SETH, un des groupes piliers du Black Metal, est de retour avec un tout nouvel album intitulé ‘’La Morsure Du Christ’’. Il est la suite directe de ‘’Blessures dans l’âme’’ sorti en 1998 puis reprit en 2019 sous la forme du live album ‘’Les Blessures de l'Âme : XX Ans de Blasphème’’. En hommage au deuxième anniversaire de l’incendie dévastateur de Notre-Dame de Paris, le choix a été fait d’orner la pochette de l’album d’une photo du monument noyé dans les flammes, la flèche prête à tomber. Le visuel est saisissant et je vous invite franchement à prendre quelques secondes pour le regarder !
Au fur et à mesure des années, des pauses et des changements dans le line-up, les productions musicales ont évolué vers du black plus moderne, composé majoritairement de samples et d’un chant clair plus marqué. Ces sept nouveaux titres symbolisent ainsi la renaissance de la véritable genèse du groupe malgré des sons qui restent un peu plus limpides et accessibles qu’autrefois. Nous pouvons pleinement ressentir les inspirations puisées dans le black metal old-school, à l’image de groupes tels que Darkthrone, Gorgoroth ou bien Enslaved.
Les textes rédigés sous forme d’Alexandrins traitent de l’abandon de la foi, de la violence et de la mort. La signification lugubre des paroles est transmise par la voix écorchée de Saint Vincent ; voix qui est d’ailleurs tout à fait chaotique puisque l’on ne peut y repérer ni rythme, ni débit de chant fixe. Le chant est accompagné par des musiciens aux performances incontestables, que ce soit Pierre le Pape au clavier, Heimoth au clavier et à la guitare, Drakhian à la guitare, Esx Vnr à la basse ou Alsvid à la batterie.
Parlons maintenant du titre introductif ‘La Morsure Du Christ’. Porte d’entrée vers l’univers sombre et satanique de SETH, c’est avec un jeu brutal et sans répit que nous y sommes accueillis. Des variations rythmiques très plaisantes sont jouées, mais une en particulier se différencie complètement : la musique y passe d’un rythme très lourd et très rapide à un rythme beaucoup plus lent et plus doux. Bien qu’un calme relatif y prenne place, nous ressentons encore toute la violence des minutes qui l’ont précédé. Finalement, bien qu’il soit le plus court, le morceau au titre éponyme est une mise en bouche parfaite !
Les musiques sont toutes réussies cependant, j’ai une nette préférence pour ‘Hymne au vampire (acte III)’. Suite directe des actes I et II sortis en 1998, cet appel tout-puissant à la dévotion envers ‘l’illustre vampire’ résonne encore vingt-trois ans après. Les trois actes se complètent parfaitement tandis que chacun nous propose une identité sonore unique et puissante. De plus, le morceau rend hommage à Charles Baudelaire en traitant de ‘’l’éternité d’une addiction maudite’’, rappelant ainsi le poème ‘Le Vampire’.
Deux autres titres font également référence à ce poète : ‘Les Océans du Vide’ traite d’une dernière escale inspirée des derniers quatrains du poème ‘Le Voyage’, tandis que ‘Le Triomphe de Lucifer’ reprend l’ardeur rebelle du poème ‘Les Litanies de Satan’.
L’album est une réussite qui nous confirme une fois de plus leur grand talent ! Les sept titres sont dans la continuité parfaite de leurs prédécesseurs et ils présentent d’admirables qualités musicales. Nous pouvons ressentir tout le travail qu’a dû effectuer le groupe afin de mettre en symbiose deux opus séparés de plus d’une vingtaine d’années. Une chose est sûre, son écoute ne laissera aucun auditeur indemne, qu’il soit adepte ou non du black metal.
Grâce à « La Morsure Du Christ », SETH maintient sa place d’honneur sur la scène du black metal international et quelque chose me dit que celle-ci va rester inchangée encore longtemps !