Avant Triptykon il y eut Celtic Frost. Et avant Celtic Frost, il y eut Hellhammer. Le point commun entre ces trois entités ? Un génie artistique nommé Gabriel Fischer qui, plutôt que de s’exposer à la lumière, préféra explorer le monde des ténèbres. Rebaptisé Tom Warrior, l’ange déchu convertit deux disciples à sa doctrine morbide, qui prit la forme d’un metal noir et primitif, célébrant ainsi le triomphe de la mort sur la vie. Sabordé deux ans après sa création, le trio laissa en héritage une poignée de morceaux regroupés en démos et EP, qui inspirèrent nombre de formations death et black metal.
En 2019, désireux de porter sur scène ces vestiges du passé, Saint Thomas s’entoure de nouveaux apôtres et fonde Triumph Of Death, du nom d’une démo parue en juin 1983. Le quatuor s’en va répandre la bonne parole sur de nombreux festivals à travers le monde et conquiert un public de plus en plus fervent. Cette célébration se devait par conséquent d’être immortalisée dans la cire. C’est chose faite avec ''Resurrection Of The Flesh'', premier témoignage live du culte Hellhammer. Enregistrée en trois lieux différents au printemps 2023, cette offrande de douze titres attaque fort dès l’introductif 'The Third Of The Storms (Evoked damnation)'. Deux éléments frappent alors l’oreille.
Premièrement, l’accordage, bien plus grave que sur les démos. Cela confère une assise inédite à des titres qui se distinguaient par leur vélocité et ce côté punk propre aux productions de l’époque. Ce qu’ils perdent en énergie brute, ils le gagnent en puissance maitrisée et en lourdeur. Cela est particulièrement flagrant sur les brûlots 'Messiah' et 'Maniac'. 'Blood Insanity' donne quant à lui l’occasion à Jamie Lee Cussigh de faire rugir sa basse, accentuant le côté pachydermique d’un morceau déjà bien heavy.
Le chant de Tom Warrior constitue le second élément remarquable de ce live. Plus guttural, mais toujours aussi reconnaissable, ce dernier semble provenir des entrailles de la Terre. A l’instar d’un grand cru, la voix du frontman se bonifie avec le temps, en atteste le malsain 'Reaper'. Elle se veut même incantatoire sur le conclusif 'Triumph Of Death', longue pièce épique qui flirte avec le doom.
Si Hellhammer semble bel et bien enterré, remercions son géniteur de l’avoir ressuscité pour quelques shows, le temps d’une communion avec l’un des précurseurs de la scène extrême des années 80.