Red Moon Rising
Aldo
Journaliste

ROBERT JON & THE WRECK

«Le Diable se cache dans les détails...»

12 titres
Blues / Country
Durée: 52 mn
Sortie le 28/06/2024
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Chez certains artistes, le Diable se cache dans les détails. Lorsqu’on écoute leurs œuvres, l’impression globale reste celle d’une musique maintes fois entendue, aux schémas harmoniques et aux pulsations souvent usées jusqu’à la corde (à ce titre, le Blues et ses déclinaisons constituent un cas d’école). Cependant, il flotte au sein de chaque morceau un je-ne-sais-quoi de différent, comme un pas de côté qui évite à l’auditeur l’émission d’un « bof » empli d’indiférrence, au profit d’un sourire de contentement. Le syndrôme de la paire de pantoufles qu’on ne peut se résoudre à quitter, en somme…avec juste un chouia de customisation qui la rend unique. Bref, le détail qui fait la différence…

C’est ce que propose Robert Jon et ses épaves, avec sa -déjà- neuvième galette « Red Moon Rising ».
En effet, réaliser que la ville d'origine du groupe -Orange County, Californie- n’est pas à proprement parler le terreau du blues rock et de son demi-frère sudiste, constitue en soi un premier indice. Car à l’écoute de l’album, on est plutôt (à quelques exceptions près) du côté de chez Lynyrd Skynyrd, Molly Hatchet et consorts. Et une fois qu’on a ça dans la tête, l’on comprend mieux certaines choses qui viennent épicer une tambouille somme toute rebattue.

L’on notera tout d’abord (l’influence de la tentaculaire L.A., sans doute, Orange County étant une composante de sa « proche » banlieue) un duo de compositions à la pulsation fortement urbaine : ici un beat funky et tétû (le morceau éponyme), là un soupçon de psychédélisme à coup de fuzz et d’Univibe (« Dragging me down », avec en cadeau bonux un très rapide trait d’orgue rappelant les…Beatles) qui nappe une chanson foncièrement funky soul. Enfin, le premier titre bonus « Rager » s’inscrit également dans cette filiation, avec un riff tenant à la fois des cocottes hendrixiennes, mais aussi de la furie d’un Audioslave -le niveau de saturation revu à la baisse, cela va de soi.
Il y a aussi un tantinet de proto-hard-rock dans la musique du quintet : l’introductif « Stone Cold Killer » rappelle furieusement dans son schéma rythmique et son riff le « Born to be Wild » de Steppenwolf…non sans prendre la précaution de « twister » le refrain par un pas de côté harmonique – un simple accord- qui transfigure la chanson.
On trouve également -et bien évidemment – de la Country dans cet album : ça saute aux yeux avec « Ballad of a Broken Hearted Man », qui ravira les fans de Bon Jovi époque «You Give Love a Bad Name », avec un travail particulier des harmonies, là aussi dans le refrain ; ça s’impose d’évidence avec les plus sudistes « Help Yourself » ou « Hold On ». Ca vient faire coucou, enfin, aux cousins cajuns qui « laissent le bon temps rouler », avec les traits d’accordéon de « Worried Mind » qui vous emmènent direct dans la baie de Galveston pour la pêche à la crevette.

A la manière d’un Blackberry Smoke, Robert Jon and the Wreck vous envoie un peu de cette Amérique qui baigne la musique contemporaine, malgré l’océan géographique et -parfois- culturel qui nous sépare. Mais loin de singer ses collègues, le barbu et ses épaves -qui sont loin d’en être niveau maîtrise instrumentale – épice l’ensemble de ses compositions d’autres approches, d’autres influences qui apportent de la fraîcheur – et par là même le plaisir auditif. En bref, du tout bon !