L’Australie…niveau musique, le premier réflexe, pour le pékin moyen c’est de penser illico à AC/DC…ou alors à INXS (et encore, à leur évocation, j’en vois au fond parmi les plus jeunes qui plissent le front : « Qui ça ? »). Les écolos de tous bords auront Midnight Oil en tête. Les gens un tantinet avertis en rock (le VRAI rock, hein…) sauront citer Rose Tattoo, The Angels, Airbourne (obligé). Les plus pointus auront une pensée émue pour des formations un tantinet moins hard rock, comme les excellent NoiseWorks (dont l’album « Touch » avait rappelé au monde qu’on savait faire du Big Rock tendance U2 « down under »…et dont le vocaliste Jon Stevens reprit momentanément le micro d’INXS après le décés de Michael Hutchence)
Bref, niveau musique, l’Australie, c'est pas juste la bande des frères Young (ou O’Keefe, question de génération…). C’est aussi un pays où on trouve des p’tits gars comme ceux de DEAD CITY RUINS qui n’en veulent. Des p’tits gars qu’on a pu croiser en France au début des années 2010, que ce soit en tournée des petites salles (souvenir ému d’un passage au défunt « Blue Devils » d’ARRAS) ou en première partie de groupe plus installés comme les (est-il besoin de mettre l’adjectif, on se le demande) excellents AUDREY HORNE.
Déjà à l’époque, les cinq kangourous faisaient la preuve d’une belle énergie sur scène et d’une certaine personnalité. Quelques (centaines de) kilomètres plus tard, et après quelques changement de personnel (au chant, à la basse et à la batterie), le combo, mené par les deux gratteux Tommy Cain et Sean Blanchard, nous pond aujourd’hui son dernier opus : « Shockwave ».
Alors, que doit-on s’attendre à trouver sous le capot de la bête ? Hé bien ma brave dame, si vous penchiez pour un énième ersatz du combo d’Angus et Malcolm, vous en serez pour vos frais ! Car malgré quelques fugaces citations (les « hey hey hey » au poitrail velu de « Preacher »), on va vite quitter cette zone déjà bien arpentée, et ragaillardie (parce que bon, les derniers AC/DC, perso, ça ronronne un tantinet doucement…c’est mon avis et je le partage) par les gaziers de Warnambool (en clair : Airbourne) pour aller taquiner les grands anciens du Hard Rock du début des 70’s.
Parce qu’en termes de riffs, les Ruines de la Cité Morte savent ici nous réciter avec application leur Led Zepp. Il n’est que de se mettre « Blood Moon » dans les esgourdes pour s’en convaincre. Avec « Spiders », on mettra un peu de lourdeur Sabbathienne dans le propos. Enfin, les titres les plus bluesy (« Rain », le sexy « Drifter », « Madness ») évoqueront en filigrane Audioslave ou Tyler Bryant. Parfois, on se surprend à choper des couleurs un chouia country-rock, évoquant le « Blaze of Glory » de Bon Jovi (« Rain », encore une fois). Enfin, le Hard Glam des Gunners vient pointer le bout de son nez durant un « Dog on a Leash » où Steve Walsh se surprend à pasticher Axl Rose.
Bref, pour ce qui est des compos et des atmosphères, le constat est clair : il y a suffisamment de diversité pour ne pas s’embêter à l’écoute de l’album.
Puisqu’on parle du chanteur, on notera que celui-ci fait preuve d’une belle versatilité, étant à l’aise tant dans les feulement graves que dans les notes stratosphériques (le hurlement de « Dog on the leash » renverrait limite Rob « Metal God » Halford à l’EHPAD, sans vouloir offenser…) , et cela sans négliger les intermédiaires. C’est puissant, dynamique, et le travail sur les chœurs est à l’avenant.
La mise en son des arrangements, tout en Les Paul sous overdrive, est homogène et ample, et l’exécution énergique. Les soli vont à l’essentiel : la note juste, la durée nécessaire et suffisante. Pour le Shred échevelé et la branlette, c’est comme pour Sarah Connor : c’est à côté ! (Evidemment, si t’as pas vu « La Cité de la Peur », t’as pas la ref’…tant pis !)
La section rythmique fait admirablement le taf, avec un batteur qui martèle consciencieusement ses fûts, et un bassiste à l’avenant qui sait gonfler ses graves avec une bonne disto quand ça sert le morceau.
On est d’accord, on ne trouvera ici aucune volonté/intention de révolutionner un genre. La volonté, on la trouvera plutôt dans l’envie de balancer une franche rasade d’énergie Rock (« This side of the Dirt », vous m’en direz des nouvelles…), histoire de se changer les idées et de se défouler un bon coup. On se lâche, on ne s’emmerde pas une seconde et on termine l’écoute heureux comme Ulysse (le voyage pénible en moins, ça va de soi).
Comment ça, j’ai pas dit qu’on pouvait foncer se procurer l’album ? Ha parce que c’était pas clair ? Désolé, j’peux plus rien pour toi, là…