BLACK FOXXES
Plus d'infos sur BLACK FOXXES
Rock Dépression Pop
Chroniques

Reial
The Effigy
Journaliste (Belgique)

BLACK FOXXES

«Black Foxxes bouleversera votre âme avec ce très bon deuxième album. A ne manquer sous aucun prétexte. »

10 titres
Rock Dépression Pop
Durée: 43 mn
Sortie le 16/03/2018
7801 vues
Les Black Foxxes nous viennent d'Exeter dans le Devon Anglais. Le groupe se compose du bassiste Tristan Jane, du chanteur-guitariste Mark Holley et du batteur Ant Thornton. Ils se décrivent eux-même comme pratiquant une pop dépressive sur des riffs catchy et crunch. En 2014, ils publient un premier e.p. « Pines » qui retient toutes les attentions et leur permet d'enchaîner avec un premier album « I'm Not Well ». Les voici de retour avec un disque nommé Réial, terme islandais qui signifie rage.

Dès les premiers accords de guitares nous comprenons l'aspect dépressif décrit par le groupe. « Breathe » se construit sur deux accords qui nous feront voyager par la détresse exprimée tant par le chant que par la musique. Si il y a une présence dépressive, il faut aussi admettre qu'elle est loin d'être sombre. Au contraire, une certaine luminosité se dégage de la musique du groupe. Nous pouvons oser prononcer le mot beauté pour décrire cette mélodie. A l'inverse « Manic In Me » avec son rythme plus enlevé dégage une accroche plus directe. Plus simple à apprivoiser, le titre reste tout aussi bien construit. Comme entrée en matière Black Foxxes ne pouvait faire mieux que dévoiler les deux facettes qui parsèmeront tout l'album.

Le single « Saela » se rappelle à nous avec un cachet MANIC STREET PREACHERS. La douceur de la voix de Marc n'hésite pas à s'érailler sans jamais faire plus que le nécessaire. La saveur des années 90's du rock british plane sur ce titre mais sera encore plus prégnante sur « The Big Wild » aux accords répétitifs où les jeux de voix sont le point fort pour donner de la variation sur la longueur.

« Oh, It Had To Be You » nous donne un mid tempo expressif passant des moments les plus doux à la désespérance la plus complète. Le jeu de musique dénudé se remplissant en totalité par instant vous fait voyager émotionnellement avec le groupe.
La pédale fuzz est de sortie pour un « JOY » plus enragé. Pas très loin de côtoyer les groupes garages tel MUDHONEY dans ces instants rageurs, les passages mélodiques et calmes nous renvoient à la pop anglaise nous donnant là un contraste assez saisissant. Rajoutons les solos de cuivres et nous obtenons une belle expérience musicale.

Plus traditionnel et plus banal par la même occasion, « Am I Loosing It » reste agréable à l'écoute mais ne laisse pas un souvenir mémorable au contraire d'un « Flower » porté par la basse avant tout, ce qui laisse la possibilité d'incruster de nombreux effets de guitare. La conception du morceau donne la place à Mark pour s'exprimer de toute les manières possibles. Nous avons des doutes lorsqu' il s'emballe quant à savoir si c'est de rage ou de douleur. Encore une très belle interprétation de sa part.

Certains titres dévoilent par avance le contenu. « Take Me Home » raconte d'office le titre lent qu'il est. Seule l'exploitation qui en est faite peut nous surprendre. Et c'est bien le cas quand on ressent un désarroi nous transpercer tout le corps. Loin d'être un banal slow, nous sommes transporté dans une émotion incontrôlable. Alors que l'album touche à sa fin, nous qui pensons repartir sur une note moins bouleversante en sommes à nos frais. « Float On » a beau être un poil plus rapide, il continue la tendance de bouleverser notre âme et remuer nos tripes dans un mélange de malaise et de beauté. On ne ressort pas de cet album avec le même état d'esprit qui était le nôtre quand on l'a abordé, et c'est une très bonne chose.

BLACK FOXXES pour son deuxième album peut se targuer d'une maturité que peu de groupes atteignent à ce niveau de carrière. Loin de se brider, c'est au contraire une mise à nu qui est pratiquée par l'ensemble du groupe. Sous l'aspect pop, le rock dépressif va parfois au bout des limites autorisées par la décence, toujours avec grâce et assez de retenue pour ne pas sombrer dans un cliché quelconque mais avec une franchise indéniable. Un album bouleversant qui ne demande qu'à être apprivoisé et que nous conseillons donc sans limite aucune.