenu sur 3'10'' solos inclus. SLAYER n'a jamais été spécialiste des compositions de longues durées ! Avec « VICES » on entre dans une partie de l'album plus lourde, plus sèche, plus sombre. Chaque membre du combo joue plus lentement et Araya chante même !! 1'44'', changement de rythme et solo du duo King/Holt cependant le rythme n'accélère pas, la guitare s'éclaircie même mais Araya hurle enfin vers la fin !

Place à 40 secondes d'intro pour « CAST THE FIRST STONE », à la guitare seule au départ et la batterie ensuite, c'est lent puis le quatuor au complet entre en scène pour adopter un rythme heavy tout en restant sombre. 2'05': changement de rythme significatif mais ça n'embraye pas ! SLAYER reste sur son thème sans accélération qui pourtant aurait été bien placée. L'obscurité heavy du morceau reprend sa place et se termine ainsi.

On continue et on recommence avec une intro très « light » pour « WHEN THE STILLNESS COMES » à la guitare et la cymbale...1 minute !!!! Le reste de l'équipe se met en place avec un jeu tout aussi lent et peu entrainant autour d'une composition simpliste. Le titre est peu emballant ! Heureusement qu'Araya a encore de la voix pour apporter la touche d'agressivité pour laquelle SLAYER s'est taillée une réputation et a influencé tant de groupes de Métal. 3'55'' enfin ça pulse un peu mais il ne reste que 25''...

La suite est plus prometteuse, « CHASING DEATH », avec une intro plus accrocheuse et plus courte ! C'est heavy, pas thrashy mais rythmé, Araya hurle et la rythmique plus complexe, le solo distordu ; le morceau est bien construit, changeant et nous emmène ainsi sur 3'44''.

« IMPLODE » reprend ce rythme heavy accrocheur...48 secondes seulement...les guitares s'emballent, les blasts de Bostaph aussi, laissant place à une composition thrash comme SLAYER sait le faire. C'est simple mais ça envoie. Le morceau est inspiré et varié, les solos toujours aussi magiques et les hurlements d'Araya bien placés. Le tempo est maintenu sans fausses notes ni faiblesse sur 3'48'' mais n'insufflera pas la même énergie à « PIANO WIRE » qui restera lent aux riffs simples tout autant que les blasts de Bostaph exceptés pendant 33'' sur lesquelles King s'impose d'un solo magique qui pour autant ne fera pas varié le thème de la composition.

« ATROCITY VENDOR » embraye avec un rythme punk sauce SLAYER, style emprunté à l'album de reprises « UNDISPUTED ATTITUDE » sûrement en hommage à HANNEMAN qui était l'influence punk du groupe. C'est rapide, ça ne dure pas longtemps (2'54'') mais suffisamment pour y placer un solo d'enfer et les hurlements qui vont avec.

On revient sur le style « REPENTLESS » avec l'avant dernier titre « YOU AGAINST YOU » avec un style plus rapide, moins sombre et plus agressif que les titres précédents. Les guitares au son de tronçonneuse de King et Holt sont rapides et complémentaires. Bostaph tient le rythme avec ses blasts soutenus avec la présence de l'alternance des solos des deux gratteux par deux fois et clôturant ainsi le morceau.

Sans transition nous débarquons sur « PRIDE IN PREJUDICE » qui nous ramène dans l'obscurité avec une composition plus complexe du jeu de batterie, la rythmique est plus simple et très accrocheuse, le son est gras, et taille comme un bistouri. La présence du solo distordu accentue cet effet sombre et Bostaph use plus de sa double caisse pour y participer. 3'21'': le rythme s'accélère sans prévenir, c'est surprenant et du plus bel effet pour finir en larsen.

A la fin de l'écoute, de la réécoute et plus encore, je reste mitigé sur l'appréciation de ce dernier opus qui a du bon voire du très bon et du moins bon. Il est clair que l'on ressent le manque d'HANNEMAN et c'est légitime, imposant de fait un changement de line-up. De plus, SLAYER a fait le choix de travailler avec un nouveau label pour cet album mettant ainsi fin à 28 ans de collaboration avec Rick RUBIN. On ressent la souffrance du groupe dans la plupart des morceaux qui sont noirs, cependant on ressent aussi le manque d'inspiration du quatuor californien car il n'y a rien de vraiment novateur sur ces 12 titres.

A moins que cet opus ne marque la fin d'un « REIGN... », laissons à nos thrasheux préférés le temps de prendre leur marque dans cette nouvelle formation et de retrouver l'inspiration qui a fait de SLAYER un groupe incontournable et très certainement l'un des groupes les plus influents de la scène Métal.