Il n’est pas rare de croiser des metalleux ayant acheté le C.D. d’un groupe, trouvant que la pochette était superbe, sans spécialement connaître ledit groupe, et dans des cas plus extrêmes, sans même avoir une seule idée du sous-genre véhiculé.
C’est prendre un risque, soit l’acquéreur sera enchanté de sa nouvelle trouvaille, soit il déchentera vite, se demandant quel suivi réserver à sa bourde.
Il y a toujours bien un anniversaire à venir pour larguer la patate molle.
Et puis, il y a des groupes qui ont un goût prononcé pour choisir des pochettes véritabelement pourries !!! Il n’est pas rare que le contenu soit en harmonie avec ladite pochette.
Vu qu’il est difficile de faire une science exacte avec bien des choses, on ne peut qu’être surpris de découvrir un magnifique produit, déguisé dans des guenilles cachant bien la valeur dudit produit.
Je nomme ce petit phénomène de surprise : « L’effet Cendrillon ».
C’est le cas du groupe qui nous préoccupe ce jour.
Mais quel manque de goût !!!
D’emblée, je m’adresse aux artistes pour leur suggérer de chercher sur Facebook, ce ne sont pas les artistes qui manquent pour réaliser de très belles couvertures, respectant l’esprit des musiciens commanditaires. Le marketing n’est pas fait pour les chiens, il convient de soigner les productions.
Sortons de ce petit jugement incisif pour poser l’hypothèse que Thermit a opté pour une couverture de grande humilité, de simplicité.
Thermit ?
Le choix du nom du groupe n’est pas mal dans le genre pour se faire porte étendard du métal.
Second postulat : il existe un bon sens de la dérision chez nos artistes.
Entrons dans le vif du sujet.
Thermit, formation Polonaise née en 2009, nous a délivré son premier opus en avril 2016.
Le quintet officie dans le registre Thrash Heavy.
De la formation originelle, il ne reste que les deux guitaristes (Jendras et Mlody) et le batteur, Przydep. Le chanteur arrive en 2010, Trzeszcz (Oh my god, impronoçable).
Fabian s’est occupé de la basse lors de l’enregistrement d’un premier E.P. en 2013.
Nous connaissons la Pologne pour la qualité de certains groupes de Death (Vader, Hate, Decapitated,…), de Black (MGLA, Batushka, Evilfeast, Vesania,…), de Black Death (Behemoth).
J’avoue ne pas avoir en mémoire de groupe culte Polonais en matière de Heavy.
Votre perspicacité vous aura murmuré à l’oreille que le Morbid Domi semble bien moqueur sur ce coup là.
Bon, allez, on écoute « Saints », histoire de nous faire une idée.
« Lady Flame » démarre, en mode Heavy Speed, riffs corrects, un excellent jeu de basse qui me surprend, une batterie assez classique. Mais alors, un chanteur, waw, un bon sang de vocaliste ayant un timbre vachement intéressant. Passée la première surprise, l’on se dit que ce titre n’est pas mal. Un peu Maidenien, efficace, allant à l’essentiel…et puis les riffs de guitare surprennent aussi, consolidant le « ron ron groové » de la 4 cordes. Après 3 minutes, on réalise que c’est même très bien joué et que l’ensemble en jette.
« Zombie Lover » s’enchaîne, partant cette fois dans un bon mode thrashy. Alors là, le groupe démontre une solide technicité. Le batteur éveille mon attention. Le vocaliste montre un tout autre registre au chant mais nous gratifie parfois d’une belle note aigüe.
Ce morceau est génial. La rythmique est soutenue et le tempo bien conduit.
« Perfect Plan » nous montre un chant agressif, une envolée de la basse qui montre une très belle performance technique.
Les riffs volent dans le « méta », les tempos oscillent entre speed et mid.
Ce morceau est excellent et épique à souhait.
Je ne ris déjà plus de « Thermit ». Ils éveillent tout mon respect.
« Smoke & Soot » comporte une base bien rock n’rollisée…en tempo moins rapide et dans un registre bien saccadé à la « Sacred Reich », d’antan. Excellentissime.
« The Story About Bird & Snake » vient se poser en entracte et nous délivre un instrumental à légère distorsion, calme et surprenant par rapport à l’énergie dégagée dans les autres morceaux.
« Fairyland » démarre sur un riff de type légendaire à la « Smoke on the Water » avec une légère teinte doomée pour ensuite glisser dans le mélodique assez raffiné. Un autre registre de chant nous est donné (un peu rock alternatif) avant d’aller vers un timbre A.C./D.Cien. Morceau bien crasseux, bien lourd mais terriblement prenant.
« The Last Meal Of The King » s’enchaîne avec correctitude.
S’en suivra un choc avec le morceau « Louise » qui dans sa construction m’a rappelé « Savatage » mais en plus puissant tout en délivrant un morceau bien inscrit dans l’émotionnel. Chef d’œuvre à écouter de toute urgence. Mais quel tube !!!
« Mr. Two-Face » démarre en trombe et rappelle à lui seul de très beaux moments Helloweeniens tout en gardant cette belle personnalité.
Un beau solo de guitare accentue la bonne dynamique speedée du morceau.
Nous terminons sur le titre « éponyme » qui est monstrueux, il recèle toute la belle technicité du groupe et vous plonge dans un espace plus heavy, hyper épique et grandiose. Les riffs sont superbes et assassins. Ce titre déménage littéralement.
En conclusion, Thermit a sorti un très bon album, montrant tout un panel de sous-genres (Heavy, speed, Thrash) regroupés en un superbe patchwork musical.
Nous passons un très bon moment sur l’album qui est pétulant, dynamique et assez hétérogène mais dans un sens positif.
Je vous exhorte à découvrir ce magnifique chanteur qui possède un niveau remarquable.
Batteur et guitaristes nous montrent un assez bon niveau technique tandis que le bassiste provoque la pure béatitude par la classe de son jeu.
La Pologne possède un bon groupe Heavy, oui, et il s’appelle « Thermit ».
Et vous savez quoi ?
On en redemande.
Vivement le second album.
Très belle découverte de l’année 2016.
Amateurs de beau Heavy, de Thrash varié et de speed bien dosé, foncez sur cet album.
P.S. : La prochaine fois, Messieurs les artistes, pensez à soigner votre pochette pour lui donner les couleurs de votre musique, ce ne sera pas un investissement à perte.